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Port de Cherbourg : inauguration du terminal de ferroutage

Le 17 juillet, le port de Cherbourg inaugure son terminal de ferroutage et l’autoroute ferroviaire vers Bayonne. Une liaison opérée par BAI Rail.

Opérationnel depuis le mois de mai, l’autoroute ferroviaire entre Cherbourg et Mouguerre, à proximité de Bayonne, draine déjà les remorques. Le 17 juillet, le port a inauguré le terminal de ferroutage.

Cherbourg, site stratégique des liaisons avec l’Irlande

Cet outil s’inscrit dans la stratégie de décarbonation du transport. Face à la croissance des flux depuis l’Irlande et la Grande-Bretagne, le port de Cherbourg mise sur un terminal pour acheminer par voie ferroviaire les remorques routières vers le sud-ouest de la France. Ainsi, le site de Cherbourg de Ports de Normandie a traité 91 866 remorques en 2024. La grande majorité de ce trafic, à savoir 92%, concerne du fret avec l’Irlande. Ainsi, le port de Cherbourg s’affirme comme un site stratégique des échanges entre l’Irlande et le continent.

Favoriser le transport terrestre massifié

Dans ce contexte de croissance des trafics, le transmanche doit aussi relever le défi de la transition écologique. « L’ensemble de ces facteurs conduit tendanciellement à un usage plus limité du « tout-route » favorisant la progression des remorques non-accompagnées et le transport terrestre alternatif et massifié », indique Ports de Normandie.

17 mois de travaux pour une capacité de 12 remorques par train

C’est dans cet état d’esprit que Cherbourg Port, délégataire de Ports de Normandie sur le site du Cotentin, répond. Il souhaite offrir une solution multimodale vers le sud-ouest de la France et, par voie de conséquence, l’Espagne. Alors, après 17 mois de travaux, le terminal de ferroutage devient opérationnel. Il est équipé de dispositif de chargement Lohr pour une manutention horizontale. De plus, ce terminal se situe à 1000 m des rampes ferry. Il peut charger jusqu’à 12 remorques sur un train de 750 m.

Un investissement de 11,2M€

Ce terminal a nécessité un investissement de 11,2 M€. Une somme qui se répartie entre la région Normandie, le département de la Manche, la communauté d’agglomération du Cotentin, Ports de Normandie et l’Union européenne. La SPL Cherbourg Port a mis aussi la main à la poche. Elle a équipé le terminal en superstructures à hauteur de 4M€.

Une autoroute ferroviaire opérée par BAI Rail

Ce terminal n’est rien sans une ligne. Ainsi, Brittany Ferries opère désormais la ligne entre Cherbourg et Mouguerre. La filiale de l’armement, BAI Rail, opère le service de remorques non accompagnées. Dans les Pyrénées-Atlantiques, sur le site du pays bayonnais, la filiale de Brittany Ferries a financé la réalisation d’un terminal dédié sur un terrain. De plus, Elle a investi dans 47 wagons de type Lohr pour assurer le transport de ces remorques. Enfin, précise l’armement, « un accord-cadre de 5 ans a été signé avec SNCF Réseau pour la réservation et la gestion des sillons ferroviaires nécessaires. » La ligne prévoit six rotations hebdomadaires d’ici au mois de septembre. Et l’opérateur vise plus loin. Ainsi, à l’horizon 2030, il envisage un aller et retour quotidien avec deux rames. « Au total nous assurerons 320 allers et retours annuels. »

La stratégie de décarbonation de Brittany Ferries

Une inauguration qui s’inscrit dans la stratégie dévoilée par le rapport d’Ambition France Transports. Investir dans le fret ferroviaire pour inverser la tendance de la logistique « tout route ». Pour l’armement, l’ouverture de cette ligne s’inscrit d’abord dans sa stratégie de décarbonation. « L’année 2025 sera décidément celle de la décarbonation pour Brittany Ferries. Après la réception des deux premiers ferries hybrides, à propulsion GNL, BioGNL et électrique, et maintenant cette première tranche de l’autoroute multimodale entre l’Irlande, le Royaume-Uni et l’Espagne, c’est une nouvelle page qui se tourne pour Brittany Ferries. Une page plus décarbonée, plus ambitieuse et, comme toujours, au service du dynamisme économique des territoires de Normandie », a déclaré Jean-Marc Roué, président du directoire de l’armement roscovite.

Un outil qui bénéficie du soutien de l’État

Et Hervé Morin, président de la région Normandie et de Ports de Normandie appuie dans ce sens. « Cet ambitieux projet va permettre d’élargir l’hinterland du port de Cherbourg. Il permet de poursuivre son développement, sans compromettre le trafic transmanche dans les autres ports normands. Ce nouvel outil stratégique marque un tournant dans la décarbonation du fret. Cet investissement massif incarne une ambition forte : faire de Cherbourg un maillon essentiel du fret. » Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports, abonde. « Cette autoroute multimodale constitue un service pionnier. Il est le premier transport de semi-remorques sur l’axe Atlantique en France. Le projet bénéficie d’un soutien fort de l’État, qui contribue aux aménagements réalisés sur le réseau ferré national, en cohérence avec la stratégie nationale pour le développement du fret ferroviaire. » Il reste plus qu’à séduire les transporteurs.