États-Unis : dans les ports de la côte est, rien de nouveau
Les dockers de l’International Longshoremen Association mettent à éxecution leur menace de grève dans les ports de la côte est des États-Unis.
Depuis 6h00 ce matin (heure de Paris), soit minuit heure de la côte est des États-Unis, le syndicat des dockers des ports de la côte est des États-Unis (International Longshoremen Association) cessent le travail. La menace d’un mouvement social d’envergure dans ces ports est devenue une réalité. Après 37 ans de paix sociale, les ports du Maine au Texas, sont bloqués.
Les ports alertent leurs clients
Ainsi, les Ports de Virginie alertent ses clients. « Compte tenu de l’expiration de l’accord entre les dockers et les manutentionnaires, les Ports de Virginie et les autres ports de la côte Est et du golfe du Mexique cessent leur activité. S’agissant des Ports de Virginie, les opérations sont fermées au Norfolk International Terminals, Virginia International Gateway, Newport News Marine Terminal, Pinners Point Container Yad, Portsmouth Chassis Yard, Reefer Service Area et Damage Annex ». Ces alertes se déclinent dans les autres ports concernés par le mouvement.
Des propositions améliorées par l’USMX
Jusqu’au dernier moment, les deux partenaires sociaux ont continué leurs échanges. Ainsi, les manutentionnaires américains, regroupés dans la Maritime Alliance (USMX), ont accepté de revoir leur offre. « Nous avons proposé des augmentations salariales plus élevées que précédemment », indique un communiqué de l’organisation patronale du 30 septembre. Elle a aussi proposé que le contrat-cadre soit prolongé.
Des propositions inacceptables
Des propositions qui ne conviennent pas au syndicat des dockers. Ainsi, le 30 septembre, l’International Longshoremen Association souligne que l’USMX « continue de bloquer la signature à un nouvel accord. Elle refuse les demandes de l’ILA pour des salaires décents », indique un communiqué du syndicat. Il reproche « les profits des armements. L’USMX a formulé des propositions inacceptables. Les membres de cette organisation sont dans une démarche de « make and take ». Elles réalisent des profits considérables aux États-Unis qui partent ensuite dans les poches de conglomérats étrangers ».
Les arnaques des logisticiens
De plus, les dockers de l’est du pays accusent les logisticiens « d’arnaquer leurs clients ». En effet, la facture pour un conteneur s’élève désormais à 30 000 $ par boîte. « Une facture qui était de 6 000 $ il y a quelques semaines. C’est du jamais vu. De plus, ils doublent leurs frais. Ils tuent les clients », s’indignent les dockers.
La solidarité des dockers canadiens
Dans ce contexte, les opérateurs ont deux solutions : soit ils empruntent les ports de l’ouest du pays. Il faut ensuite acheminer par voie ferroviaire ou routière les marchandises jusqu’à la côte est. Cette solution peut s’avérer risquer. Les ports de Californie et de l’Oregon risquent la saturation. Soit, les logisticiens entrent aux États-Unis par les ports du Canada. Cependant, le 27 septembre, les dockers du port de Montréal, premier port conteneurisé de l’est canadien, annoncent un mouvement social de trois jours à compter du 30 septembre. L’organisation syndicale du Canada revendique des hausses de salaire. Cependant, les syndicats de dockers des ports canadiens ont prévenu. Ils seront solidaires avec leurs homologues américains.
Les distributeurs ont réalisé 47% de leurs approvisionnements
De leur côté, les distributeurs ont anticipé ce mouvement. Selon la National Retail Federation, organisation rassemblant les détaillants, 47% des approvisionnements pour Halloween sont déjà arrivés dans les stocks. La NRF n’évoque pas les flux pour les fêtes de fin d’année. Or, le président de l’ILA, Harold J. Dagget, souligne son intention d’aller jusqu’au bout du mouvement. Il revient sur le mouvement de 1977. « Après deux mois de grève nous avons obtenu des résultats avec le soutien du syndicat des dockers de la côte ouest (ILWU). Nous irons jusqu’au bout cette année », prévient le président de l’ILA.
Un coût de 4,5 Md$
Dans ce contexte tendu, les analystes économiques évaluent les conséquences de ce mouvement. Selon un économiste d’Oxford Economics, cette grève pourrait coûter 4,5 Md$ chaque semaine à l’économie américaine. Et pour enfoncer le clou, outre les dockers, ce sont les salariés des magasins qui seront touchés dans un second temps. Et pour finir, c’est toute la consommation qui subira les conséquences de ce mouvement. Dans un entretien avec CNN, Peter Tirschwell, vice-président de S&P Global Market Intelligence, rappelle que les ports de la côte est pèsent environ 588 Md$, soit 19% des importations du pays. Les ports concernés par la grève traitent 61% du trafic conteneurisé du pays.
Une intervention de l’administration de Joe Biden ?
Alors, à 40 jours de l’élection présidentielle, cette grève peut faire basculer les votes. L’administration de Joe Biden dispose d’un outil avec le Hartley-Taft Act. Il lui permet d’interdire ce mouvement pour des raisons de sécurité intérieure. C’est pour éviter des conséquences trop dommageables que Suzanne P. Clarke, présidente de la Chambre de commerce américaine, demande au gouvernement d’intervenir. « Il serait déraisonnable de laisser un litige contractuel infliger un tel choc à notre économie », indique la présidente. Et elle appuie sa demande par un sondage. « Une majorité d’électeurs américains, soit 57%, soutiennent que l’administration doit prendre des mesures pour conserver les ports ouverts. Ils sont 20% à refuser une intervention gouvernementale », indique un communiqué.