Corridors et logistique

Le Guillaume de Normandie, symbole de la décarbonation de Brittany Ferries

Le 28 mars, Brittany Ferries a présenté le dernier-né de sa flotte, le Guillaume de Normandie. Un navire aux caractéristiques nouvelles qui s’inscrit dans la stratégie de décarbonation.

Le 18 avril, le Guillaume de Normandie effectuera sa première rotation entre Caen et Portsmouth. Ce navire assurera les rotations entre les deux ports avec le Mont Saint Michel. Il est conçu pour répondre aux objectifs de développement de cette ligne.

5 000 unités de fret supplémentaires

En effet, la liaison entre Caen-Ouistreham et Portsmouth assure 50% du trafic passagers de l’armement et 78% du trafic fret. Pour répondre à une demande de moyens de transport plus écologique, Brittany Ferries a adapté sa flotte. Ainsi, le Guillaume de Normandie répond à cette ambition avec un trafic potentiel de 15 000 passagers par an et 5 000 unités de fret supplémentaires sur cette rotation. Ainsi, un garage plus grand permet d’offrir aux clients une capacité fret optimale tout au long de l’année.

Une hybridation entre électricité et GNL

Outre sa plus grande capacité, le navire s’inscrit dans la stratégie du groupe d’offrir des moyens de transport décarbonés. Alors, il propose une propulsion hybride. Elle fonctionne au GNL et à l’électricité. Il est équipé de deux moteurs principaux Wärtsilä de 13 740 kW chacun et de moteurs électriques de propulsion de 4 800 kW alimentés par les batteries. Le Guillaume de Normandie est également équipé de trois groupes électrogènes GNL déployant chacun une puissance de 1 680 kW. Lorsque le courant de quai sera disponible à Portsmouth et à Ouistreham, l’hybridation et la capacité des batteries permettront de se passer des groupes électrogènes à quai.

L’hybridation selon Brittany Ferries

Lors des traversées de nuit, le ferry classique doit naviguer à faible vitesse. Avec deux moteurs, cela signifie que chacun tourne à faible vitesse. Il est donc en surconsommation. L’arrêt d’un des deux moteurs freine le navire. Pour pallier la surconsommation et naviguer à faible vitesse, les ingénieurs de Brittany Ferries ont imaginé un nouveau système. Ainsi, grâce au système intégré à bord du Guillaume de Normandie, à faible et moyenne vitesse, un seul moteur thermique entraîne directement l’hélice à laquelle il est couplé et produit l’électricité nécessaire pour entraîner simultanément la deuxième hélice à l’aide d’un moteur électrique. L’utilisation de l’ensemble de ces systèmes (stockage d’électricité dans les batteries et optimisation du fonctionnement de la propulsion) permet un gain de consommation de carburant, et donc d’émissions atmosphériques, jusqu’à 15% par rapport à un navire classique.

Atteindre le point de meilleur fonctionnement

Ce système permet aussi d’optimiser la consommation des moteurs de propulsion au gaz naturel. Les batteries peuvent servir à ajuster le fonctionnement des moteurs thermiques sur leur régime le plus efficace. Ce point de « meilleur fonctionnement », savoir la plus faible consommation par rapport à la plus grande puissance développée, est généralement atteint lorsque les puissances des moteurs sont élevées. Ainsi, quand la puissance d’un moteur est faible, on peut lui demander de charger les batteries en augmentant sa puissance. L’électricité ainsi stockée sera réutilisée ensuite si apport supplémentaire de puissance est nécessaire.

Demain du biodiesel et du biométhane

Dans ce système hybride, le Guillaume de Normandie est propulsé au GNL. Une énergie qui réduit les émissions de SOx, de Nox et de particules fines. Cependant, le GNL demeure une énergie fossile. Alors, dans sa stratégie de décarbonation, Brittany Ferries envisage de substituer ce carburant par du biodiesel puis du biométhane liquéfié. « Ils sont des carburants à empreinte carbone presque nulle », précise l’armement. Ainsi, plus qu’un navire, le guillaume de Normandie devient un laboratoire de la transition écologique du shipping.