GNV : entre attaque syndicale et cyberattaque
L’armement italien GNV se retrouve au-devant de la scène en raison d’une attaque par la CFE CGC contre le modèle social et d’une menace de cybersécurité.
Côté pile, Grandi Navi Veloci (GNV) continue sa mutation avec l’inauguration d’un nouveau navire propulsé au GNL, le GNV Virgo. Aligné entre Gênes et Palerme, ce navire s’inscrit dans la stratégie de l’armement de décarboner sa flotte. Le côté face est plus sombre. En effet, le 11 décembre, le syndicat CFE CGC des officiers de la marine marchande s’inquiète du développement de l’armement à Sète. Enfin, le 12 décembre, la découverte d’un logiciel espion a conduit à l’ouverture d’une enquête judiciaire en France.
Une attaque contre le modèle social
Ainsi, le 11 décembre, la CFE CGC Marine a écrit au ministre des Transports, à la présidente de la région Occitanie et aux administrations maritimes. Le courrier vise à alerter sur « la situation extrêmement préoccupante, de la desserte de l’Algérie et du Maroc depuis le port de Sète. » Le syndicat s’élève contre le modèle social et fiscal du Registre International Italien en Méditerranée. L’armement GNV est visé avec les dessertes au départ de Sète.
Une menace pour les ligens avec le Maghreb
Le constat est unanime et les risques économiques, sociaux sont bien identifiés sur ces lignes d’intérêt stratégique. Le syndicat a déjà alerté le ministre en début d’année. Il considère que ce régime fait peser une menace notamment pour les lignes avec les pays du Maghreb, « où il y a une carence de régulation sociale puisque les normes du décret « État d’Accueil » ne s’y appliquent pas. » Un courrier qui a été suivi d’effet avec le renforcement de la Task Force Dumping Social.
Un hub de dumping social
Cependant, la CFE CGC s’inquiète de la position de la région Occitanie. Il s’interroge sur la raison qui pousse la région et le port de Sète qui « ne sont pas sensibles à ces risques, et encore moins au rendez-vous des objectifs fixés ? Vos décisions portuaires menacent clairement l’avenir de la flotte française sous pavillon premier registre. » Et, il va plus loin en accusant le port d’être un « hub de dumping social ». Il demande à éviter à la région et son port de devenir « responsable en Méditerranée de ce que l’unanimité des classes politiques françaises et anglaises ont dénoncé avec le modèle social de P&O et Irish Ferries dans le Transmanche… »
Une cyberattaque dans les systèmes du Fantastic
Cette intervention syndicale intervient alors que l’armement a subi une cyberattaque. Une affaire embarrassante que notre confrère Mer et Marine rappelle dans un article. La découverte d’un logiciel espion dans les systèmes informatiques d’un ferry de la compagnie italienne Grandi Navi Veloci (GNV), en escale au port de Sète, a conduit à l’ouverture d’une enquête judiciaire en France et à l’intervention de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Le navire concerné, le Fantastic, a été temporairement immobilisé afin de permettre des investigations techniques approfondies.
L’enquête confiée au parquet de Paris
Selon les premiers éléments de l’enquête, le programme détecté serait assimilable à un outil d’accès à distance (Remote Access Tool), susceptible de permettre une intrusion prolongée dans les réseaux informatiques du navire. Les autorités n’ont pas indiqué qu’une prise de contrôle effective des fonctions nautiques avait été constatée, mais la nature du dispositif a justifié la mobilisation des services spécialisés. L’enquête a été confiée au parquet de Paris, compétent en matière d’atteintes aux systèmes de traitement automatisé de données et de menaces à la sûreté de l’État.
Des perquisitions en Lettonie
Le 12 décembre, deux membres d’équipage, de nationalités lettone et bulgare, ont été interpellés à bord et placés en garde à vue. À l’issue de cette phase, le ressortissant letton a été mis en examen et placé en détention provisoire, notamment pour atteinte à un système informatique en lien avec des intérêts étrangers. Le second marin a été relâché sans poursuites. Dans le prolongement de la procédure, des perquisitions ont été menées en Lettonie, avec l’appui des autorités locales et des mécanismes de coopération judiciaire européenne, confirmant la dimension internationale du dossier. Après levée des scellés et une fois les risques immédiats écartés, le ferry a été autorisé à reprendre son exploitation commerciale.
Montée des menaces de cybersécurité
Au-delà de ce cas, l’affaire s’inscrit dans un contexte de montée des menaces de cybersécurité visant le secteur maritime. La numérisation croissante des navires (systèmes de navigation intégrés, communications satellitaires, automatisation des fonctions de bord) accroît leur exposition aux attaques informatiques. Ces dernières années, plusieurs incidents ont mis en évidence la vulnérabilité des flottes commerciales, qu’il s’agisse d’attaques par rançongiciel ayant perturbé des opérations à grande échelle, de campagnes de phishing ciblées contre des équipages et des armements, ou encore de phénomènes de brouillage et d’usurpation des signaux GPS signalés dans certaines zones maritimes sensibles.

