Corridors et logistique

Marchés : la baisse des vracs secs n’impacte pas le moral des armateurs

Après la hausse de fin novembre et de début décembre, les marchés des vracs secs se tassent. Une tendance qui n’atteint pas l’optimisme des armateurs. Les vracs liquides subissent pour leur part une baisse. Une situation qui fait ressurgir la hantise d’une surcapacité endémique du secteur. La principale inquiétude vient du golfe d’Aden et des risques que les attaques posent pour la liberté du commerce maritime.

Les semaines se suivent sans pour autant se ressembler. Les hausses enregistrées entre fin novembre et début décembre connaissent un léger tassement pour les vracs secs. La perspective des fêtes de fin d’année avec le ralentissement économique explique partiellement cette tendance.

Le tassement des vracs secs

Le marché des vracs secs connaît un tassement. En effet, après les progressions du mois de novembre et de début décembre, le Baltic Dry Index s’infléchi. Une tendance qui se remarque principalement dans le secteur des Capesize. Ainsi, cette catégorie de navire perd 31,7% en une semaine, indique le courtier de fret grec Intermodal.

L’optimisme des armateurs

Néanmoins, les opérateurs ne s’inquiètent pas pour autant. Effectivement, les armateurs prévoient de terminer le trimestre avec un TCE (Time Charter Equivalent, taux de fret journalier) en progression à environ 35 320 $/j. De plus, continue le courtier de fret, les conditions de marché s’annoncent sous de bons auspices. Cet optimisme s’explique notamment par la congestion portuaire dans les ports d’Amérique du Sud, les restrictions de transit du canal de Panama et la demande importante de bauxite. Encore, la politique chinoise en faveur du BTP semble stimuler l’industrie sidérurgique locale. Alors, les besoins en minerais de fer augmentent.

Les Panamax suivent les Capesize

Outre les Capesize, les Panamax s’inscrivent dans la même veine avec une diminution du TCE. Selon Intermodal, cette catégorie de navires voit ses taux d’affrètement descendre sous la barre des 20 000 $/j. A contrario, le marché des Handysize semble résister. Notamment, les navires gréés profitent d’une demande importante tant en Atlantique que dans le bassin du Pacifique.

La cale à moitié vide

Les sentiments sur l’évolution du marché pétrolier sont contradictoires. D’une part, le courtier grec Intermodal adopte une approche pessimiste. Ainsi, il constate que le marché des frets pétroliers perd de ses volumes. Les commentateurs du marché évoquent peu les décisions de la COP 28, même si l’accord final évoque l’idée d’une transition. Il n’est pas question de sortie des énergies fossiles comme le pétrole et le gaz, mais de recourir de moins en moins à ces énergies. Dans ce contexte, il apparaît que le pétrole ne fait pas l’unanimité.

L’ombre de la surcapacité refait surface

Ainsi, le 8 décembre, les indices du fret pétrolier affichent une baisse de 2%. Le courtier Intermodal note que cette baisse dure depuis sept semaines consécutives. Alors, pour les opérateurs, l’ombre de la surcapacité refait surface. Et les conditions économiques du marché ne plaident guère en faveur d’une reprise dans les prochaines semaines. Ainsi, les importations de brut en Chine baissent de 9% par rapport à l’année dernière. Le bout du tunnel pourrait venir des États-Unis. Selon Intermodal, la croissance des emplois laisse espérer une demande plus forte en diesel.

Le Venezuela pour stabiliser le marché

Les interrogations viennent du Venezuela. En effet, le pays a annoncé une hausse de sa production à 150 000 b/j, voire 200 000 b/j selon l’Agence internationale de l’énergie. De plus, le Venezuela souhaite développer sa production gazière malgré les tensions que ce projet rencontre avec le Guyana voisin. Néanmoins, « la hausse de la production laisse espérer une tendance à une stabilité entre l’offre et les taux de fret », continue Intermodal.

Des taux de fret sains

D’un autre côté, le courtier Xclusiv voit la cale à moitié pleine. Dans son analyse hebdomadaire, il indique que les taux de fret « demeurent sains, distillant un optimisme chez les armateurs ». Un coin de ciel bleu rapidement assombri par des perspectives moins encourageantes. En effet, les taux de fret ont connu une hausse pendant 38 jours suivie d’une baisse de 24 jours sur les 27 derniers jours. Alors, depuis le 1er novembre, les taux de fret ont perdu jusqu’à 24%, indique Xclusiv.

La demande brésilienne joue en faveur du BCTI

Et le courtier insiste sur les BCTI (Baltic Clean Tanker Index). Il mesure les taux de fret pour les pétroliers de produits raffinés. Cet index remonte la pente en fin d’année dépassant les 850 points, soit son niveau de septembre. En effet, en octobre et novembre, le BCTI a baissé pour se situer entre 750 et 800 points. Cette progression du BCTI s’explique en partie par la demande brésilienne en diesel depuis les raffineries russes. Depuis novembre, les importateurs brésiliens ont importé 10,5 M barils, puis 2,5 millions de barils en décembre. Et ce contrat est prévu de durer. Un contrat qui s’étendra sur le mois de janvier.

L’Inde boude la Russie

D’un autre côté, la Russie voit ses exportations de pétrole brut se tasser. L’Inde, principal acheteur de brut russe cette année, a diminué ces dernières semaines. La raison invoquée par le courtier tient à l’augmentation des flux depuis le Moyen-Orient. Pour Xclusiv, les flux entre l’Inde et la Russie doivent reprendre dans les mois à venir.

La situation du golfe d’Aden inquiète

Enfin, le marché pétrolier reste attentif à la situation dans le golfe d’Aden. Les attaques contre les navires au large du Yémen inquiètent. Pour le courtier, « si ces attaques persistent ou s’amplifient, les primes d’assurance des navires traversant la mer Rouge pourraient augmenter de manière significative, en particulier pour les navires liés à des nationalités vulnérables ». Les affréteurs d’Asie estiment le coût en risques de guerre pour un voyage dans le golfe persique entre 5000 $ et 60 000 $ pour un LR2 pour une période de sept jours. La situation géopolitique pourrait venir jouer les trouble-fêtes dans les premières semaines de 2024.