Corridors et logistique

Campagne céréalière 25/26 : les volumes sont présents pas les prix

France AgriMer a présenté le bilan des moissons 2025. Les volumes des céréales reviennent à leur niveau moyen. Les prix peuvent être un handicap à l’exportation.

France AgriMer a présenté le bilan des récoltes 2025 des principales céréales. Les chiffres montrent une quantité et une qualité des céréales meilleure que l’année précédente.

Une hausse de 125% des exportations de blé tendre

Alors, la production de blé tendre est estimée à 33,29 Mt pour la campagne céréalière 2025/2026. Un volume en nette progression par rapport à la campagne précédente. Il augmente de 30%. Les prévisions d’exportation suivent la tendance. France AgriMer prévoit 14,69 Mt pour cette campagne. Un volume en hausse de 41% d’une campagne à l’autre. Par ailleurs, les exportations vers les pays tiers sont attendues en forte augmentation. L’organisme public attend une progression de 125% à 7,85 Mt vers les pays tiers. Les expéditions vers les pays de l’UE devraient être stables à 6,7 Mt.

Une production de bonne qualité

Par conséquent, après une campagne 2024/2025 déplorable, le monde agricole a réussi à améliorer les quantités de blé tendre récoltées. De plus, le taux de protéines atteint 11,5%. Un chiffre qui permet à la production française de se positionner pour répondre aux appels d’offres internationaux. Les poids spécifiques, exprimés en kg par hectolitre, sont supérieurs à 76 kg/hl pour 94% de la production. Alors, outre la quantité, la France propose des produits de qualité.

Orges : 5,96 Mt pour l’exportation

Du côté des orges, la même tendance se dessine. La France a produit 11,98 Mt, soit 22% de plus que l’année précédente. En retirant les utilisations domestiques, le marché français pourrait mettre sur le marché 5,6 Mt d’orges. Les échanges avec les pays tiers sont estimés à 2,9 Mt, soit 24% de plus que la précédente campagne. Ceux avec les pays de l’UE devraient perdre 3% à 2,69 Mt.

La production de maïs en baisse

Quant au blé dur, il suit le mouvement. La production progresse de 3% à 1,2 Mt. Les exportations devraient augmenter de 7% à 725 000 t. Un volume qui se réparti entre les pays tiers à hauteur de 75 000 t, soit 15% de plus que la précédente campagne, et 650 000 t vers l’UE, soit 6% de mieux. Enfin, le maïs est l’exception qui confirme la règle. Avec 12,4 Mt, France AgriMer estime la production en retrait de 9%. Avec 4,79 Mt exportées, le marché français voit sa présence sur ce marché reculer de 11%. Le maïs pour les pays tiers affiche une baisse de 23% à 420 000 t quand celui vers les pays de l’UE perd 10% à 4,2 Mt.

Des chiffres encourageants pour les ports

Ainsi, la campagne 2024/2025 est désormais à ranger aux archives. Pour les ports français, ces chiffres augurent de bonnes perspectives pour les exportations. Les GPM de Rouen et de La Rochelle pourront compenser les baisses de la précédente campagne. Néanmoins, ces chiffres français doivent s’analyser par rapport à la situation mondiale, voire européenne. Les premières estimations tablent sur une production mondiale de blé de 816,2 Mt. Une quantité en hausse de 1,9% par rapport à 2024.

Des volumes mondiaux en hausse

Cependant, la production européenne reste parmi les plus importantes avec 140 Mt produites. La Chine a aussi augmenté sa production pour se placer au même niveau que l’UE. L’Inde a récolté 117 Mt de blé, la Russie rétrograde légèrement avec 85 Mt et l’Ukraine atteint juste les 23 Mt. Dans ces conditions, le marché pourrait rapidement se tendre. De plus, les bonnes productions chinoises et indiennes peuvent avoir pour corollaire de réduire la présence de ces deux nations sur les marchés internationaux. Alors, les responsables de France AgriMer visent le marché marocain, ceux d’Afrique subsaharienne ou encore d’Asie comme le Bengladesh et la Thaïlande.

Un bon début de campagne céréalière

Ainsi, le contexte général laisse augurer une bonne campagne céréalière. D’ailleurs, les premiers mois, juillet et août, se montrent encourageants avec des exportations en hausse. « Néanmoins, il s’agit principalement de stocks de la précédente campagne qui sont partis », précise un opérateur logistique. Pour le président du conseil spécialisé grandes cultures de France AgriMer, Benoît Piétrement, sur le terrain les choses ne sont pas aussi réjouissantes. Les prix payés aux agriculteurs ne dépassent pas 160€ par tonne. « Il manque environ 70€ par tonne pour arriver au prix de revient. La situation est délicate pour les agriculteurs. »

Les agriculteurs moins optimistes

Cette inquiétude du secteur peut avoir des répercussions directes sur les trafics portuaires. La baisse du FOB Rouen sur Euronext n’est pas encourageante. Il atteint 226$/t, soit 9,4% de moins que l’année dernière à pareille époque. Pour les opérateurs portuaires, l’horizon se ternit. Sans une hausse du FOB Rouen et La Pallice, les agriculteurs vont tenter de conserver leur production avant de vendre. « Il peut y avoir des ventes de céréales parce que les agriculteurs ont besoin de trésorerie. Du point de vue des producteurs, la situation générale n’est pas très optimiste », conclu Benoit Piétrement.