Corridors et logistique

Sénalia : l’entreposage sauve les exportations de céréales

Sénalia a présenté ses résultats pour la campagne céréalière 2023/2024. L’entreposage compense la baisse des exportations de céréales.

La diversification des activités sauve l’exercice 23/24 de Sénalia. En effet, d’une part, le manutentionnaire accuse un repli de ses activités d’exportations de céréales. D’autre part, la logistique industrielle et l’entreposage confirme leur dynamisme.

Un chiffre d’affaires en hausse de 13%

Calqué sur la campagne céréalière, l’exercice fiscal de Sénalia s’achève sur une progression de son chiffre d’affaires de 13% à 44,5 M€. De son côté, l’EBE (excédent brut d’exploitation) progresse de 16% à 11,8 M€. Quant au résultat net du groupe, il s’élève à 1,5 M€, en progression de 6%. Ces chiffres financiers montrent la résilience de Sénalia face à l’adversité de la campagne.

Export de céréales : une baisse de 2,8%

Depuis les exportations de céréales, à la logistique industrielle et à la logistique, le groupe Sénalia modifie son visage. Le bilan de l’exercice 23/24 confirme cette tendance. Ainsi, en raison d’une récolte 2023 faible, Sénalia voit ses activités d’exportation de céréales se contracter. Au total, le bilan s’établi à 6,5 Mt traitées, soit une baisse de 2,8%. Une diminution tirée par le retrait de 6,3% des exportations de céréales à 3,8 Mt. La logistique vrac compense partiellement ce recul. Avec 2,6 Mt, cette activité affiche une progression de 2,7%.

Les orges de brasserie perdent 51%

Activité d’origine du groupe, l’export de céréales représente 59% du volume total. La diminution de cette activité se monte à 2,8%. Les expéditions de blé perdent 8% à 2,5 Mt. La qualité de la production française n’a pas permis de s’imposer sur les marchés internationaux. Pour leur part, les orges fourragères affichent une hausse de 30% à 1,1 Mt. Une orientation qui contrebalance la baisse des orges de brasserie. En effet, ces dernières perdent 51% à 189 000 t. Cette réduction est liée aux marchés desservis. Pour mémoire, sur cette campagne les pays européens sont les principaux acheteurs des orges de brasserie. Des trafics réalisés par des navires de plus petite taille ne nécessitant pas le recours aux installations portuaires de Sénalia.

Des origines concentrées sur le nord de la Seine

Ces produits proviennent majoritairement des Hauts de France et de l’Île de France. Cumulées, ces deux régions représentent 2,2 Mt. Des origines qui augmentent sur la campagne.  Le Centre Val de Loire pour 854 000 t. Cette région progresse par rapport à la précédente. Deux régions qui reculent. La Normandie entre pour 699 000 t, un chiffre en baisse. La Bourgogne avec 125 000 t, le Grand Est avec 100 000 t et les Pays de Loire avec 67 000 t affichent des chiffres en diminution.

Les modes massifiés progressent

La hausse de volume depuis le Centre Val de Loire tient à un programme d’acheminement ferroviaire qui s’est intensifié. Et plus globalement, dans les préacheminements, le ferroviaire passe de 10% à 12%. Sur la même dynamique, le fluvial passe de 32% à 36%. Au total, les modes massifiés représentent désormais 48% des acheminements.

La Chine entre pour 35%

Quant aux destinations, elles restent inchangées. La Chine entre pour 35% des flux. Sur le précédent exercice, l’Empire du milieu gagne huit points. Une augmentation qui tient à la croissance de 75% des expéditions d’orges fourragères. Elle est suivie par le Maroc avec 19% et l’Algérie avec 10%. La Mauritanie tient une place importante dans les destinations. Elle entre pour 10% des expéditions. La qualité en protéines de la production française répond au cahier des charges du pays. Les autres pays de destination, le Cameroun, le Mexique, la Colombie, l’Espagne, le Gabon et les États-Unis, complètent la liste.

Le cacao subi les aléas climatiques

Parallèlement à cette activité, la logistique industrielle entre à hauteur de 2,7 Mt manutentionnées dans les installations de Sénalia. La trituration pour Saipol progresse de 1,7% à 1,6 Mt. Sur le site de Lillebonne, les volumes augmentent de 12% à 848 000 t. Une tendance tirée par la hausse de 32% des sorties de drêches et de gluten. L’activité cacao est intimement liée à la production des pays exportateurs. Or, avec des conditions météorologiques défavorables en Afrique de l’Ouest, la production recule. Ainsi, les réceptions de cacao perdent 18,1% à 104 000 t. Quant au sucre, la campagne a démarré plus tard. Avec 31 000 t, l’activité sucre, réalisée avec Terreos, perd 39,2%. Enfin, le stockage et le transit portuaire depuis le site de Bonnières recule de 10,7% à 42 000 t.

Entreposage : une capacité de 8Mt/an

Enfin, la troisième branche de Sénalia, l’entreposage, se porte bien. L’entrepôt Hub2 atteint un taux de remplissage de 100%. L’arrivée de deux nouveaux entrepôts à Rouen, Hub 1 et Hub 3, confirment l’ambition du groupe dans ce secteur. Désormais, Sénalia propose un espace pour le stockage de 90 000 palettes répartis sur 75 000 m2. Il peut traiter 900 000 t de stockage. L’outil est dimensionné pour traiter plus de 8 Mt chaque année.

La campagne actuelle difficile

Après le bilan de la précédente campagne vient le temps de l’exercice présent. D’ores et déjà, le directeur général du groupe, Gilles Kindelberger, averti : « Nous ne serons pas bons cette année. Nous réaliserons environ 1,6 Mt d’export de céréales. » Une seconde année difficile que le groupe pourra passer grâce à des fonds propres de plus de 94 M€. Pour autant, la présence de la France sur l’exportation céréalière reste nécessaire. La concurrence avec les pays de mer Noire, Ukraine, Russie et Roumanie, d’Amérique du Nord et du Sud demeurera. « L’agriculture française doit faire mieux pour garder sa place sur les marchés internationaux », continue le directeur général.

Une offre de logistique en froid positif

Pour la direction de Sénalia, la diversification démontre son intérêt dans les périodes difficiles. L’ouverture vers la logistique a montré son intérêt. La réception de deux nouveaux sites d’entreposage, dont l’un en froid positif, permet d’étoffer l’offre du groupe. Enfin, le projet d’internationalisation de Sénalia est abandonné. Il visait une installation au Qatar. « Les démarches sont trop compliquées sur ce pays », confie Gilles Kindelberger. « Nous n’abandonnons pas cette ouverture. Il faut garder le concept ». Un rôle que le futur directeur général, Philippe Lestrade devra mener à bien.