Corridors et logistique

Chimie : le secteur en proie à une concurrence exacerbée de la Chine

Première filière industrielle exportatrice en France, la chimie résiste malgré une concurrence en provenance d’Asie.

La chimie française demeure une industrie importante pour le monde portuaire. Elle est la première filière industrielle exportatrice avec 80 Md€, en valeur. Les deux tiers de son chiffre d’affaires sont destinés à l’exportation. Elle expédie plus de la moitié de sa production vers l’Union européenne (56% en 2023). Les États-Unis pèsent 7% des exportations et le Royaume-Uni entre à hauteur de 5%, au même niveau que la Chine. Les importations de produits chimiques consacrent le même classement avec l’Union européenne en première place suivie des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Chine.

Savons et parfums en première place du solde commercial

En valeur, le solde commercial des savons, parfums et produits d’entretien prennent la première place avec 16,3 Md€. Vient ensuite la chimie organique. Il s’agit de la chimie composée du carbone. Liée au pétrole, elle regroupe les produits de la pétrochimie (propylène, benzène, …), des matières plastiques (PVC et autres) et des caoutchoucs synthétiques. À la troisième place se situent les spécialités chimiques. Cette catégorie regroupe les produits dont les propriétés sont définies pour un usage spécifique comme le traitement de l’eau, les huiles essentielles, ou encore les produits phytopharmaceutiques. Ils se retrouvent dans les savons, les détergents, les produits de beauté, les peintures et encres.

Une crise sans précédent

Ces chiffres ne doivent pas cacher la situation économique du secteur. Les années de croissance sont derrière. La chimie européenne vit une crise sans précédent. « Le taux d’utilisation moyen des capacités se situe en dessous de 75% depuis près de deux ans. Une situation insoutenable dans la durée pour une industrie qui nécessite d’importants investissements », a alerté France Chimie en octobre.

Le restockage temporaire

Les résultats sur les neuf premiers mois de 2024 (les chiffres de l’ensemble de l’année ne sont pas disponibles à l’heure où nous mettons sous presse) de la production européenne de la chimie affichent une hausse de 6,1%, qui s’explique en grande partie par un restockage temporaire sur le premier trimestre ne pouvant compenser les deux années de recul (-6% en 2022 et -8,5% en 2023). En France, la progression de la production atteint 1,1%. Cependant, ces chiffres sont en retrait par rapport aux précédents trimestres, et n’inversent en rien la situation dégradée qui touche toujours le secteur, tant en Europe qu’en France. Cette dégradation tient en particulier à un marché intérieur atone, à des coûts de l’énergie plus élevés que leurs concurrents non-européens et à des surcapacités mondiales.

Une diminution des exportations

Un contexte de hausse de la production qui ne se répercute pas sur le commerce extérieur. Ainsi, les exportations perdent 4% en valeur et les importations se contractent de 5,2%. « Des évolutions en ligne avec la baisse de la demande des marchés, tant domestique qu’à l’exportation. Le solde n’a pas progressé par rapport à 2023, stagnant à près de 13 Md€ en cumul à fin août 2024. »

Une double approche logistique

L’approche logistique se fait sous deux formes. D’une part, la chimie minérale et organique (éthylène, propylène, engrais…) fait appel au vrac. D’autre part, la chimie de spécialités se tourne plutôt vers les conteneurs. En conséquence,  » le trafic portuaire suit nos marchés à la baisse comme à la hausse. » Le choix des ports dépend en grande partie des lieux de production. « Nous travaillons avec les ports nous permettant la meilleure optimisation de nos chaines logistiques. Nous intégrons le stockage temporaire, la manutention rapide et les kilomètres d’approche pour les post ou préacheminement », nous confie un responsable de France Chimie. Une démarche qui ne privilégie pas un port à un autre. « Nous répartissons nos flux sur l’ensemble des ports européens en fonction des circuits logistiques. »