Ports

Unim : une assemblée générale entre domanialité, baromètre de la manutention et narcotrafic

L’Unim a tenu son assemblée générale au Havre. Louis Jonquière, président de l’organisation patronale, a pu s’adresser au ministre des Transports et au maire de la ville, pour présenter ses principales revendications. Elles tournent autour de sujets comme la domanialité, le social, le baromètre de la manutention et le narcotrafic.

C’est au Havre que l’Unim a rassemblé ses adhérents. Si le port normand s’affiche comme le premier en nombre de conteneurs, il est aussi une ville menée par Édouard Philippe, ancien premier Ministre. Alors, quand Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports, accepte l’invitation, Louis Jonquière, président de l’Unim peut dérouler les revendications de la profession.

L’Unim et l’UPF cherchent des solutions

Et le président de l’organisation patronale a commencé par rappeler que « la manutention portuaire est un secteur stratégique pour la France. » Cependant, « les ports français perdent de leur attractivité face à leurs concurrents », ajoute-t-il. L’industrie portuaire revêt une importance majeure. « Un pays qui ignore ses ports perd de sa souveraineté. » Pourtant, l’Unim, avec l’Union des Ports de France, cherche des solutions pour sortir de l’instabilité sociale dans laquelle vivent les ports. Néanmoins, l’instabilité politique de ces derniers mois ne favorise pas une issue favorable.

La domanialité doit être repensée

La situation actuelle n’empêche pas l’organisation patronale de présenter ses principaux dossiers. Ainsi, la domanialité constitue un dossier à revoir. « Il faut repenser les zones proches des quais pour les activités tournées vers le maritime dans les ports », demande Louis Jonquière. Une vision qui oblige à « repenser » entièrement ce sujet en France. Et derrière ce dossier se dissimule toute une réflexion sur les ports. « Ils doivent acheminer les biens du marché français, » plaide le président de l’Unim. Dans ces conditions, il propose d’instaurer une réflexion générale sur les ports « pour formuler des propositions concrètes. »

Le foncier doit rester public

Des sujets que le maire du Havre et ancien premier Ministre, Édouard Philippe, a repris. Il a rappelé que la politique portuaire passe avant tout par une stratégie industrielle. « Disposer de ports attractifs et compétitifs présente un intérêt pour les industriels. » Revenant sur le dossier de la domanialité, Édouard Philippe souligne que « le foncier doit rester public. Cependant, nous avons besoin de mise à disposition des espaces portuaires « rapidement ». Une « attaque » contre les politiques urbaines qui tendent à revoir la destination « des terrains clés en main pour accueillir les sites industriels ». Un sujet que le ministre des Transports, Philippe Tabarot a élégamment évité.

Social : le gouvernement demande un accord de branche

Autre sujet abordé par les intervenants, la paix sociale. Pour Louis Jonquière, la stabilité sociale dans les ports est un élément essentiel de la compétitivité. Édouard Philippe reste confiant sur la capacité à négocier de l’Unim. « Votre capacité à trouver des solutions intelligentes et durables permettra de trouver des financements. » Et Philippe Tabarot a rappelé que le gouvernement a pris un engagement. Dès lors qu’un accord de branche sera signé, « le gouvernement abondera de 20 M€ par an sur 20 ans pour la pénibilité ».

Le baromètre de la manutention pour des données fiables et harmonisées

L’assemblée générale de l’Unim a permis de présenter le baromètre de la manutention portuaire. Créé en partenariat entre France PCS et l’Unim, ce baromètre doit être un outil fiable, harmoniser et objectif sur l’évolution des trafics. Dans un premier temps, ce baromètre se concentre sur les flux conteneurisés. Ensuite, il s’étendra à d’autres trafics. « Ce baromètre incarne une nouvelle ère pour la logistique portuaire française en s’appuyant sur l’intelligence collective fondée sur la donnée, au service de la performance et de la souveraineté logistique de nos ports », nous a confié Julien Prével, président du GIE France PCS.

Narcotrafic : la nécessité d’un partenariat public/privé

Enfin, l’Unim est revenue sur le narcotrafic et la position des manutentionnaires face à ce fléau. Le phénomène tend à s’amplifier en France. « Nous avons compris que les contrôles ont pour effet de détourner le trafic d’un port vers l’autre », souligne Étienne Blanc, sénateur du Rhône. Alors, pour mobiliser toute la communauté portuaire, une proposition de loi est actuellement en discussion au Parlement. Du côté des ports, les autorités sensibilisent les salariés. Et le président de l’Union des Ports de France, Jean-Pierre Chalus appelle à un partenariat public/privé sur ce sujet pour une lutte plus efficace.

Les manutentionnaires souhaitent une répartition des rôles

Du côté des manutentionnaires, le secteur n’a pas attendu d’avoir un texte. Déjà, les opérateurs de terminaux investissent dans des moyens comme la vidéosurveillance. « Il faut trouver un équilibre entre les actions du privé, celles de l’État tout en assurant une fiabilité des flux », souligne Laurent Paschetta, COO d’Eurofos. Cela passe aussi par une définition claire du rôle de chacun.

Des procédures harmonisées au niveau européen et national

Et Lamia Kerkoudj-Belkaid, déléguée générale de la Feport, a remis les choses en place : « les ports de produisent pas de drogues. Ils sont un lieu de transit. Pour assurer une lutte plus efficace, nous avons besoin de procédures harmonisées au niveau européen et national. » Alors, après le temps législatif s’ouvre celui des décrets d’application. « Ils doivent mettre en musique les aspects opérationnels de ce texte et notamment le financement de la lutte », a souligné Louis Jonquière. Pour le président de l’Unim, cela passe aussi par une direction sous l’égide du SG Mer pour travailler sur ce sujet. Pour sa part, Philippe Tabarot a confirmé le besoin d’action des opérateurs portuaires. « Face à cette menace, il faut coopérer », plaide le ministre.