Ports

Discussions de coursives à la SITL

Le Maritime Day de la SITL s’est tenu le 2 avril. Au menu, trois conférences centrées sur les ports.

Le Maritime Day de la SITL s’est tenu le 2 avril. Au programme de cette année, trois conférences centrées sur les ports. La première a présenté le baromètre de perception des chargeurs sur le transport maritime. La deuxième a réuni plusieurs participants autour de la résilience des ports face aux crises et aux changements constatés dans le secteur. La troisième a axé la réflexion sur les corridors multimodaux et plus particulièrement le ferroutage.

Des entreprises issues de la grande distribution et de l’industrie agroalimentaire

Le baromètre de la perception du transport maritime est réalisé par Eurogroup Consulting et l’AUTF. Ce sondage est réalisé auprès d’entreprises dont 51% réalisent plus d’un milliard d’Euros de chiffres d’affaires. « Il s’agit de sociétés d’importation et d’exportation qui viennent principalement du secteur de la distribution, des biens de consommation et de l’industrie agroalimentaire », précise Hind Laghmam, associée à Eurogroup Consulting. Ce baromètre brosse un tableau complet des attentes des chargeurs.

Haropa Port, Dunkerque et Anvers-Bruges

L’édition 2025 de ce baromètre montre que Haropa Port et Dunkerque Port se placent en première et troisième position des portes d’entrée et de sortie du territoire avec, respectivement, 75% et 63%. Cependant, outre les deux ports français, celui d’Anvers-Bruges entre en deuxième place avec 66%. Les choix des chargeurs sont multiples et l’addition des pourcentages est supérieure à 100%. Le GPM de Marseille-Fos occupe la place suivante avec 38%. « Nous remarquons l’entrée dans ce classement de deux ports espagnols, Barcelone et Valence », indique Jean-Michel Garcia, délégué aux affaires internationales de l’AUTF.

Les ports plus apprécié pour les entrées que les exportations

L’étude présentée montre aussi le poids des ports français dans les choix des industriels. Les importations se réalisent à 54% par les ports de l’Hexagone quand les exportations pèsent 44%. « Cela signifie que la majorité des chargeurs trouvent d’autres solutions pour leurs exportations ». Cette satisfaction, qui évolue selon les ports, dispose de marges de progrès. Ainsi, parmi les axes à améliorer les chargeurs indiquent la fluidité du passage portuaire.

Le coût des frais de stationnement plus élevés en France

Des résultats intéressants pour Francis Grimaud, président de l’UMPF (Union maritime des ports de France). Il a rappelé que le rôle de ces organisations est d’accompagner les places portuaires dans leur développement. Regroupant les unions maritimes en France, l’UMPF insiste aussi sur la dimension du coût du passage portuaire. Elle est un élément important de la compétitivité des ports français face à leurs concurrents. Quant à Frédéric Chabasse, vice-président de la commission maritime de l’AUTF, il constate que les ports français s’en sortent bien. En 2024, les conséquences de la crise de la mer Rouge ont apporté leur lot de perturbations. « Les ports français comme leurs concurrents ont connu les mêmes conséquences. Cependant, nous voyons des frais de stationnement plus importants en France que dans d’autres ports étrangers. » Un constat qui se traduit dans le baromètre par 66% des interrogés qui disent avoir modifié leurs choix de ports en raison des blocages et des congestions.

Des crises géopolitiques aux décision politiques des États-Unis

La deuxième conférence a porté sur la résilience des ports face aux changements et aux crises géopolitiques. « Ces crises nous les subissons tous. Notre rôle est avant tout de réduire au mieux leurs effets pour permettre aux opérateurs de continuer à travailler », a indiqué Kris Danaradjou, directeur général adjoint en charge du développement de Haropa Port. Du côté portuaire, Luc Arnouts, vice-président du port d’Anvers-Bruges, dresse le même bilan. Néanmoins, précise-t-il, le port d’Anvers est aussi touché par les taxes américaines sur l’acier. En effet, il réalise une partie importante de son trafic sur ce secteur. Et les deux ports rappellent que face aux crises et aux conséquences, l’offre maritime et intermodale restent des éléments majeurs pour les opérateurs logistiques. Pour pallier aux inconvénients, le vice-président du port belge souligne l’importance de l’innovation à tous les niveaux.

