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Haropa Port : une hausse des trafics en 2024 et des investissements pour 2025

Haropa Port a terminé l’année sur une note positive avec une hausse de 2,4% de ses trafics. Les investissements s’inscrivent dans la même veine.

Dans un contexte économique tendu, Haropa Port a réussi à clore l’exercice 2024 sur une note positive. Les trois ports de Seine (Paris, Le Havre et Rouen) affichent un trafic de 81,19 Mt en 2024, soit une progression de 2,4%. Un score honorable en raison des événements géopolitiques de cette année. En effet, la récolte céréalière 2024 est la plus faible des 40 dernières années. Les menaces des Houthis dans le détroit de Bab el Mandeb ont perturbé les chaînes logistiques. Enfin, en Europe, l’inflation généralisée limite les échanges.

La baisse des vracs liquides liée à l’incendie de la raffinerie de Port Jérôme

Ainsi, ces différents éléments impactent chaque catégorie de trafic. Du côté des vracs liquides, le volume enregistre une baisse de 5,1% à 39,9 Mt. Des flux tirés vers le bas en raison d’une baisse d’acheminement en pétrole brut et de produits raffinés. Pour la direction, cette tendance tient aux incidents techniques survenus dans les raffineries du port. L’incendie du 11 mars dans la raffinerie d’Esso-Exxon-Mobil a réduit l’activité du site pendant plusieurs semaines. Cet incendie intervient dans un contexte économique morose en France. Cependant, la baisse s’explique aussi par une consommation atone. En effet, selon l’Ufip (Union française des industries pétrolières), la consommation de gazole routier et non routier se contracte. Les livraisons de supercarburants sont, pour leur part, en progression.

Les vracs solides impactés par les céréales

Du côté des vracs solides, la tendance n’est guère meilleure. Avec 11,75 Mt, ce courant recule de 7,5% par rapport à 2023. L’explication tient à la situation des céréales. Ces flux représentent environ 60% des vracs solides de Haropa Port avec 7,08 Mt. Des volumes qui dépendent de la récolte. Or, si celle de 2023 s’est avérée plutôt bonne, celle de 2024 tombe à un plancher plus connu depuis 40 ans. Dans ces conditions, « le premier semestre s’est révélé satisfaisant. La seconde moitié de l’année est assez mauvaise », souligne Kris Danaradjou, directeur général adjoint, en charge du développement. Alors, si ce courant ne perd que 4% c’est en raison de la commercialisation des stocks de la campagne 2023/2024 au cours du premier semestre 2024.

Les agrégats souffrent de la situation du BTP

Outre les céréales, les agrégats et matériaux de construction constituent une part importante du trafic de vracs solides. Or, la filière a connu une année compliquée. Le nombre de constructions neuves baisse, la contraction importante de chantiers locaux et la fin de chantiers plombent le secteur. Pour Haropa Port, ce contexte économique a pour conséquence une baisse de 28,4% des trafics de la filière.

Conteneurs : une hausse de 18,7%

Si les vracs reculent, les marchandises diverses connaissent un meilleur sort. Ces trafics permettent au cluster portuaire séquanien d’afficher une année en positif. Avec 3,1 MEVP, Haropa Port se targue d’avoir la plus forte progression des ports du range nord avec une progression de 18,7%. Cependant, ces volumes ne sont qu’un retour au record historique de 2017. En effet, pour la première fois de son histoire, Haropa Port a franchi le cap des 3 MEVP. Alors, les trafics de 2024 sont le rattrapage des différentes crises intervenues au cours de ces dernières années (pandémie, mouvements sociaux, réorganisation des alliances, …).

Un record des transbordements

Pour revenir sur 2024, le trafic conteneurs affiche une hausse des boîtes pleines. Avec 2,5 MEVP, elles progressent de 20%. De plus, les conteneurs pour l’hinterland augmentent de 8,1% à 2,1 MEVP. Quant aux transbordements, ils enregistrent une hausse de 56% à 906 000 EVP. Et la direction d’Haropa Port note que ce volume constitue un record sur les cinq dernières années.

