Haropa Port réchauffe la logistique du froid
Haropa Port et le Marché international de Rungis ont signé une convention de partenariat pour développer la logistique du froid.
Entre les ports de l’axe Seine et le Marché international de Rungis existe un lien naturel. « La logistique du froid est d’ores et déjà présente sur notre axe », a rappelé Benoit Rochet, président du directoire d’Haropa Port. Une position confirmée par le président du MIN de Rungis, Stéphane Layani. « Nos concurrents ne se situent pas dans les ports français. Ils sont dans les ports néerlandais. » De ces constats, les deux dirigeants ont signé une charte pour resserrer leurs liens.
Un entrant pour quatre sortant
Sur l’axe Seine, le trafic des conteneurs reefers est déséquilibré. Pour un conteneur qui entre avec des produits de la mer, quatre sortent. Nous avons un déséquilibre qui pèse sur les coûts logistiques », explique Jérôme de Ricqlès, expert maritime chez Upply. Dans ce contexte, les opérateurs doivent batailler pour inciter les armements à approvisionner les ports séquaniens en reefers. La solution ? Charger des reefers comme des conteneurs « dry » pour approvisionner le marché. Ce système, appelé Reefer as Dry, RAD, doit être accepté par les importateurs.
82 000 EVP de produits agroalimentaires
Et pourtant Haropa Port dispose de nombreux atouts. Kris Danaradjou, directeur général adjoint de Haropa Port en charge du développement, rappelle que le port dispose de 2 900 liaisons conteneurs. Les importations conteneurisées de produits agroalimentaires pèsent aujourd’hui 82 000 EVP. Elles proviennent à 41% d’Asie et 17% d’Afrique. 32% par de ces flux se réalisent avec des conteneurs reefers. Il existe donc une pertinence à développer le marché de la logistique sous température dirigée sur l’axe Seine.
Le Sivep, un outil d’attractivité de la place
De plus, sur le site du Havre, le Gepifec (Gestion et Exploitation des Postes d’Inspection Frontalier et d’Entrée Communautaire), filiale du Syndicat des Transitaires du Havre (STH), exploite le poste de contrôle frontalier (PCF). « Il permet de baisser le temps de traitement des dossiers entre 24 h et 48 h maximum », précise Franck Soulé, président du STH. Un outil essentiel pour l’attractivité de la place. Pour aller dans ce sens, les services des Douanes et la DGAL (direction générale de l’alimentation) déploient des outils pour fluidifier le passage portuaire. Ainsi, à titre d’exemple, les opérations de dédouanement s’opèrent avant l’arrivée du conteneur pour éviter les temps d’attente au port. « Si des contrôles physiques sont nécessaires, les opérations se réalisent dans un délai maximum de trois jours », précisent les responsables de la DGAL.
Le statut de LADT bientôt en place
Franck Soulé indique que le statut de LADT (Lieu agréé aux fins de dépôt temporaire) va être ouvert au Havre. Une avancée pour l’optimisation des procédures administratives. Ce statut permet le stockage des marchandises en provenance de pays tiers durant 24 heures à compter de la présentation en douane des marchandises. Le lieu fait l’objet d’un agrément de la douane sur demande de l’opérateur. Enfin, l’exploitant du PCF négocie avec Haropa Port pour une extension du Sivep à l’horizon 2030. L’ambition est de doubler la surface pour le traitement de volumes plus importants.
La dématérialisation pour fluidifier les flux
Ces procédures couplées avec celles mises en place par la Soget dans le cadre de S) One démontrent de la mobilisation de la place pour développer ces flux. « En proposant la dématérialisation des documents, nous offrons une accélération de traitement de la marchandise », assure Laurie Mazurier, directrice commerciale de Soget.
Les coûts ne sont pas le frein
Alors, « l’alignement des planètes est présent. Les freins au développement ne sont pas les coûts. La mère des batailles se joue avec les lignes maritimes », résume Véronique Le Bail, déléguée générale de la CSIF (Chambre Syndicale des Importateurs Français de Fruits et Légumes Frais). Elle appelle à expliquer aux exportateurs des pays tiers à revoir leur position vis-à-vis de la France. « Ces exportateurs considèrent qu’il est plus difficile de passer par les ports français. Il faut tordre le cou à cette idée reçue. D’autant plus qu’elle est propagée par les ports d’Europe du Nord pour attirer le trafic français des fruits et légumes vers leurs installations. »