Roulier : les volumes se contractent dans les principaux ports européens
European Car Group analyse l’évolution des trafics de véhicules dans les principaux ports européens en 2024. Le marché baisse globalement avec malgré tout des progressions.
La logistique portuaire reflète la situation économique des filières. Cet adage vaut pour l’automobile. En 2024, la production automobile a perdu 0,5% à 75,5 M d’unités produites. Après les progressions des premières années de la décennie, 2024 marque un palier.
L’entrée de Rostock et Wilhelmshaven
Ce ralentissement économique se répercute dans la logistique portuaire. Dans son analyse des trafics 2024 des ports rouliers européens, European Car Group constate une baisse générale. Les ports qui réalisent plus de 100 000 véhicules chaque année voient leur nombre augmenter. En 2023, 24 ports européens entrent dans le classement. En 2024, ils sont 25 à franchir ce cap. Les ports de Rostock et Wilhelmshaven font leur entrée. Les deux ports ont vu leur trafic progresser de, respectivement, 281% et 66,7%. Du côté des sortants, le port de Wallhamn, en Suède, quitte en raison d’une baisse de 29,9% à 71 797 véhicules.
Les 26 ports perdent 4,9% de leur volume
Trafic des principaux ports rouliers européens (en nombre de véhicules)
Ports | 2024 | Évolution |
Anvers- Bruges | 3 226 000 | -9,4% |
Bremerhaven | 1 370 560 | -21,2% |
Emden | 1 248 651 | -4,0% |
Koper | 884 666 | -3,5% |
Barcelone | 747 866 | -8,6% |
Vigo | 648 966 | 0,3% |
Bristol | 595 000 | -8,5% |
Valence | 579 401 | -9,9% |
Livourne | 485 190 | 3,8% |
Immingham | 408 621 | 10,4% |
Yarimca | 406 983 | 2,7% |
Southampton | 388 849 | -3,6% |
Cuxhaven | 384 000 | 13,9% |
Autoport | 365 066 | 6,1% |
Ford Otosan Yenikoy | 322 879 | 3,8% |
Medway (Sheerness) | 316 926 | 49,2% |
Grimsby | 297 994 | 0,6% |
Haropa (Le Havre) | 272 563 | 5,6% |
Göteborg | 257 000 | -4,6% |
Le Pirée | 247 600 | -22,0% |
Tarragone | 217 795 | -0,2% |
Marseille Fos | 192 390 | -8,2% |
Rostock | 122 000 | 281,3% |
Nantes / Saint-Nazaire | 100 300 | -15,0% |
Wilhelmshaven | 100 000 | 66,7% |
Wallhamn | 71 797 | -29,9% |
Source: European Car Group |
Au total, les ports du classement d’ECG réalisent, en 2024, 14,2 M de véhicules. Un chiffre en retrait de 4,9% par rapport à l’année précédente. Les ports avec le trafic roulier le plus important se retrouvent au nord-est du continent. Anvers-Bruges, Bremerhaven et Emden trustent les premières places. Ces trois ports assurent 40% du volume réalisé par l’ensemble des 26 ports du classement. Cependant, leur trafic s’érode en 2024. Anvers-Bruges recule de 9,4%, Bremerhaven de 21,2% et Emden de 4%. Une tendance qui illustre la situation économique de l’industrie automobile européenne.
Anvers-Bruges au premier rang des ports rouliers
En effet, le port d’Anvers-Bruges fait les frais de la restructuration du marché. Face à une demande stable et des stocks pleins, la logistique automobile se tari. De plus, le port belge subi les effets d’une baisse des véhicules d’occasion. Il a exporté pendant de nombreuses années des véhicules de seconde main sur l’Afrique. Or, le continent tend à disposer d’un parc neuf et plus écologique. Un contexte qui pèse sur les trafics de véhicules d’occasion. La situation se décline aussi sur le port de Bremerhaven et de Emden. Les deux ports allemands reflètent la situation de l’industrie automobile nationale. Face à la concurrence chinoise dans le monde, elle voit ses débouchés naturels perdre du volume.
Haropa Port progresse quand Marseille-Fos et Nantes Saint-Nazaire reculent
Du côté des ports français, l’année 2024 laisse un goût mi-figue mi-raisin. Au chapitre du bilan positif se retrouve Haropa Port. Avec une progression de 5,6%, les terminaux havrais réalisent un trafic de 272563 unités. Pour le responsable roulier du port, Bruno Peisey, la hausse tient au « retour à une situation normale des sociétés de transport routier mais aussi aux premiers navires avec des voitures chinoises de BYD et SAIC. » Quant au GPM de Marseille-Fos et à celui de Nantes Saint-Nazaire, ils évoluent à la baisse. Dans le sud, à Marseille, la baisse tient à la situation du marché. La demande en berne de véhicules neufs et les stocks pleins ralentissent les flux. Quant au port ligérien, il décline de 15% en raison de la contraction du marché du véhicule neuf liée aux conditions de financement moins favorables.
Koper : 60% des flux à l’export
L’analyse du marché par ECG détaille la situation de certains ports. Ainsi, le port de Koper, en Slovénie, entre à la première place des ports méditerranéens. Avec 884 866 véhicules traités en 2024, le port slovène affiche une baisse de 3,5% de son volume. Une diminution qui n’enlève rien à sa place. Il profite des usines automobiles en Europe centrale pour jouer le rôle de porte de sortie vers les marchés de la Méditerranée et de l’Asie. L’originalité de ce port tient à la part plus importante des exportations. Elles pèsent 60%, ce qui est rare dans les ports rouliers européens, note ECG. De plus, le port accueille des trafics de voitures asiatiques (Chine, Japon et Corée du Sud). Ainsi, il joue un rôle majeur dans le sud du continent.
Les ports turcs prennent de l’importance
Dans les autres grands ports méditerranéens, la tendance suit un mouvement négatif, à l’image du GPM de Marseille-Fos. Ainsi, Barcelone, Valence et Tarragone, en Espagne, affichent des résultats négatifs. En Italie, Livourne, seul port du pays à réaliser plus de 100 000 véhicules, les volumes s’améliorent en 2024. Cependant, il s’agit d’un sursaut après une baisse les années précédentes. Enfin, il convient d’intégrer les ports turcs dans ce classement. Yamrica, Autoport, dans la ville de Yeniköy, et Ford Otosan Yenikoy voient tous les trois leurs volumes progresser. Signe d’un mouvement de nearshoring pour l’industrie automobile vers la Turquie ? Les rives de la mer Marmara accueillent depuis de nombreuses années une industrie automobile européenne en recherche de bas coûts salariaux.
Et demain, l’entrée du GPM de Dunkerque ?
Enfin, ce classement ne saurait être exhaustif sans évoquer la situation du GPM de Dunkerque. L’implantation d’un terminal roulier par la filiale de CMA CGM, Ceva pourrait faire entrer le port du nord de la France dans ce classement. Les opérations ont démarré en novembre 2024. Opérant les exportations des véhicules de Renault construits dans le Nord, le terminal roulier de Dunkerque Port assure 40% de son trafic à l’import. Pour Mert Kalyon, directeur des opérations de roulier chez Ceva Logistics, « Dunkerque offre une alternative aux ports belges congestionnés. » L’opérateur dispose d’un agrandissement de son terminal dans les deux à trois prochaines années. Autant d’atouts pour faire entrer le port dans le classement.