Port Réunion : en 2024, les trafics bénéficient de la progression des transbordements
Port Réunion termine l’année 2024 avec un trafic de 5,9 Mt. Il profite de la hausse de 64% des transbordements. Il prévoit une enveloppe de 35M€ pour réorganiser le port et créer une nouvelle zone industrialo-portuaire.
Port Réunion enregistre une progression de 14% de ses trafics à 5,9 Mt. « Une bonne année, confirme Gilles Ham Chou Chong, directeur général adjoint de Port Réunion. Un taux de progression élevé par rapport à 2023 qui a été une année de forte baisse. Comparativement à 2022, nous sommes en hausse de 4%. Il s’agit d’une croissance normale. »
Les pellets de bois doublent leur volume
Cette hausse de trafic se décline dans la majorité des courants. Ainsi, les vracs solides gagnent 7% à 1,04 Mt. Ce secteur est tiré par le retour en force des trafics de sucre. Ils s’établissent à 62 174 t, soit en augmentation de 47% par rapport à 2023. Cependant, note le directeur général adjoint, les expéditions de sucre ne retrouvent pas leur niveau de 2022 de 78 772 t. Autre filière en augmentation, les pellets de bois représentent 50,3% de ce courant à 524 574 t. En 2024, ils ont quasiment doublé de volume. La Réunion mène tambour battant sa transition énergétique. La Réunion a remplacé le charbon et le fioul par les pellets de bois et la biomasse liquide. Quant aux produits liés au BTP, ils souffrent du manque de chantiers dans l’île. Alors, le ciment se contracte. Le clinker progresse en 2024, « mais cela n’est que l’effet d’un navire décalé de 2023 à 2024 », précise Gilles Ham Chou Chong.
La biomasse liquide pour remplacer le fioul dans la production énergétique
Du côté des vracs liquides, le trafic s’affiche en hausse de 6% à 1,1 Mt. Le gazole représente la plus forte part avec 429 296 t. Un trafic en progression de 6,4% lié aux besoins pour le transport terrestre. Dans le même ordre d’idées, l’essence s’inscrit dans la même tendance avec une progression de 14,7% à 144 667 t. Cependant, le changement du parc automobile local avec de plus en plus de véhicules hybrides pourrait limiter les augmentations dans les prochaines années. Parmi les autres filières en hausse se retrouve la biomasse liquide. Elle est en hausse de 93% à 276 177 t. Destinée à la production électrique des centrales d’Albioma, la biomasse liquide devrait croître dans les prochaines années. Du côté des baisses se retrouve notamment le kérosène qui perd 10,7%. Cette diminution tient au changement d’appareil des compagnies qui desservent l’île. Ces nouveaux appareils sont moins gourmands. Une modification qui pèse sur les flux de kérosène.
La baisse du trafic roulier
Enfin, les marchandises diverses enregistrent des résultats plus contrastés. Les marchandises générales terminent 2024 en retrait de 50% 84 447 t. Une baisse qui se traduit principalement sur les marchandises générales et le roulier. En effet, le nombre de véhicules diminue de 18% à 28 070 unités. Du côté des conteneurs, la situation est plus encourageante. Le trafic augmente de 16% globalement à 376 797 EVP. Le trafic de conteneurs pleins destinés au marché local progresse de 2% à 151 258 EVP.
Conteneurs : une hausse de 64% des transbordements
La réussite de cette année porte sur le trafic des conteneurs en transbordements. Avec 114 699 EVP traités sur les quais de Port Réunion, il croît de 64%. Selon la direction, le port profite de la situation en mer Rouge. Le déroutement des navires par le sud de l’Afrique a amené les armements à consolider le rôle de hub. Ainsi, MSC et le groupe CMA CGM ont augmenté les transbordements. Une situation qui a profité aux ports de la région. Cependant, Port Louis, sur l’île Maurice, rencontre des soucis avec trois des six portiques de son terminal en panne. Alors, les armements ont dérouté une partie de leur trafic à la Réunion.
En 2025, la concurrence sera rude
Pour 2025, ces trafics ne sont pas assurés de rester sur l’île française. D’une part, l’opérateur du terminal de Port Louis a entrepris la réparation de son matériel. Il devrait être entièrement opérationnel dans le courant de l’année. D’autre part, le port de Tamatave (Madagascar) a terminé ses travaux d’agrandissement. Il va se positionner en concurrent. Ensuite, la crise de la mer Rouge semble se résorber. Les armateurs hésitent encore à reprendre la route de Suez sans être assuré de la fin des menaces des Houthis. Enfin, Port Réunion peut bénéficier d’un report de trafic des flux destinés à Durban. La congestion de ce terminal n’est pas en voie de résorption.
Une enveloppe de 35 M€
Port Réunion limite son enveloppe pour les investissements à 35 M€ en 2025. « C’est une année d’observation pour notre port », nous a confié Gilles Ham Chou Chong. Une partie non négligeable de ce budget est destinée à l’achèvement de l’organisation du terminal à conteneurs. Après avoir installé une passerelle pour le branchement des conteneurs reefers en 2024, le port va entreprendre cette année la reconfiguration de cet espace. De plus, il est prévu de réorganiser l’entrée du terminal pour fluidifier les flux de camions.
Une première zone de 20 hectares
L’autre projet du port vise à la création d’une zone industrialo-portuaire. Les travaux d’aménagement démarrent en 2025 pour s’achever en 2026. Elle se situe sur un terrain appartenant au Conseil départemental. Ce développement se réalisera en plusieurs phases. La première concerne une zone de 20 hectares sur les 80 hectares disponibles. Une autre partie de 20 hectares est d’ores et déjà réservée. « Nous avons créé une instance avec les collectivités locales pour gérer les changements de cet espace. » Les 40 hectares restants doivent faire l’objet de décisions ultérieures quant à leur destination.
Organiser le port pour améliorer les transbordements
Le port ambitionne de créer sur cet espace des entrepôts pour faire du groupage et du dégroupage. Elle deviendrait ainsi une plateforme de distribution pour l’île. Elle pourrait aussi être utilisée pour améliorer les transbordements des conteneurs. Port Réunion anticipe l’arrivée de navires plus importants. « Notre limite pour le transbordement est estimée à 200 000 EVP. Or, dès que nous recevrons des navires de taille plus importante, nous pourrions rapidement atteindre notre capacité. Ainsi, nous devons prévoir un espace pour éviter la saturation du terminal », explique le DGA. Depuis 2022, ce flux a augmenté de 29%. Par ailleurs, le marché portuaire actuel du sud de l’océan Indien offre un potentiel de développement à l’île de La Réunion.