Les organisations professionnelles s’énervent contre les mouvements sociaux dans les ports
Le 24 février, le principal syndicat des ouvriers dockers a annoncé un durcissement des mouvements sociaux dans les ports français. Les détournements de trafic s’amplifient et les organisations professionnelles s’inquiètent de la situation.
Le verbatim utilisé par les organisations professionnelles impliquées dans la logistique portuaire reste encore mesuré face aux mouvements sociaux. Elles s’alertent, s’inquiètent dans leur communication. Pour les opérationnels, le discours est parfois plus véhément.
Les ports voisins affectés par ces mouvements
Pour mémoire, la FNPD CGT annonce plusieurs jours en mars avec quatre heures d’arrêt de travail entre 10h et 16h. De plus, une opération « ports morts » est attendue pendant 72h du 18 mars au 20 mars. Il est encore difficile de recenser les trafics déroutés vers les ports étrangers. D’autant qu’Anvers, Rotterdam et Hambourg souffrent des effets de ces grèves. Ainsi, selon Paul Filleau, directeur maritime de Kintetsu World Express, les terminaux portuaires s’engorgent. Ainsi, Rotterdam affiche un temps d’attente de six jours à l’export et de neuf jours à l’import. Pour sa part, Hambourg vit une congestion avec trois jours d’attente à l’export et deux jours pour les entrées. Des chiffres que le responsable tient des armements.
Une facture de 232 M€ pour le mois de février
Et la situation pourrait encore se tendre avec l’opération « ports morts » de 72h. Les organisations professionnelles commencent à comptabiliser les heures d’arrêt. « Depuis le début de l’année, plus de 300 heures de grève ont déjà été enregistrées, contre 166 heures en 2024. Les répercussions sur l’économie française sont dramatiques », indique un collectif d’organisations de transitaires du Havre, de Rouen, de Marseille et TLF Overseas. Des mouvements qui impactent la facture des produits. Le collectif estime le montant des frais supplémentaires à 232 M€ pour le mois de février. Des surcoûts liés aux frais d’utilisation des conteneurs, du stockage et du réacheminement.
Limiter les surcoûts
Ces organisations constatent un détournement de trafic vers les ports belges, néerlandais et italiens. « La compétitivité des ports français est durablement menacée, car les flux de marchandises mettront plusieurs années à revenir, voire ne reviendront jamais », alertent les organisations professionnelles. Dans ces conditions, elles demandent un « plan de continuité d’activité » en concertation avec tous les opérateurs. De plus, elles souhaitent limiter les surcoûts en demandant une extension des temps de franchise « ou en explorant d’autres solutions. »
La création d’une cellule interministérielle
Une analyse que partage les autres organisations. Ainsi, un communiqué regroupant l’Unim, Armateurs de France, UMPF, l’AUTF, l’AMCF, TLF, Ports de France, la FFPM des pilotes et le Cluster maritime appelle à une action rapide. Elle devient urgente. « Sans action rapide, l’attractivité et la compétitivité des ports français risquent d’être durablement compromises, avec des conséquences irréversibles. La reconquête des trafics détournés pourrait prendre entre 5 et 10 ans, voire ne jamais se réaliser. » Pour trouver une solution, ces organisations souhaitent la création d’une « cellule interministérielle de coordination regroupant nos fédérations professionnelles et les autorités compétentes. » Ce communiqué demande une première réunion. Or, depuis la date de diffusion, le 7 mars, aucune réponse ne vient.
Le Medef demande une stratégie portuaire nationale
Outre les professionnels du transport et de la logistique, le Medef s’invite dans ces appels. Il rappelle « l’importance cruciale de préserver l’attractivité des ports français. » L’organisation patronale demande une « vraie réflexion sur la stratégie nationale portuaire. Il est impératif de renforcer la résilience et la compétitivité de nos ports face aux défis contemporains, notamment en intégrant les enjeux de flexibilité, de gestion des crises et d’innovation. »
La politique de l’autruche
Des cris d’alarme auxquels le gouvernement semble sourd. Les promesses faites il y a plus de 18 mois restent lettre morte. Et l’agacement prend une tournure particulière. Certains opérateurs expliquent, « sans comprendre », ajoutent-ils, l’attitude de la FNPD CGT. Du côté de Philippe Tabarot, ministre délégué chargé des Transports, ni fumée blanche ni fumée noire ne sort. Est-ce de l’autisme, de la surdité ou simplement une stratégie politique que de faire l’autruche ?