Ports

AGPAOC : réinventer la gestion domaniale des ports d’Afrique de l’Ouest et du Centre

La réunion annuelle de l’Assemblée générale des ports d’Afrique de l’Ouest et du Centre se tient du 4 au 7 novembre à Pointe Noire. Elle centre le thème de ces deux jours de débat autour de la domanialité.

La prochaine réunion des ports de l’Assemblée générale des ports d’Afrique de l’Ouest et du Centre (AGPAOC) se déroule à Pointe Noire, au Congo du 4 au 7 novembre. Le thème central se concentre sur la domanialité des ports de la région.

Une évolution des revenus fonciers des ports

Le délégué général de l’Assemblée, Jean-Marie Koffi, rappelle que les ports africains tirent leurs revenus du triptyque : droits de ports, droits sur les marchandises et redevances foncières. « Ces modèles de gestion tendent à évoluer ces dernières années dans des environnements concurrentiels particulièrement stimulés », souligne la direction de l’AGPAOC.

La croissance de la conteneurisation sature le domaine

Or, au cours des années, les ports africains enregistrent des croissances importantes dans la conteneurisation. Ainsi, des ports comme  Tema, Pointe Noire, Abidjan, Lagos et Lomé sont entrés dans le cercle des millionnaires. La croissance de cette filière tend à saturer le foncier.

Le foncier manque

Ces dernières années, le domaine foncier fait l’objet d’une attention particulière de la part des autorités régaliennes. Le partage des valeurs générées sur ces espaces rares et couteux doit s’inscrire dans des cadres légaux, réglementaires et juridiques ajustés aux réalités logistiques, économiques et écologiques contemporaines. Cela s’avère d’autant plus essentiel que la part des revenus issus du foncier ne cesse de croître pour les autorités portuaires les plus innovantes. Néanmoins, le foncier manque et la croissance urbaine ne cesse de mettre sous pression des terrains qui ont été souvent détournés de leurs fonctions économiques et logistiques, souligne les membres de l’AGPAOC.

Sortir le port de la ville

Ensuite, une nouvelle réalité émerge dans les ports d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Face à la confrontation entre la ville et le port, ce dernier se délocalise. L’exemple le plus marquant de ces dernières années est le projet du port de Ndayane, à Dakar. Pour agrandir ses surfaces, l’autorité portuaire sort le port de la ville pour installer les nouvelles installations à quelques kilomètres. L’autre exemple est celui de Kribi. La création de ce port dans un site moins peuplé lui offre des capacités foncières plus grandes pour son développement.

Les pratiques préjudiciables historiques

L’AGPAOC veut aussi mettre l’accent sur des « pratiques héritées préjudiciables, la saturation des magasins et entrepôts sur le foncier portuaire. » Les ports de la sous-région sont confrontés à des entrepôts implantés sur le domaine portuaire sans avoir été réévalué. D’autre part, ces ports disposent de magasins bord-à-quai qui consomment des espaces à haute valeur ajoutée. Or, ils affichent des productivités insuffisantes et des rémunérations largement en-dessous des taux et tarifs du domaine foncier portuaire.

La réforme des cadres légaux

Les débats se dérouleront avec, le premier jour, une table ronde sur la « réforme des cadres légaux, réglementaires et fiscaux : projeter le domaine portuaire africain dans les chaines de valeur d’avenir ». Elle réunira un représentant de la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine), un représentant des chargeurs des pays du Sahel, une personne de l’Union européenne et un responsable de Tanger Med. Une autre traitera des investissements, des opérations et de l’optimisation des activités sur le domaine. Elle se fera avec des opérateurs maritimes, des opérateurs de manutention, des transitaires et des chargeurs.

Penser sur un temps long

La troisième session aura trait à l’élaboration des stratégies portuaires résilientes. Il s’agira de « penser le temps long pour consolider les valeurs ajoutées portuaires, logistiques et industrielles africaines. Elle confrontera les expériences d’autorités portuaires africaines et européennes. Enfin, la dernière session de cette réunion se projettera vers l’avenir. Elle aura pour thème : « anticiper pour se prémunir : protéger le domaine portuaire sans le contraindre ». Parmi les intervenants se retrouveront un représentant de la Banque mondiale, et des expert de la transition, de l’intelligence économique et de la digitalisation.