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GPM la Martinique : les conteneurs pour le marché local se stabilisent

En Martinique, le GPM perd des volumes. Une diminution liée à un événement conjoncturel qui affecte les vracs liquides. Les autres courants gardent le cap. Le port s’engage dans un programme d’investissements pour se préparer au futur Hub Antilles.

Les années se suivent sans se ressembler. Ainsi, le GPM de La Martinique (Martinique Hub Antilles) termine l’année 2024 sur une note négative avec la diminution de 4,1% de ses volumes. « Cette baisse tient essentiellement à un événement conjoncturel qui a marqué les vracs liquides », indique Bruno Mencé, président du directoire du GPM de la Martinique.

Les travaux de maintenance de la raffinerie de la Sara

En effet, en 2024, la raffinerie de la Sara (Société anonyme de la raffinerie des Antilles) a subi des travaux de maintenance. Des opérations qui se sont étalés sur quatre mois. Cet arrêt programmé par la direction du site industriel a eu plusieurs effets. D’une part, les approvisionnements de pétrole brut en 2023 ont augmenté pour anticiper l’arrêt et donc raffiner plus avant l’arrêt. Autre effet induit, l’arrêt technique de la raffinerie a suspendu les livraisons de pétrole brut. Enfin, cette situation a eu pour conséquence de réduire les exportations de produits raffinés.

Les événements exceptionnels de 2024

Ces différents éléments ont donc sensiblement pesé sur les trafics de vracs liquides. Au total, les vracs liquides perdent 17% à 1,07 Mt. Une diminution qui s’accentue sur le pétrole brut qui se réduit de 35% alors que les produits raffinés limitent la baisse. Ainsi, les importations augmentent sans compenser les baisses des exportations. Quant aux importations de fioul pour EDF, elles progressent de 3% tant par les installations du GPM que de celles situées à Bellefontaine au pied de la centrale. Alors, l’année 2024 est à mettre au rang des « événements exceptionnels » pour ce courant. Et pour apporter la preuve qu’il s’agit bien d’un hiatus dans les évolutions structurelles, le tonnage consommé à la pompe par les habitants continue de croître, souligne Bruno Mencé.

La biomasse gagne en volume

Les vracs solides totalisent 370 451 t, en progression de 5%. Cependant, la majorité des composantes de cette catégorie affiche une diminution de volume. La hausse de ces volumes tient à la biomasse, qui gagne 1%, et aux autres vracs solides. Ils correspondent à de nouveaux flux réalisés à l’appontement Reynoird au Robert. Il s’agit de ferraille et de gravillons à hauteur de 56 800 t. Les baisses sont à mettre au passif des céréales, des engrais et du clinker. Le repli des engrais tient aux mauvaises conditions météorologiques que subi l’île ces dernières années. Les producteurs de bananes demandent moins en raison des difficultés qu’ils rencontrent.

La conjoncture du BTP se ressent

Quant au clinker, il se repli de 14% à 102 680 t. « Nous sommes sur une tendance de fond sur ce produit en raison de l’absence de projets d’investissements. » Et, ce qu’il se passe sur le clinker se décline sur le ciment tant en vrac qu’en sac. La filière du bâtiment vit une situation compliquée. Entre les besoins des martiniquais pour se loger et le nombre de logements construits chaque année, le fossé s’agrandi d’années en années. Les mesures prises par le gouvernement pour susciter l’achat de logements ne fonctionne pas. Une crise de ce secteur qui dure depuis plusieurs années sans que l’avenir s’éclaircisse.

Le roulier gagne grâce aux liaisons inter-îles

Enfin, les marchandises diverses s’inscrivent dans une tendance de hausse avec 1,7 Mt, en progression de 4%. Sur le roulier, Martinique Hub Antilles enregistre une amélioration de 9% de son trafic. Ce secteur est dopé par les échanges inter-îles réalisés avec le navire de Ferrymar (filiale du groupe Marfret) entre la Martinique et la Guadeloupe. L’arrivée d’un nouveau navire sur cette ligne, d’une plus grande capacité a suscité un développement des échanges régionaux.

