Vracs secs : un premier semestre balloté au gré des incertitudes
Les résultats financiers des armements opérant dans le vrac sec subissent les effets d’un marché en berne. Les chiffres plongent sur le premier semestre.
Le marché des vracs secs connait des vents contraires. Depuis le début de l’année, la demande s’érode. La conséquence sur les résultats financiers est sans appel. Les armements affichent une baisse de leur volume d’affaires et de leur rentabilité.
Le TCE perd de sa teneur
Notre analyse sur les armements qui publient des résultats semestriels montre une baisse généralisée des chiffres d’affaires. Elle reste modeste pour Diana Shipping avec une diminution de 3,5% et plus conséquente pour Genco Shipping avec 32,2%. Deux facteurs expliquent ce phénomène. D’une part, le Time Charter Equivalent (TCE) perd de sa vigueur. Il représente le montant moyen de l’affrètement des navires par armement. Il diffère selon le type de navires, Capesize, Panamax ou Handysize. Ainsi, Diana Shipping affiche le TCE moyen le plus élevé en raison de la composition de sa flotte avec des navires de plus grande taille. Par ailleurs, les armements révisent leur stratégie selon leurs clients. Ils concentrent les affrétements sur des navires adaptés aux besoins. Alors, au cours du semestre, les armements ont mis fin à de nombreux affrètements.
Armements | CA 2025 | Évolution | Ebitda 2025 | Évolution | TCE 2025 | Évolution |
Star Bulk | 478 058 | -21,9% | 117 916 | -57,3% | 13 034 | -32,9% |
Genco Shipping | 152 208 | -32,2% | 22 213 | -72,8% | 12 750 | -34,8% |
Safe Bulkers | 130 100 | -18,8% | 54 900 | -38,1% | 14 756 | -19,8% |
Diana Shipping | 109 625 | -3,5% | 45 300 | -5,8% | 15 615 | 3,6% |
Le recul du charbon et des minerais de fer
D’autre part, les résultats des armements dépendent du marché des commodités. Or, ces opérateurs sont liés aux échanges de minerais de fer, de charbon, de céréales et des autres produits de vrac. Ainsi, la production sidérurgique chinoise s’essouffle depuis le début de l’année. Alors, la demande chinoise en minerais de fer baisse. Pour le marché des Capesize, la diminution globale de 3% à 4% de ces échanges plombe les résultats. Du côté du charbon, la transition énergétique voulue par un grand nombre d’États pèse. Selon Signal Group, les volumes transportés de charbon affichent un recul de 9,5%. Seuls les échanges mondiaux de céréales se stabilisent. Une stabilité qui cache aussi une bascule des flux. La Chine importe plus du Brésil et délaisse le marché américain.
Les effets de la politique douanière américaine
Par ailleurs, le marché des vracs secs n’a pas échappé aux effets de la politique douanière américaine. La hausse des tarifs douaniers en avril par la Maison blanche créé une incertitude pour les mois à venir. Néanmoins, sur le premier semestre, les premières conséquences se ressentent. Ainsi, les nouvelles taxes sur l’acier chinois réduit la production locale. Par voie de conséquence, les flux de minerais de fer vers la Chine se tarissent. La situation pour le charbon suit cette tendance. Quant aux céréales, les tarifs redessinent les courants commerciaux. L’Empire du milieu restreint son activité aux États-Unis. Il préfère se tourner vers le marché sud-américain comme le Brésil et l’Argentine. Ces nouveaux paradigmes laissent une place plus grande pour les exportations de céréales de la mer Noire. La Russie et l’Ukraine profitent de ce changement pour s’imposer plus largement sur les marchés africains.
L’offre progresse
Face à ce marché quelque peu déprimé, l’offre croît. Le courtier Howe Robinson a relevé 278 nouveaux vraquiers entrés en flotte au cours du semestre. Ils représentent 18,3 Mtpl. Un chiffre en nette augmentation comparativement aux semestres des deux années précédentes. Dans le même temps, sur le premier semestre, les armateurs rechignent à démolir une partie de la flotte. Ainsi, sur cette période, les chantiers navals ont déconstruit 38 navires pour un tonnage de 2,4 Mtpl. La différence représente donc l’augmentation nette de la flotte des vraquiers, soit environ 15,9 Mtpl. Et le courtier d’estimer que la flotte des vraquiers progressera de 2,8% en 2025.