Corridors et logistique

Construction navale : Entre renouvellement de la flotte et risque de surcapacité

Les armateurs continuent de commander de nouvelles unités. Les chantiers affichent des carnets de commande pleins pour les prochaines années. Or, les courtiers s’interrogent sur la finalité de cette tendance entre renouvellement de la flotte ou le retour de la surcapacité.

Les récentes menaces de l’administration de Donald Trump de taxer les opérateurs employant des navires chinois n’a pas eu un effet immédiat. D’une part, il se laisse une période de six mois avant de prendre une décision ferme. Cela laisse jusqu’au 15 octobre aux armateurs pour s’organiser. D’autre part, le besoin de renouvellement de la flotte se fait sentir. Alors, les armateurs ont repris le chemin des chantiers.

Une activité en plein boom

Les observateurs ont alors prévu une baisse des carnets de commande dans les chantiers chinois après l’annonce de Donald Trump de taxer les armateurs utilisant des navires construits en Chine. Il n’en est rien. Bien au contraire selon les derniers rapports des courtiers, les chantiers chinois continuent d’engranger les commandes. Ainsi, dans son rapport hebdomadaire, le courtier de fret Banchero Costa rappelle qu’après une période calme, « l’activité est en plein boom, en particulier en Chine, malgré les menaces économiques et les tensions. » Ainsi, au cours de la semaine du 20 avril, les chantiers enregistrent 51 commandes de navires.

Une commande de 14 porte-conteneurs de 18 000 EVP

Plus en détail, les chantiers de Nantong, appartenant à Cosco, ont reçu la commande de 14 porte-conteneurs de 18 000 EVP. Pour sa part, les chantiers de Huanghai ont signé pour la construction de deux navires de 1 800 EVP pour SITC. Selon Banchero Costa, il s’agit d’une option de l’armement qui porte le total de sa commande à 14 navires.

Des commandes de pétrolier, de chimiquiers et de vraquiers

Dans le secteur pétrolier, Dynacom a signé pour deux Suezmax de 159 000 tpl aux chantiers New Times. De plus, quatre MR2 de 50 000 tpl sont commandés pour une livraison en 2027 et 2028. Dans la filière des produits chimiques, Primeco Shipping a signé avec Zhoushan Dashenzhou pour trois navires de 13 000 tpl. Du côté des vraquiers, les chantiers New Dayang ont signé pour deux navires de 64 000 tpl.

Une flotte âgée

Cette tendance à se tourner vers les chantiers chinois tient à deux raisons, selon le courtier Xclusiv. D’une part, les navires des différentes catégories atteignent un âge avancé. D’autre part, les armateurs doivent se doter de navires récents plus écologiques. Ainsi, les navires vraquiers affichent un âge moyen de 15 ans pour 71% de la flotte. Le solde, soit 29%, appartiennent à la génération précédente. Pour les armateurs, l’entrée en flotte de nouveaux navires est importante. Ainsi, Xclusiv dénombre 387 arrivées de navires en 2025, 529 en 2026 et 419 en 2027. « Il s’agit de remplacer la flotte vieillissante plutôt que d’accroître la capacité actuelle », note le courtier de fret.

Pétroliers : 47% de la flotte a plus de 16 ans

Quant à la filière des navires citernes, ils affichent un âge honorable. 47% de la flotte dépasse les 16 ans et 53% est en dessous de cette limite. Le carnet de commande représente 102 Mtpl à livrer en 2027 et au-delà. Cela représente 15% de la flotte actuelle. La question se pose de savoir si ces navires seront des remplacements de navires démolis ou viendront s’ajouter à la capacité actuelle. La réponse à cette interrogation influencera les niveaux des taux de fret.

Le besoin de navires plus écologiques

La situation dans le secteur de la conteneurisation se calque sur celle des navires citernes. En effet, 47% des navires actuellement en service (6 877, selon le courtier) a plus de 15 ans. Or, les armements ont faim de navires plus « écologiques ». « Le carnet de commande reflète cette envie. 837 nouveaux navires représentant environ 29% de la capacité actuelle sont en commande. Leur entrée en flotte est attendue, pour la majorité de ces unités, après 2027. »

Le renouvellement de la flotte en cours

Le premier constat du courtier est que le renouvellement de la flotte mondiale est en cours. En effet, si le monde du vrac sec s’applique à remplacer des navires vieillissants, celui des pétroliers est à la frontière entre la hausse de capacité et le remplacement de la flotte. Quant aux porte-conteneurs, ils cherchent principalement à moderniser leur équipement. Les secteurs du GNL et GPL continuent leur cap en affichant des hausses du nombre de commandes.

Attention, marché fragile

Pour le courtier Xclusiv, c’est l’équilibre du marché qui est en jeu. « Trop de navires trop tôt, et la pression sur les résultats financiers se fera sentir. Cependant, le retrait d’unités vers la démolition pourra permettre aux armateurs de se défaire de navires peu efficaces et inappropriés aux règlementations actuelle. » Il est certain que les armateurs, les affréteurs et les financiers vont regarder avec attention les annulations de commande en 2025, le nombre de navires démolis et les taux de fret. « Ils estimeront si cette vague de commande de nouveaux navires entraîne un renouvellement de la flotte ou une surcapacité. »