La baisse des flux de voitures neuves

Les volumes réalisés par ce navire compensent les diminutions d’importation de véhicules neufs. Elles perdent 17% en tonnage et 16% en nombre. Une évolution que le président du directoire nuance en rappelant que l’année 2023 a été exceptionnelle. Néanmoins, l’an passé représente une des plus faibles années pour l’importation de voitures sur la dernière décennie. Et puis, localement les concessionnaires sont incertains sur le choix entre véhicule thermique ou électrique ou hybride. D’autant que l’île n’est pas encore aménagée pour accueillir un parc de véhicules électriques conséquent. « C’est une tendance de fond que nous devons analyser », reconnaît Bruno Mencé.

Conteneurs : un trafic stable

Quant aux conteneurs, ils restent stables d’une année sur l’autre. Le GPM de La Martinique a vu son trafic gagner 549 conteneurs et finir l’année avec un volume de 187 666 EVP. La direction du port se satisfait de ces chiffres. D’une part, la part des conteneurs destinée au marché domestique se stabilise. D’autre part, les transbordements gagnent 1% à 28 140 EVP. Seule ombre au tableau, les conteneurs de bananes perdent du poids. Sur l’année, les exportations de bananes perdent 4% à 12 487 EVP. Un score moyen mais qui survient après la diminution de 20% des flux sur les premiers mois. Les producteurs ont fait face à des conditions climatiques exceptionnelles (tempêtes tropicales, inondations sécheresse) et un champignon qui a réduit la production.

Un investissement de 70 M€

Martinique Hub Caraïbe regarde l’avenir avec en ligne de mire le projet de Hub Antilles. Ce projet qui concerne les deux îles des Caraïbes pour adapter les installations portuaires aux navires de plus grande taille mérite un investissement conséquent par les ports. En 2024, le port a déboursé 22 M€ en investissements. En 2025, le budget prévu s’élève à 70 M€. Plusieurs projets sont inscrits au calendrier dont l’allongement du quai et du terre-plein pour le trafic conteneurs. Le quai actuel de 450 m sera allongé de 150 m pour le porter à 600 m. À terme, explique le président du directoire, il sera possible de recevoir deux navires de dernière génération.

Le port anticipe l’arrivée des futurs navires de CMA CGM

Le principal client du port, le groupe CMA CGM va démarrer en septembre ses liaisons avec l’Europe avec des navires de 7 900 EVP. Le quai ne sera pas prêt mais, le port s’organise. Ainsi, outre les installations navales, le port va agrandir l’espace sur le terminal pour y ajouter 25 000 m2. Ensuite, le port investi dans de nouveaux portiques. Ils doivent arriver au mois de juin. Quant aux trois engins actuels, deux seront réhaussés pour être adaptés à la manutention des navires. Le troisième sera ferraillé ou vendu sur le marché de l’occasion. Ainsi, en septembre, Martinique Hub Caraïbe disposera de quatre portiques.


L’activité passagers tangue entre le trafic inter-îles et la croisière

Le trafic de passagers progresse de 1% à 572 309 personnes. Deux tendances se dessinent. D’une part le nombre d’individus sur les navires inter-îles enregistre un record à 173 729, en progression de 8%. « Nous dépassons notre résultat exceptionnel de 2019 », souligne Bruno Mencé. Un trafic dopé pendant les mois d’été mais qui s’est contracté avec les événements contre la vie chère de l’automne. Quant aux passagers pour la croisière, ils sont en baisse de 2% à 398 580. Il est à noter que le nombre de passagers en tête de ligne augmente comparativement à l’année passée. Or, ce sont ces croisiéristes qui apportent une plus grande part à l’économie locale.