Corridors et logistique

Conteneurs : les commandes de navires feeders se renforcent

Le courtier de fret Intermodal revient sur les commandes de navires feeders dans son rapport du 21 octobre. Une tendance qui tient à la nouvelle donne des taxes américaines et chinoises.

Les commandes de navires feeders sont en progression au cours des derniers mois, note le courtier de fret Intermodal dans son analyse du 21 octobre. Il constate que « au cours des dernières semaines, la construction de nouveaux feeders s’est accélérée, reflétant la confiance croissante des armateurs et des exploitants dans les fondamentaux à moyen terme du secteur. »

En 2025, 293 feeders en commande

Ainsi, sur les deux premières semaines d’octobre, les armateurs ont passé 16 nouvelles commandes. Une tendance qui confirme la dynamique observée en septembre. En effet, au cours du mois précédent, les chantiers ont reçu 26 commandes. Un niveau de commande élevé puisqu’il faut remonter à juin 2024 pour retrouver un tel engouement. Par ailleurs, depuis le début de l’année, les armateurs ont commandé 157 feeders. Au final, dans les carnets des chantiers, les commandes se montent à 293 navires. Alors, « le ratio entre le carnet de commandes et la flotte est passé d’un niveau historiquement bas de 4,6 % en mars à 7,54 % aujourd’hui », rappelle Intermodal. Cependant, ce ratio demeure plus faible que pour d’autres catégorie comme les navires de 3 000 à 7 900 EVP qui affiche un rapport de 10,8%.

Une catégorie âgée

Or, continue le courtier, l’âge moyen des feeders s’élève à 15,2 ans. La pyramide des âges de cette catégorie est inquiétante. Selon les relevés d’Intermodal, 26% des navires feeders ont plus de 20 ans. De plus, « avec la pression réglementaire croissante, notamment en matière de mesures d’intensité carbone et de contrôle des émissions, bon nombre de ces navires plus anciens seront contraints de quitter le marché au cours des 18 à 24 prochains mois. »

Le système de hub & spoke va développer le commerce intrarégional

Les chiffres reflètent un contexte commercial en mutation. Les taxes sur les navires chinois dans les ports américains et celles des navires américains dans les ports chinois « entraînent des ajustements dans les chaînes logistiques. » Pour le courtier de fret, « si ces droits de douane persistent ou s’intensifient, les flux de marchandises pourraient se déplacer de plus en plus vers d’autres ports et des hubs, notamment en Asie du Sud-Est, en Inde et en Méditerranée. » Un scénario qui signifie de revoir la stratégie par le déploiement de services de feedering en complément des liaisons principales.

Des constructions à voir comme un positionnement stratégique plus que spéculatif

La nouvelle donne issue des taxes américaines et chinoises « créé des conditions favorables à la croissance du commerce intrarégional. L’Asie du Sud-Est, l’Asie du Sud, la Méditerranée et certaines régions d’Afrique devraient connaître une augmentation des volumes de transbordement. » Dans ce contexte, l’essor actuel de la construction de feeders ne doit pas être considéré comme spéculatif. Elle doit être perçue comme un positionnement stratégique. Les armateurs s’assurent des capacités de construction navale limitées et se préparent à répondre à la future demande commerciale régionale.

L’intensification du commerce régional ouvre des perspectives pour les feeders

Dans le même temps, le segment des grands porte-conteneurs digère encore une vague importante de livraisons. Le marché des feeders a souvent fonctionné en dehors de l’attraction gravitationnelle exercée par les navires ultra-larges. « Cette divergence pourrait désormais constituer sa plus grande force », indique Intermodal. Avec le resserrement des fondamentaux, la forte augmentation des commandes et l’intensification prévue du commerce régional, cette catégorie semble prêt à connaître une période de croissance soutenue.