Record d’émissions du transport maritime : un signal d’alarme pour la filière portuaire européenne
En novembre, Transport & Environnement publie un rapport sur les émissions de CO2 des navires en 2024. Un niveau élevé jamais atteint. L’organisation non gouvernementale appelle à une action concertée entre toutes les parties de la chaîne logistique portuaire.
Les émissions du transport maritime en Europe ont atteint en 2024 leur plus haut niveau depuis la mise en place du système de surveillance européen. Le constat dressé par Transport & Environnement est sans appel. Cette hausse, paradoxalement enregistrée dans un contexte de ralentissement du commerce, renforce l’urgence d’une action coordonnée entre armateurs, chargeurs et acteurs portuaires.
Une augmentation inédite malgré un commerce en recul
Selon l’analyse des données officielles du système européen MRV publiée par Transport & Environnement (T&E), les émissions du transport maritime en Europe ont augmenté de 13 % en 2024, atteignant un record jamais observé depuis 2018. Cette évolution intervient alors même que les volumes du commerce maritime lié à l’UE étaient en légère baisse. Parmi les causes identifiées, la réorientation des routes maritimes liées aux tensions en mer Rouge a contribué à allonger les distances parcourues.
L’allongement des route et l’augmentation de la vitesse
Les porte-conteneurs ont été les principaux contributeurs à cette hausse, avec une explosion de 46 % de leurs émissions. L’allongement des routes (+18 % en distance moyenne parcourue) et l’augmentation des vitesses opérationnelles (+3 %) expliquent en grande partie cette dérive. T&E rappelle que la vitesse reste le facteur le plus sensible. Une augmentation de 1% de la vitesse signifie une hausse de 3% des émissions.
Régulation carbone : un levier désormais indispensable
Face à ces résultats, T&E souligne l’importance capitale du marché carbone européen (ETS) pour le secteur maritime. En place depuis deux ans, il affiche un taux de conformité remarquable de 99 %, preuve de son applicabilité. Pour l’ONG, la prochaine révision doit être l’occasion d’étendre le dispositif aux navires plus petits afin de garantir une contribution équitable de l’ensemble de la flotte.
Des émissions toujours tirées par les énergies fossiles
Le classement des entreprises les plus émettrices reste dominé par MSC, responsable de 15,6 Mt de CO₂. Grimaldi et Carnival restent les principaux émetteurs dans leurs catégories respectives. Malgré les progrès européens en matière d’énergies renouvelables, les flux de combustibles fossiles importés demeurent élevés. Ils représentent encore 20 % des émissions du transport maritime de l’UE, un niveau comparable à celui de 2018.
Quelles perspectives pour les ports et la chaîne logistique ?
Pour T&E, la réduction durable des émissions passe par deux leviers . Le premier, une moindre dépendance aux fossiles. Le second vise à l’adoption accélérée de carburants zéro émission, notamment ceux produits à base d’hydrogène vert. Ces évolutions auront un impact direct sur les infrastructures portuaires, qui devront accueillir de nouveaux types de carburants, optimiser les escales et intégrer des stratégies d’efficacité énergétique renforcées

