Corridors et logistique

L’armement ZIM en proie aux appétits allemand et danois

La cession de la compagnie maritime israélienne ZIM suscite des convoitises. D’un côté, les concurrents se montrent intéressés pour reprendre l’armateur. D’un autre côté, des actionnaires militent pour un changement de stratégie.

L’avenir de la compagnie maritime ZIM se joue dans les prochains jours. Hapag Lloyd, Mærsk et MSC ont proposé de reprendre les activités de la compagnie basée à Haïfa. Pour ces groupes, l’acquisition de ZIM permettrait de renforcer leurs positions sur le transpacifique et certaines liaisons Asie–Méditerranée, tout en intégrant un opérateur réputé pour son agilité commerciale. De son côté, la direction générale de la compagnie a aussi fait une offre. Dans le monde armatorial, ce changement d’actionnariat de ZIM entraîne des conséquences. En effet, un rachat par un armateur intégré comme Maersk, MSC ou Hapag‑Lloyd pourrait entraîner à moyen terme une rationalisation des services. Les synergies sur les escales et les lignes régulières peut avoir comme conséquence de relocaliser des services vers des hubs au détriment d’autres ports. À l’inverse, le maintien de ZIM comme acteur indépendant assure, pour l’avenir, une concurrence plus ouverte.

Le rejet de l’offre de la direction générale

Outre ces prises de position, le CEO Eli Glickman et l’armateur Rami Ungar ont proposé une offre de rachat. Le conseil d’administration l’a jugée sous‑évaluée. Elle est rejetée le 10 décembre. Une décision qui intervient alors que le bras de fer s’accentue. En effet, des actionnaires, qualifiés de dissidents par la direction, tentent de semer le doute avant le vote décisif du 26 décembre. Il s’agit d’un groupe d’actionnaires mené par Mor Gemel & Pension, Reading Capital et Sparta 24. Ce groupe a lancé une campagne pour faire élire trois administrateurs concurrents lors de l’assemblée générale du 26 décembre. Il revendique plus de 5% du capital.

Des actionnaires dissidents critiquent la gestion

Ce bloc critique la gestion du conseil. Il plaide pour un dividende exceptionnel beaucoup plus important. Cependant, la distribution de la trésorerie affectera les finances de l’armement. Une stratégie qui mène à un changement d’orientation. En effet, ZIM deviendrait plus agressive à court terme sur les prix et la distribution de cash, mais potentiellement moins robuste financièrement lors du prochain retournement de cycle.

Une lettre de mise en garde aux actionnaires

Dans une lettre du 9 décembre, le conseil de ZIM appelle les actionnaires à voter pour les huit administrateurs sortants et contre les trois candidats dissidents, accusés de ne proposer ni stratégie industrielle alternative ni vision claire pour l’entreprise. La direction souligne que la seule revendication concrète du camp dissident porte sur un dividende exceptionnel jugé dangereux au regard du modèle actuel. Le manque de liquidité pour une compagnie dont une partie importante de la flotte est affrétée présente un risque en cas de marché bas.

Un conseil en mode défense active

Le conseil d’administration a lancé une « revue stratégique ». Elle est confiée à un comité indépendant. Il a mandat d’examiner l’ensemble des alternatives. Elles doivent décider du maintien en bourse à une vente à un industriel ou à un investisseur financier. ZIM met en avant sa transformation depuis l’IPO de 2021 : flotte passée d’environ 70 à 129 navires, capacité en EVP doublée, politique de dividendes généreuse et modèle de flotte très intensif en affrètements donnant une forte flexibilité de déploiement. Le rapport doit intervenir dans les prochaines semaines.