Les batteries à lithium-ion des véhicules préoccupent les armateurs
L’essor de la vente des véhicules électriques et la recrudescence des incendies à bord des navires rouliers amène les experts à s’intéresser à ce phénomène.
Les ventes de véhicules électriques croient d’année en année, ainsi que l’indiquent les études du European Car Group. De plus, ces véhicules sont, pour une grande part, exportés par navires rouliers. Ainsi, en 2023, sur les 4,91 million de véhicules exportés depuis la Chine, 1,1 million se composent de véhicules électriques.
Des incendies liés aux véhicules électriques
Or, les incendies à bord de navires rouliers transportant ce type de véhicules tendent à se propager. Pour mémoire, durant l’été 2023, deux navires rouliers ont subi un incendie : les Fremantle Highway et Costa d’Avorio. Pour chacun de ces navires, une partie du chargement comprend des véhicules électriques. Dès les premières conclusions, il apparaît que ces véhicules sont en partie responsables de ces incendies.
Les batteries au lithium-ion sont des marchandises dangereuses
Dans ce contexte, les experts se penchent sur cette question. Dernière étude menée sur ce sujet, celle réalisée par Éric Slominski, président du CEFTMD. « Les risques en transport maritime des véhicules à batteries lithium-ion, poussent les compagnies maritimes à être méfiantes. Le lithium contenu dans les accumulateurs possède des propriétés très réactives. Les accumulateurs sont exposés à différentes influences, notamment lors du transport maritime. C’est pour cette raison que les batteries et piles au lithium-ion sont classés comme marchandises dangereuses et transportés en tant que tels », explique le responsable du CEFTMD.
L’emballement thermique
Les risques liés au transport de véhicules électriques avec des batteries au lithium-ion sont importants. « Il faut s’attendre à un risque d’emballement thermique » de ces batteries, souligne Éric Slominski. « L’emballement thermique est un phénomène dans lequel la cellule lithium-ion entre dans un état d’auto-échauffement rapide. Il entraîne des températures extrêmement élevées, de la fumée toxique, une explosion et un incendie souvent violent et incontrôlable », continue le président du CEFTMD.
Trois risques primaires et trois secondaires pour les navires rouliers
Alors, pour alerter les transporteurs, Éric Slominski rappelle les principaux risques à bord des navires rouliers à passagers. Ces véhicules constituent trois risques majeurs :
- Incendie : les batteries Lio-ion contiennent de l’électrolyte, un liquide inflammable dont les allumages automatiques sont fréquents.
- Explosion : la libération de vapeurs et de gaz inflammables dans un espace confiné peuvent provoquer des explosions.
- Libération de gaz toxiques : après l’incendie ou après l’explosion, des gaz toxiques, irritants et corrosifs peuvent survenir.
Et de ces risques primaires peuvent survenir des risques secondaires. Il s’agit de la propagation rapide de l’incendie aux véhicules adjacents, la difficulté d’intervention physique et le risque d’une carène liquide.
Des incendies difficiles à circonscrire
De plus, continue le président du CEFTMD, circonscrire un incendie d’origine électrique est complexe. En effet, l’emballement thermique sur un véhicule électrique entraine un incendie latéral horizontalement en mode lance flamme et sous le véhicule. Ensuite, les espaces entre « les engins de transport » sont extrêmement restreints. Sur un navire, contrairement à un parking, le déplacement des véhicules adjacents n’est pas possible. Enfin, l’utilisation des sprinklers, drencher ou de l’eau pulvérisée a un effet limité. En effet, l’incendie se produit sous le véhicule. Alors la carrosserie « protège » l’emballement thermique. A contrario, « il faudra être méfiant sur la carène liquide sur une utilisation trop longue de l’eau pulvérisée », conclu Éric Slominski.