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Conteneurs : les ports français pèsent moins de 10% de parts de marché

Avec 3MEVP au Havre et 1,4 MEVP à Marseille-Fos, les trafics conteneurs des ports français ne dépassent pas les 10% de parts de marché sur leur range.

Les résultats des trafics conteneurs l’attestent. Que ce soit au nord ou au sud, les ports français atteignent difficilement les 10% de parts de marché en 2024. Les réformes dans l’organisation des ports n’ont pas porté les fruits escomptés.

Source: Autorités portuaires (Les chiffres du port d’Anvers-Bruges en 2020 et 2021 sont ceux d’Anvers. À compter de 2022, les données consolident le trafic d’Anvers et de Zeebrugge) © Ports et Corridors

Dunkerque avec la plus forte croissance

Nous avons repris les trafics conteneurs des ports de 2020 à 2024, soit cinq années. Il nous a semblé intéressant de commencer par l’année du Covid pour voir les évolutions depuis la pandémie. En Europe du Nord, nous avons délimité le range de Hambourg au Havre en passant par Rotterdam, Anvers Bremerhaven et Dunkerque. Le premier enseignement à tirer de ces chiffres est à mettre au crédit des deux ports français. Sur la période 2020-2024, le GPM de Dunkerque affiche une croissance de 41% de son volume. Il est passé de 463 000 EVP en 2020 à 653 000 EVP en 2024. Une proportion élevée mais qui signifie une hausse de 190 000 EVP en cinq ans. Cependant, en 2024, le port septentrional affiche une diminution de ses flux.

Le Havre navigue autour des 3 MEVP

Quant au Havre, il progresse sur ces cinq dernières années. Il affiche une croissance de 27% à 3,05 MEVP. Dès la fin de la pandémie, il est revenu à des niveaux de 2017 en dépassant la barre des 3 MEVP. Cependant, le port semble avoir du mal à passer ce cap des 3MEVP. Et dans cette croissance, relativement régulière, il faut mentionner l’année 2023. Les mouvements sociaux de cette année, liés à la réforme des retraites, a eu raison de la tendance des années précédentes. Le port a perdu 15,7% pour retomber à 2,5 MEVP. En 2024, il est revenu à son niveau des 3 MEVP. Un cap qu’il aura certainement du mal à atteindre en 2025 dès lors que les mouvements sociaux s’éternisent.

Des détournements de conteneurs de Rotterdam vers Anvers

Ces bons résultats des ports français sont à mettre en perspective avec ceux de leurs concurrents. Ainsi, le port d’Anvers-Bruges a su tirer son épingle du jeu. Sur les cinq dernières années, il enregistre une croissance de 12,2% à 13,5 MEVP. Au total, cela représente un gain de 1,5 MEVP sur cinq ans. Pour leur part, les deux ports allemands de Hambourg et Bremerhaven enregistrent des diminutions de volume sur ces cinq années. Pour sa part, Hambourg perd 8,2% et affiche chaque année une baisse de ses trafics. Quant à Bremerhaven, il connaît des résultats plus erratiques. Enfin, Rotterdam, premier port européen, garde sa position de leader. Cependant, ces dernières années, il perd des couleurs. Les analystes assurent que des volumes partent vers le port belge. Ainsi, en 2024, l’écart entre Anvers et Rotterdam est de 320 000 EVP. En 2020, il s’établit à environ 3 MEVP.

Rotterdam et Anvers-Bruges pèsent 63%

Ces évolutions de trafic ne changent pas encore le classement des ports selon leur part de marché. Ainsi, Rotterdam conserve la part du lion avec 31,9%. Il est suivi par Anvers-Bruges avec 31,2%. Ces deux ports rassemblent presque les deux tiers du trafic conteneurisé d’Europe du Nord. Quant aux ports français, ils restent à la traîne. Ensemble, ils peinent à atteindre 8,5%. Cependant, sur ces cinq années, ils ont gagné des points. En effet, en 2020, le GPM de Dunkerque et Haropa Port ne totalisaient que 6,7% de parts de marché. Ils ont conquis 1,8 point en cinq ans. Les réformes des ports de 1992 et de 2008 devaient faire des ports français des champions européens. La marche semble plus longue que les initiateurs de ces réformes l’ont imaginé.

Marseille-Fos seul face aux ports conteneurs de Méditerranée

Au sud de l’Europe, la situation est quelque peu différente. En premier lieu, le GPM de Marseille-Fos est seul face à ses concurrents. Il se défend face aux ports espagnols et italiens. Avec une croissance de 10% sur les cinq années, il totalise aujourd’hui 1,4 MEVP. Tout comme ses homologues français de la Manche, le port a subi les effets des mouvements sociaux de 2023.

Source: Autorités portuaires © Ports et Corridors

Les années difficiles des ports espagnols

Nous avons considéré la zone de concurrence de Marseille-Fos comme allant de Valence à Livourne en passant par Barcelone, Gênes et La Spezia. Ainsi, ces différents concurrents peuvent se classer en deux catégories. D’une part, les ports espagnols qui ont connu des années difficiles en 2022 et 2023. Leurs volumes ont baissé. À l’inverse, en 2024, ils enregistrent de fortes progressions. D’autre part, les ports italiens connaissent des évolutions plus contrastées. La Spezia et Livourne connaissent une croissance plus aléatoire.

Le GPM de Marseille-Fos pèse 9,3% de parts de marché dans le conteneur

Quant aux parts de marché, Marseille-Fos se défend avec 9,3% en 2024. Un chiffre qui reste malgré tout en dessous de ses réussites des précédentes années. En effet, les baisses de trafic des ports espagnols en 2023 lui a permis de conserver sa part. Ainsi, en 2023, le GPM de Marseille-Fos affiche 9,6% de parts de marché. Il perd six points par rapport à l’année précédente mais reste à un niveau honorable. Le score de 2024 reste malgré tout dans la moyenne haute du port phocéen.

Barcelone et Valence se partagent la part du lion

Au sud comme au nord, deux ports se partagent la part du Lion. À la différence avec le nord du continent, ces deux ports ont la même nationalité. Valence et Barcelone totalisent à eux deux 60% des volumes. Ces positions en tête du classement n’évoluent guère au cours de ces cinq années. Quant aux ports italiens, ils sont tirés par les bons résultats de Gênes. Le port de Ligurie dispose d’une part de marché du double de celle de Marseille-Fos. Ces différents chiffres pourraient évoluer en 2025. Avec les mouvements sociaux, les organisations professionnelles logistiques alertent sur les détournements de trafic. Lors de la diffusion des résultats portuaires pour 2025, l’analyse des parts de marché montrera les effets réels des mouvements sociaux.