Nador West Med confirme la position du Maroc dans la logistique portuaire
Le projet du port de Nador West Med, situé à proximité de Melilla, confirme la position du Maroc à devenir un hub logistique et portuaire sur le détroit de Gibraltar.
Les travaux avancent à grand pas sur la rive sud du détroit de Gibraltar. Le port de Nador West Med, situé à environ 350 km à l’est de Tanger, s’inscrit dans la stratégie du royaume chérifien de développer l’économie portuaire et logistique. Selon les dernières informations, le port doit ouvrir ses portes en fin d’année 2026, soit dans environ 16 mois.
Un projet qui intègre les vracs liquides
Et Nador West Med se distingue de Tanger Med par son projet. En effet, le port prévoit de devenir un hub pour les hydrocarbures et notamment le gaz. Dans son projet, la société créée pour la construction et la gestion de ce port prévoit la création de trois postes à quai pour le terminal pétrolier et gazier. En outre, le futur port disposera d’un terminal charbonnier, d’un terminal pour les marchandises conventionnelles et d’un poste pour traiter le trafic roulier. Des installations qui seront complétées par un terminal à conteneurs d’une capacité de 3,5 MEVP à 5 MEVP.
L’agrandissement du terminal à conteneurs avancé
Dans un entretien avec l’agence MAP (Maghreb Arabe Press) en juillet, Aziz Yahya, coordinateur des études et des travaux du projet du port Nador West Med, a expliqué que ce projet repose sur trois phases. Il a précisé que « la première phase, portant sur l’infrastructure de base, est achevée. Nous réalisons les superstructures. Nous installons les équipements essentiels en vue du démarrage de l’activité commerciale à la fin de l’année prochaine. » Les deux autres phases sont « en cours de planification pour être exécutées ultérieurement. » Ainsi, l’élargissement du quai ouest, destiné au trafic conteneurisé, est avancé. Il était initialement prévu quatre ou cinq ans après la mise en service du port.
Les conséquences d’un déséquilibre concurrentiel
Pour les européens, ce port constitue une nouvelle épine en Méditerranée. Le site La Relève rappelle la position du président de l’autorité portuaire d’Algésiras. Il met « en garde contre les conséquences de ces déséquilibres concurrentiels. Celui qui contrôle les opérations de transit contrôle les chaînes d’approvisionnement mondiales. Il a réitéré la nécessité pour l’Espagne d’investir massivement dans ses infrastructures, notamment dans la ligne ferroviaire vers Saragosse et l’amélioration des grands axes routiers. »
Nador West Med dans la liste des ports de l’EU ETS ?
Et le Maroc bénéficie d’un atout de taille depuis l’entrée en vigueur de la taxe carbone européenne (EU ETS). Les armements qui transbordent leurs marchandises dans un port marocain avant de les expédier vers l’Europe réduisent le coût de cette taxe. Un coût qui peut rapidement représenter des montants importants. Ainsi, dans son rapport annuel pour 2024, Hapag Lloyd estime le montant de cette taxe à 30 M€ environ à payer avant la fin du mois de septembre. Alors, en disposant d’un hub de l’autre côté des portes de l’Europe, les armateurs calculent. Entre le coût de l’ETS et celui du transbordement, la seconde solution est parfois plus avantageuse. Face à cette situation l’UE a décidé d’inscrire Tanger Med dans la liste des ports intégrés dans l’EU ETS. Une décision qui place le port marocain au même titre que les ports européens.
Des prêts accordés par la BERD
Pour le Maroc ce projet confirme sa volonté de développer sa logistique portuaire. Le Royaume a d’ailleurs inscrit le développement de cette filière en haut de sa liste. Pour attirer les investisseurs, il a créé une société indépendante pour la construction et la gestion de ce port. Et le pari semble gagner. Ainsi, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement a accordé un nouveau prêt au Maroc de 110 M€. Une enveloppe qui vient s’ajouter aux précédentes. De 2015 à 2022, la BERD a consenti environ 200 M€ de prêt au Maroc pour ce projet, indique le site La Relève.
Les investisseurs privés sont sur les rangs
Outre les institutions européennes, les armements semblent aussi voir dans ce port un eldorado. Parmi les investisseurs au terminal à conteneurs se retrouve le groupe marocain Marsa Maroc associé avec CMA CGM mais aussi le groupe MSC. Le port de Nador West Med pourrait aussi attirer des investisseurs européens ou d’autres continents pour les terminaux d’hydrocarbures, de GNL ou de vracs solides. Les armateurs voient dans ce port une façon de contourner la législation européenne sur la taxe carbone. Ils trouvent aussi, au Maroc, une main d’œuvre moins chère.