Corridors et logistique

GPM La Rochelle : la filière céréalière envisage l’avenir sous de meilleurs auspices

À l’occasion de la Bourse Maritime Agricole de La Rochelle, les opérateurs portuaires de la filière dressent un bilan contrasté pour la campagne en cours. Les perspectives sont plus encourageantes.

Avec une récolte au plus bas des quatre dernières décennies, la filière céréalière a vécu une campagne exceptionnelle. Des deux principaux pôles d’exportation céréalier de France, Rouen et La Rochelle, les opérateurs logistiques rochelais dressent un premier bilan de la situation.

Sica Atlantique termine la campagne à 1,4 Mt

Pour Vincent Poudevigne, directeur général de la Sica Atlantique, l’activité au cours de cette campagne est « à l’image de l’ensemble de la filière française. » Alors, pour le responsable, l’année céréalière se termine sur un volume de 1,4 Mt. Des flux qui se partagent entre le GPM de La Rochelle et le port de Tonnay Charente. Ce dernier réalise un trafic de 85 000 t. « Cela représente une baisse de l’ordre de 35-40 % par rapport à la campagne précédente », confirme Vincent Poudevigne.

Les blés pèsent 53%

Les blés de meunerie représentent 53 % et les blés durs 6 %. Ces deux variétés sont en baisse au profit du maïs, qui a rebondit à 150 000 t, soit une croissance de 10 %. Néanmoins, il précise que cela ne doit pas être perçu comme le signe d’une tendance de fond. Les orges fourragères restent stables avec près de 30 %.

Le Maroc, première destination des pays tiers

En se maintenant à leurs volumes habituels, les destinations européennes et les départements et régions d’outre-mer représentent près de 20 % de l’activité, avec notamment le Portugal, l’Italie. Pour les pays-tiers, les destinations les plus importantes sont le Maroc, qui croit légèrement en valeur absolue à 220 000 t, et le Royaume-Uni. L’Afrique de l’Ouest reste bien présente et il faut noter le retour de la Tunisie. Le contexte géopolitique a également entraîné des conséquences sur les marchés, les rendant extrêmement fluctuants, voire les faisant disparaitre ; c’est le cas de l’Algérie.

Un regain de dynamisme en mars

La campagne a cependant connu un regain de dynamisme en mars. « La fin de campagne céréalière a ainsi bénéficié d’une dynamique encourageante », indique Vincent Poudevigne. Sica Atlantique a bénéficié de la remise en état de la galerie d’ensilage 300. Sinistrée par l’incendie du 10 août 2023, le silo retrouve un outil totalement fonctionnel et des capacités de stockage complètes.

Une récolte marquée par une pluviométrie record

L’autre opérateur céréalier du GPM de La Rochelle, le groupe Soufflet Négoce by Invivo dresse le même constat. « La campagne 2024-2025 a été marquée par la pire récolte céréalière depuis 1983. Du début des semis d’automne en septembre 2023 à la fin de la récolte de maïs en décembre 2024, les aléas climatiques, et particulièrement les pluies ininterrompues, auront fortement marqué cette campagne », indique Jean-François Lépy, directeur général du groupe.

Les exportations, variable d’ajustement

Une baisse de la production qui impacte directement les exportations. « Le poste exportation est ainsi la variable d’ajustement de ces faibles récoltes et l’impact est majeur sur les silos portuaires. » Les terminaux du GPM de La Rochelle ne font pas exception dans ce cadre.  Socomac, filiale de Soufflet Négoce by InVivo, a plutôt bien résisté dans ce contexte grâce à la diversité des services, des produits chargés, mais surtout par le dynamisme commercial.

Un volume de 1,3 Mt

Dans ce contexte, Soufflet Négoce annonce un volume de 1,3 Mt. Il correspond à l’objectif fixé par le groupe. La campagne d’orge de brasserie a battu un record avec plus de 160 000 t. Rare effet bénéfique de l’intense pluviométrie, la campagne de séchage a atteint 60 000 t. Il s’agit d’un volume inédit depuis 2015. Corolaire de cette belle campagne de séchage, le volume maïs est proche des records avec 400 000 t. Des produits qui partent principalement vers l’Espagne. Enfin, la Socomac a battu un record cette année. Elle a chargé son plus gros Panamax en maïs. Une opération qui s’est matérialisée par le transbordement de 69 850 t.

Des volumes satisfaisants pour les orges

La campagne céréalière 2024/2025 est à ranger aux archives. Les regards se tournent vers l’avenir et notamment la campagne 2025-2026. Les premières estimations tablent sur un retour des volumes. Un côté positif contrebalancé par des marchés déprimés. Selon Jean-François Lépy, la campagne céréalière sera précoce. En effet, les orges sont en train d’être moissonnées et les blés vont suivre rapidement. Côté volumes, il semble que les rendements soient corrects. La qualité est en ligne avec les critères brassicoles. Côte blé, il est encore trop tôt pour se prononcer.

L’effet de la politique monétaire américaine

Quant au marché, les incertitudes restent grandes. Les cours restent déprimés et au plus bas. La géopolitique demeure omniprésente par ses impacts sur l’économie mondiale, ce qui rend les prix de céréales très dépendants de la parité euro/dollar. Si le dollar continue sa glissade face aux principales devises (suivant la volonté du président américain), « nous pourrions avoir des prix beaucoup plus bas en euro dans un marché mondial inchangé. »

Vracs agricoles : des résultats satisfaisants

Du côté des vracs agricoles, les résultats sont satisfaisants.  Ainsi, les fertilisants et l’alimentation animale affichent une bonne tenue sur l’année civile. Les premiers demeurent stables quand la seconde augmente. Du côté de l’alimentation animale, la filiale du Groupe Maritime Kuhn et du Groupe Sica Atlantique, EVA, a connu une fluctuation de ses importations tout au long de l’année. Des variations qui n’empêchent pas une croissance de 16,5% des volumes à 120 000 t.

Un trafic de 490 000 t de fertilisants pour Aténa

Dans un contexte agricole français morose, la filiale du groupe Sica Atlantique, Atena, spécialisée dans les fertilisants, garde le cap. Le groupe a importé 490 000 t de fertilisants, indique Sébastien Hamon, directeur Pôles Solides du groupe Sica Atlantique. Un volume qui se réparti à 63% pour les fertilisants azotés et 37 % pour les fertilisants à base de phosphore et potasse. Ils sont en provenance essentiellement de l’Égypte, de l’Algérie et des Pays-Bas.

Les premiers trains de fertilisants déchargés

Outre cette activité, Atena étoffe ses prestations avec le déchargement de trains de fertilisants. Quant à l’ensacheuse Lea, de nombreux travaux ont permis de fiabiliser cette installation et répondre à la demande de conditionnement en big-bags. Cette demande qui progresse permet à l’agriculteur de disposer de sa fertilisation lors des périodes d’épandage, d’optimiser la logistique camions et éviter des retours à vide.