La résilience passa par la fluidité des ports

Du côté des clients, François Daniel, délégué général de TLF Overseas, les ports doivent centrer leur stratégie sur l’offre de services maritimes, la fiabilité, la fluidité, les solutions intermodales et l’efficacité des contrôles phytosanitaires et vétérinaires. Les crises dans le monde maritime et portuaire sont nombreuses. Depuis l’Ever Given bloquant le canal de suez à la mer Rouge en passant par la pandémie et le manque d’eau du canal de Panama, les opérateurs doivent toujours trouver des solutions. Il a aussi rappelé que les mouvements sociaux dans les ports impactent l’activité. « Ce phénomène touche tous les ports du Nord. Cependant, les opérations Ports morts nuisent fortement. Face à ces actions, il faut créer un dispositif de gestion de crise piloté par l’État. Il faut aussi mettre en place un plan de continuité impulsé par les pouvoirs publics. »

Les effets des mouvements sociaux

Le sujet des mouvements sociaux a été repris par Jean-Michel Garcia. Le droit de grève est un droit constitutionnel, rappelle le délégué de l’AUTF. Cependant, « il n’est pas normal de ne pas pouvoir récupérer les marchandises et de payer des frais supplémentaires du fait de la situation. » Un sujet qui a alimenté la discussion puisque les participants se sont étonnés de voir des frais supplémentaires de stationnement dans les terminaux. Une hausse de la facture qui n’est pas de leur ressort.

Le risque de cyberattaques dans les ports

Enfin, Maxence Eyraud, président de France PCS, est revenu sur les risques de cyberattaques. Ils épargnent le marché français mais présentent des risques importants pour le commerce international. Dans ce contexte, France PCS a signé des contrats avec Orange Cyberdefense pour développer un SOC (Security Operations Center) avec Orange Cyberdefense. L’objectif est de proposer des solutions pour protéger les PCS des ports en cas d’attaques. De plus, chaque attaque d’un port sera analysée pour éviter qu’elle ne se décline dans les autres établissements.

Le ferroutage, une solution qui se développe

La troisième conférence s’est concentrée sur le ferroutage comme levier de développement des ports. En effet, dans leur stratégie de décarbonation des modes de transport, le combiné, d’une part, et le ferroutage, plus particulièrement, constituent des alternatives. Un concept que le port de Calais déploie depuis plusieurs années. La construction d’un terminal sur le port permet de charger des remorques directement depuis leur sortie du ferry pour les acheminer vers le sud de la France. Plusieurs lignes existent aujourd’hui vers Perpignan (Le Boulou) et Macon. « Nous regardons désormais vers l’est de l’Europe. Ce système peut se développer sur des destinations comme l’Allemagne, la Pologne ou encore la Roumanie. Un grand nombre de nos clients sont originaires de ces pays et peuvent trouver dans le ferroutage une solution », a indiqué Laurent Devulder, directeur général du port Boulogne Calais.

La pertinence de ce concept à Marseille-Fos

De son côté, le GPM de Marseille-Fos regarde avec attention ce concept. « Nous recevons environ 250 000 remorques chaque année depuis la Corse et le Maghreb », rappelle Amal Louis, directrice du développement et des solutions intermodales au GPM de Marseille-Fos. Le marché est là. Pour assurer de la faisabilité et de la pertinence économique du ferroutage, le GPM a entrepris des études. « Ces études seront remises au second semestre. Nous prendrons une décision en fonction des résultats. »

Brittany Ferries s’ouvre au ferroutage

Le ferroutage ne demeure pas uniquement l’apanage des ports. Brittany Ferries a décidé de se lancer dans l’aventure. L’armement spécialisé dans le Transmanche démarre une ligne entre Cherbourg et Bayonne à partir du mois de mars. « Nous voulons offrir une solution de transport décarbonée entre la Grande-Bretagne et la frontière espagnole. Nous opérons déjà des lignes maritimes mais nous pensons qu’une offre maritime et ferroviaire a sa place », souligne David Mercier, responsable fret France et Benelux de Brittany Ferries.

Offrir des solutions de transport combiné larges

Enfin, Camille Contamine, co-présidente de la commission intermodalité de TLF, a souligné l’importance des offres de transport combiné. Le ferroutage est une solution mais il en existe d’autres. La demande des clients des commissionnaires en transport ne porte pas toujours pour ce type de modèle. Ils demandent surtout à la décarbonation de leur chaîne logistique par du combiné rail/route ou fleuve/route. « Aujourd’hui, nous devons proposer un outil pour faire connaître ces solutions. Dans ce contexte, nous sommes en cours de rédaction d’un guide du transport combiné pour tous les opérateurs logistiques. »