Iumi alerte sur les risques liés au transport de véhicules électriques
Le nombre de véhicules électriques transportés par voie maritime augmente chaque année. Face aux sinistres survenus, l’association mondiale des assureurs maritimes, Iumi, alerte sur les risques de ces transports.
Chaque année 20 million de véhicules sont transportés par voie maritime. Le développement de voitures électriques et hybrides croît. En 2023, selon Clarkson, ce sont environ 6 millions de véhicules électriques qui ont été acheminés par ce mode de transport. Or, ces véhicules peuvent provoquer des sinistres majeurs. Des incendies de batteries de ces véhicules se propagent parfois. Le souvenir de sinistres sur des navires comme le Fremantle Highway, le Felicity Ace ou plus récemment le Midas Morning reste en mémoire.
Iumi alerte sur les risques
Face aux risques, Iumi (International Underwriter Marine Insurance, association mondiale des assureurs maritimes) alerte sur les précautions à prendre avant d’embarquer et pendant le transport de ces véhicules. Les batteries de ces matériels sont généralement au lithium-ion. « La sécurité des cathodes de ces batteries varie selon les composés chimiques utilisés. Selon les tests réalisés, les risques diffèrent. » Les constructeurs automobiles prévoient, lors de la construction, des systèmes de gestion qui coupent automatiquement la fourniture d’électricité et isolent ces batteries en cas de danger.
L’emballement thermique constitue un risque
Cependant, malgré toutes les précautions prises, des emballements thermiques peuvent survenir. Ils sont la conséquence de surchauffe, dommage ou surcharge ou un défaut d’origine. Lors de ces emballements, une réaction chimique entraîne une surchauffe de la batterie. « Elle peut entraîner des fumées toxiques et l’émission de gaz inflammables », indique Iumi. Or, cette surchauffe peut se propager aux véhicules à proximité. « Quand ces emballements thermiques surviennent, aucun système d’extinction de l’incendie n’a prouvé son efficacité. Les flammes peuvent être combattues par un moyen traditionnel. Cependant, cela peut ne pas être suffisant pour interrompre ce choc thermique. »
Le niveau de charge, facteur de risques
L’état de la charge apparaît aussi comme un facteur de risques. Le niveau de charge des batteries intervient. Il peut produire une plus grande chaleur, des températures maximales, des flammes et des gaz toxiques. Alors, pour un transport à long cours, Iumi recommande une charge minimale des batteries. « Actuellement, aucune recommandation internationale pour le niveau de charge n’est définie. »
Iumi relativise en raison du faible nombre de véhicules transportés
Néanmoins, le risque reste faible. Iumi estime que le nombre de voitures transportés par voie maritime chaque année atteint 20 million d’unités. Les chiffres fournis par Clarksons Research estiment à environ 29% le nombre de véhicules électriques transportés par maritime, soit 6 millions. Pour les assureurs, les incendies de véhicules électriques sont moins importants en proportion que ceux originaires de voitures thermiques. Néanmoins, l’incendie d’une batterie peut engendrer une propagation de l’incendie et un emballement thermique.
Réduire le temps entre la détection et la confirmation d’un incendie
L’association des assureurs maritimes a donc énuméré un certain nombre de précautions à prendre par les différentes parties. En premier lieu, elle rappelle que le temps entre la détection et la confirmation d’un incendie à bord d’un navire doit être réduit à son maximum. Les dispositifs de détection sophistiqués sont donc recommandés pour prendre les mesures adéquates dès la confirmation de l’incendie.
Activer le système d’extinction avant l’intervention de l’équipage
S’agissant de la lutte contre le feu, Iumi adopte une approche différente selon qu’il s’agisse de navires type PCTC ou des ferries. La mise en œuvre des installations de lutte contre l’incendie doit se faire rapidement. Une procédure qui doit se faire avant l’intervention manuelle de l’équipage. En effet, « il peut être difficile et dangereux d’accéder à l’unité en feu. L’option la plus sûre et la plus efficace consiste à maintenir l’équipage à l’écart des soutes et à déclencher le système fixe. La seule situation dans laquelle la lutte manuelle contre l’incendie doit être poursuivie est celle où il s’agit de sauver des vies et de compléter le système d’extinction fixe. »
Refroidir les cloisons
Pour les Ro-Pax, la séparation des garages incite à activer le système de lutte contre l’incendie et au refroidissement des cloisons. Sur les PCTC, il n’existe que rarement des cloisons. Or, l’introduction de grandes capacités d’eau à bord peut avoir un effet sur la stabilité du navire. « Ce n’est que par temps calme (sans houle ni vagues de vent) qu’il est recommandé d’appliquer localement de petites quantités d’eau. Une mesure à mettre en place parallèlement à l’activation du système fixe de lutte contre l’incendie. » Cependant, cette mesure peut éviter un transfert de chaleur entre les différents ponts des navires.
L’emballement thermique peut se produire malgré l’arrosage
Les systèmes d’extinction d’incendie par arrosage ont démontré leur efficacité. Malgré tout, « les systèmes d’arrosage ne peuvent pas empêcher l’emballement thermique. » Pour les nouveaux navires de type Ro-Pax, les modifications apportées à la convention SOLAS et au Code des systèmes de sécurité incendie (FSS) s’appliqueront. Ils comprennent, notamment, un système fixe de détection et d’alarme incendie, un système de surveillance vidéo efficace et un système fixe d’extinction d’incendie à base d’eau.
Des systèmes de projection de mousse dans les PCTC
Les navires de type PCTC sont équipés d’un double système par CO2 et par projection de mousse. Les assureurs rappellent que l’utilisation du système d’extinction par CO2 permet de lutter efficacement contre les incendies. La difficulté tient à sa mise en œuvre puisque l’équipage doit être rassemblé pour son déploiement. Les PCTC sont aussi équipés d’installations de projection de mousse expansive. Ce dispositif évite la propagation des gaz. Cependant, ils sont complexes à utiliser. Les assureurs rappellent qu’il existe une alternative pour les PCTC. Il s’agit d’un système d’extinction à pulvérisation d’eau à haute pression. Il présente l’avantage d’être refroidissant pour éviter une propagation du risque.
Communiquer pour mesurer les nouveaux risques
Plus généralement, les assureurs appellent les différentes parties prenantes à communiquer entre elles pour adapter les connaissances de chacun en fonction des risques. La construction de nouveaux navires mais aussi les caractéristiques des voitures et leurs spécificités peuvent amener les opérateurs logistiques à prendre en compte les risques. S’agissant de la partie maritime, Iumi rappelle la nécessité de prévoir des programmes de formation des équipages. Or, « à l’heure actuelle, la convention STCW ne traite pas du transport des véhicules électriques et thermiques. »