Le roulier performe malgré le marché en baisse

Le roulier constitue un courant important des marchandises diverses. En 2024, il enregistre une hausse de 5,6% de son trafic à 272 563 véhicules. Une performance alors que la filière automobile souffre en France avec une contraction du nombre d’immatriculations. Haropa Port profite d’un effet de report en raison de la saturation des principaux terminaux des ports nord-européens. « En 2024, nous avons livré les véhicules commandés en 2023. La situation sera plus difficile en 2025 en raison de la baisse des commandes », explique le DGA.

200 M€ d’investissements en 2025

Du côté des investissements, Haropa Port continue de faire croître son enveloppe. Après un budget de 149 M€ en 2024, il consacre 200 M€ en 2025. « Les projets inscrits dans les investissements sont au service des flux décarbonés », indique le président du directoire, Christophe Berthelin. Plusieurs projets sont inscrits pour cette année. Cependant, les travaux de la chatière de Port 2000, ceux sur PSMO (Port Seine Métropole Ouest) et l’électrification des quais absorberont la moitié de l’enveloppe sur l’année. Le solde est consacré au maintien des infrastructures existantes. Ainsi, la porte de l’écluse François 1er est programmée. Des travaux qui s’élèvent à 20 M€.

La chatière, élément de la décarbonation

Ainsi, les travaux sur la chatière de Port 2000 continuent. Le chantier nécessite un investissement total de 197 M€. « Il constitue la pierre angulaire de la décarbonation des trafics », rappelle Kris Danaradjou. La chatière permettra aux unités fluviales d’accéder directement aux quais de Port 2000 par tous temps. Actuellement, l’accès aux quais de Port 2000 se réalise sous certaines conditions. L4achèvement de cet ouvrage est prévu pour 2027.

Haropa Port développe les plateformes multimodales

Dans le même état d’esprit de décarbonation des flux, Haropa Port développe le réseau de plate-forme multimodal le long de la Seine. Ainsi, les travaux réalisés sur le site de Bruyères sur Oise par le port et Medlog, filiale de MSC, sont terminés. Le 21 novembre, un convoi fluvial a réalisé la première escale. L’autre grand projet d’Haropa Port vise le site d’Achères. Le PSMO (Port Seine Métropole Ouest) avance. « La phase d’acquisition des terrains est terminée. Nous allons entamer les travaux », annonce Antoine Berbain, directeur général délégué, en charge de la multimodalité.

Gennevilliers : une hausse de 11% des trafics fluviaux

Et le fluvial reste au cœur des ambitions du port. Ainsi, le terminal à conteneurs du port de Gennevilliers réorganise son exploitation. En ouvrant pendant la nuit et certains week-end, le terminal accroît sa capacité. « Nous ne sommes pas saturé sur ce terminal. En 2024, nous enregistrons une progression de 11% de nos trafics. » Fort de ce développement, Haropa Port prévoit déjà une extension du terre-plein pour franchir un nouveau cap.

Électrification des quais : les terminaux à conteneurs dans la ligne de mire

Le troisième axe majeur de la stratégie de décarbonation vise le branchement des navires à quai. Haropa Port poursuit les travaux avec une échéance : raccorder le premier navire de croisières en avril. D’autres étapes suivront avec l’équipement des quais Roger Meunier et Joannès Couvert en 2026. Et le port regarde aussi les terminaux conteneurisés. « Le sujet est en cours d’étude. Il faut dimensionner les besoins et trouver des solutions techniques selon les contraintes », indique la direction.

Salamandre et Eastman abandonnés

En 2024, deux projets ont été annulés. En premier lieu, la société Eastman renonce à son implantation à Port Jérôme. Annoncé en 2022, Eastman devait implanter une usine, en 2025, pour le recyclage de plastiques. Or, un texte européen facilite les importations chinoises dans des conditions économiques plus avantageuses. De plus, le projet Salamandre, d’Engie et de CMA CGM, est rangé aux archives. Face aux coûts trop élevés et au manque de soutien de l’État, selon Engie, Salamandre ne se fera pas. Pour la direction de Haropa Port, le marché trop restreint explique aussi la décision.