Port Anvers-Bruges : un trafic en progression de 2,3% en 2024
Le port d’Anvers-Bruges a réalisé un trafic de 277,7 Mt en 2024, soit une progression de 2,3% par rapport à 2023. Une hausse tirée notamment par les conteneurs.
En 2024, le port d’Anvers-Bruges retrouve des couleurs. Avec une hausse de son trafic total de 2,3% à 277,7 Mt, il reprend sa courbe ascendante. Cependant, il n’a pas réussi à gommer les effets de la baisse de 5,5% de 2023. En effet, il perd 3,3% par rapport à son score de 2022. Pour mémoire cette année-là, le port d’Anvers-Bruges a réalisé un trafic de 287 Mt.
Une progression de 5,2% à Zeebrugge
Pour voir le verre à moitié plein, le port belge termine 2024 malgré tout sur une note positive. « Cette hausse intervient après deux années difficiles, a rappelé Jacques Vandermeiren, président du port. Ce résultat reflète l’intérêt pour les deux ports d’Anvers et de Zeebrugge d’avoir fusionné. Effectivement, le trafic enregistre une croissance plus forte (5,2%) sur le site de Zeebrugge. »
La bonne tenue des sorties de vracs secs
L’analyse par courants montre une bonne tenue des vracs secs. Ainsi, avec une progression de 1,4% à 15 Mt, cette catégorie bénéficie de la bonne tenue des sorties qui compensent les entrées. Les engrais jouent le rôle de moteur de ces trafics. Ils augmentent de 22,9% en 2024. Ce retour à la croissance de ces flux fait suite à deux années de baisse. De plus, les ferrailles, les produits métallurgiques et les matériaux de construction enregistrent aussi un bon score. Ces hausses de trafic sont nuancées par la baisse de 35,4% du charbon. Cette filière continue de faire les frais de la politique environnementale en Europe.
Le repli des vracs liquides
Du côté des vracs liquides, la situation est moins réjouissante. Dans ce secteur, le port d’Anvers-Bruges accuse un repli de 5,8% à 83,6 Mt. Deux produits tirent vers le bas ce courant. Ainsi, les carburants ont souffert d’une demande moindre. Par ailleurs, les stocks élevés présents dans les ports n’ont pas incité les négociants à alimenter le marché. De plus, le GNL voit son marché se réorienter. En effet, le port de Zeebrugge a longtemps joué un rôle majeur dans les approvisionnements en GNL de l’Allemagne. Or, avec la mise en place de FSRU dans les ports allemands, le GNL pour l’Allemagne se dirige vers les ports nationaux au détriment de celui de Zeebrugge. Enfin, les produits chimiques inversent cette tendance avec une progression de 14,8%. Cette filière connaît un dynamisme tiré par la demande en biocarburants. Les produits chimiques de base restent orientés à la hausse et ce, « malgré la compétitivité du secteur toujours sous pression. »
Une année de croissance pour les fers et les aciers
Enfin, la catégorie des marchandises diverses demeure à son niveau de 2023 avec 10 Mt. Un secteur qui est particulièrement touché par les vicissitudes géopolitiques. Cette stabilité est le fruit d’un équilibre entre la hausse des exportations et la baisse des entrées. Du côté des augmentations se retrouvent les fers et les aciers, trafic majeur du cluster portuaire belge. Cette filière enregistre une progression de 3,8% des exportations notamment vers les États-Unis et le Mexique. Cependant, les récentes décisions de Donald Trump sur l’imposition de nouvelles taxes pourrait changer la donne dans les prochaines semaines. Ces fers et aciers sont avant tout destinés à l’industrie automobile et à la construction.
Roulier : l’impact de la crise européenne de l’automobile
Du côté des mauvaises nouvelles, les produits forestiers, comme le bois, le papier et la cellulose perdent des volumes. Des diminutions que les trafics de fruits compensent avec une progression de 17%. Dans cette catégorie se retrouve aussi les flux automobiles. Globalement, cette filière accuse un repli de 3,4% à 20,3 Mt. Une baisse liée à un marché automobile européen en pleine restructuration. La demande de véhicules neufs en Europe se stabilise alors que les stocks sont pleins. Quant au trafic de véhicules d’occasion, dirigée vers les pays en développement, il tend à se tarir en raison de la restructuration du marché local. Le trafic de remorques non accompagnées augmente grâce aux flux sur l’Irlande, la Scandinavie et la péninsule ibérique. En effet, les volumes sur le Royaume-Uni fléchissent.
Conteneurs : une progression après deux années de baisse
Pour finir avec les marchandises diverses, le trafic conteneurisé reprend des couleurs. En 2024, il enregistre une progression tant en tonnage (+8,9%) qu’en nombre (+8,1%). Au total, Anvers-Bruges affiche un volume de 13,5 MEVP et de 148,9 Mt. Ce secteur regroupe à lui seul 53% du trafic total du port. Anvers-Bruges joue un double rôle sur le range nord-européen. Il est un port de transbordement mais aussi un port pour les marchés intérieurs. Or, une part non négligeable des trafics inland sont dirigés vers la France. La part du marché français dans les trafics d’Anvers-Bruges est estimée entre 20% à 30% des volumes hors transbordement. Selon des chiffres qui n’ont pu être confirmé, Anvers-Bruges traiterait environ 3 MEVP pour la France, soit la totalité du trafic de Haropa Port.
Des investissements à hauteur de 200 M€
Cette attractivité du port, l’autorité portuaire souhaite la maintenir grâce à des investissements conséquents. « Nous avons investi 3 Md€ en 10 ans. En 2025, nous continuons notre politique avec une enveloppe de 200 M€ », souligne Jacques Vandermeiren. Une somme qui ne prend pas en compte les budgets prévus par les sociétés privées.
Le financement de la transition écologique
Parmi les projets se retrouve le financement de la transition climatique. « Nous ambitionnons de devenir un port climatiquement neutre en 2050 », rappelle le CEO. Pour y parvenir, une des priorités sera d’accentuer la politique d’économie circulaire du port. Détaillée dans la stratégie Next Gen, l’économie circulaire devient concrète. Ainsi, en novembre, le port annonce l’implantation d’une usine pour créer de l’acide lactique à partir de déchets alimentaires. Le port souhaite faire de la zone de l’ancienne usine d’Opel un centre d’innovation en la matière.
Accroître la capacité du port dans la conteneurisation
Du côté des infrastructures, le port renforce sa position sur le range. En offrant un tirant d’eau à 16 m, il s’ouvre à tous les marchés. Ainsi, sur le site de Zeebrugge, un navire a pu entrer dans le port avec un tirant d’eau de 16,3 m. En outre, le port réfléchi actuellement à ouvrir de nouvelles capacités pour les trafics conteneurisés. « La conteneurisation continue de croître. Des trafics actuellement traités sur le marché des conventionnelles sont transférées vers le conteneur. Nous devons rester à l’écoute de nos clients et apporter des capacités pour le conteneur », plaide le CEO du port. Outre ce secteur, l’autorité portuaire regarde aussi l’activité de la filière automobile. Face à un besoin de stockage plus important, le terminal roulier d’ICO se développe.