Le Clecat demande une enquête sur les pratiques de la conteneurisation
Le 17 février, le Clecat, organisation européenne des commissionnaires en transport, a demandé à la Commission européenne de mener une enquête sur les pratiques menées par les armateurs opérant dans la conteneurisation.
Le Clecat, organisation européenne des commissionnaires et transitaires, s’inquiète de la situation du marché de la conteneurisation. « Nous constatons une hausse des coûts opérationnels, un niveau bas de la fiabilité des services et une baisse de l’offre », indique un texte de l’organisation européenne. Une situation qui perdure depuis maintenant plusieurs mois et qui semble s’intensifier.
La confiance entre armateurs et commissionnaires mis à mal
La situation actuelle du transport conteneurisé a mis à mal la confiance entre commissionnaires et armateurs, « qui est essentielle dans ces temps de perturbations logistiques », indique Nicolette van der Jagt, déléguée générale du Clecat. Elle regrette le manque d’attention que la Commission porte aux messages des nombreux intervenants de la chaîne logistique sur les conditions de concurrence. « Le Clecat appelle à de nouvelles règles du jeu, avec plus de gouvernance et de contrôle des transporteurs en regard des règles de concurrence pour apporter aux chargeurs le meilleur service sans qu’aucune partie n’en tire un avantage déloyal ».
Des armateurs, maîtres du jeu
Alors, les commissionnaires se retrouvent face à des armateurs qui jouent sur plusieurs tableaux. « La gestion des capacités des armements, continue le Clecat, leur a permis d’être les maîtres du jeu. Leur stratégie d’intégration verticale et d’augmentation des taux de fret amènent les commissionnaires indépendants dans un marché en baisse ». Ces conditions vont désavantager les chargeurs et les consommateurs finaux en raison des taux de fret élevés et du peu de services proposés.
Une enquête sur le degré de concentration
Ces raisons ont amené le Clecat à demander à la Commission européenne de mener une enquête « sur le degré de concentration, de consolidation, de coordination et de cartellisation du marché des conteneurs desservant l’Europe ». Une demande que l’organisation européenne des commissionnaires inscrit dans le cadre du règlement sur les Consortia. « Plus particulièrement, la Commission doit enquêter sur la hausse exponentielle des taux de fret qui atteindrait 200 Md$ pendant la période de la pandémie, malgré l’absence d’aucune augmentation des coûts opérationnels », continue le Clecat.
Des stratégies discriminatoires
Les armateurs organiseraient actuellement le marché en offrant aux chargeurs avec les plus gros volumes des contrats à long terme. Les autres opérateurs seraient relégués à devoir subir les taux de fret spot, plus élevés. « Avec cette stratégie discriminatoire, les commissionnaires sont ‘désintermédiés’ alors que dans le même temps l’accès aux capacités, les performances des armateurs et la fiabilité des services ont été fortement réduits ».
Une situation d’oligopole du maritime
La déléguée générale du Clecat, Nicolette van deer Jagt, s’inquiète de la situation. « La consolidation entraîne une baisse du nombre d’opérateurs maritimes et du nombre de services, des contraintes sur les espaces disponibles et une position dominante qui permet de favoriser les principaux chargeurs au détriment des petites structires et des commissionnaires. Nous sommes dans une situation d’oligopole avec 80% du transport maritime réalisé par huit armements réunis dans trois alliances. »
Le contrôle des données, outil de concurrence déloyale
Enfin, le contrôle exclusif des données des chaînes logistiques au travers des accords entre les armateurs, « que les règlements sur les exemptions de concurrence leur autorisent », leur permet une mainmise sur le marché. « Le contrôle exclusif de ces données renforce leur pouvoir de limiter la concurrence et de décider des taux de fret pas seulement sur la portion maritime du transport mais aussi sur toute la chaîne de bout en bout », continue le Clecat. Pour l’organisation des commissionnaires, avec l’intégration verticale, il n’existe plus de limites pour échanger des informations depuis l’armement vers l’activité de commission de transport et de transport terrestre.