Ports

Les conséquences portuaires de l’infructuosité du futur parc éolien d’Oléron

L’annonce par le ministère de l’Économie et des finances de l’infructuosité du parc éolien au large d’Oléron se répercute sur les projets portuaires de la côte atlantique.

Il s’agit d’un pavé dans la mare de l’éolien offshore. Le 24 septembre, le ministère de l’Économie et des Finances indique « l’infructuosité de l’appel d’offres « Oléron 1 ». Le ministère reste laconique. « Le parc situé en Sud-Atlantique au large de l’île d’Oléron (AO7) n’a fait l’objet d’aucune offre au terme de la période de candidature. »

Des investissements trop coûteux

Cette situation tient aux caractéristiques de ce projet. Après le débat public, le gouvernement a décidé d’éloigner ce parc à une quarantaine de kilomètres des côtes. Pour les industriels, le coût des investissements est trop élevé. De plus, le plafonnement du prix de vente de l’électricité à 100 € le MWH ne couvre pas les sommes engagées. Du côté des opposants, cet échec est le reflet d’une aberration. « Nous ne sommes pas surpris par cette décision », indique Dominique Chevillon, membre du comité de pilotage de Némo (Non à l’éolien marin à Oléron), dans un entretien à Sud-Ouest. Cependant, il appelle à rester sur ses gardes.

Une situation inédite en France, pas en Europe

D’un autre côté, Sandrine Gourlet, présidente du directoire du GPM de La Rochelle relativise l’événement. « Il s’agit d’une situation inédite pour les parcs éoliens en France, mais pas inédite en Europe ». Il s’agit d’une étape dans une démarche de long terme et l’objectif d’installer 45 GW d’éolien en mer à l’échelle de la France demeure.

La coopération atlantique autour de la filière de l’éolien

Cet échec a des impacts sur le monde portuaire. Les ports aquitains espèrent diversifier leurs trafics avec l’éolien en mer. Ils ont créé pour cela une association, Aquitania Ports Link. Elle vise à structurer et dynamiser l’offre portuaire régionale autour, notamment, des énergies marines renouvelables. Une association dont le développement de l’éolien représente une part importante. Le développement d’un parc éolien à Oléron devait amener les ports de la façade atlantique à coopérer. Ainsi,  Rochefort, Bayonne, et les GPM de La Rochelle et Bordeaux s’engage dans une coopération logistique.

Les ambitions du GPM de La Rochelle

Un échec d’autant plus retentissant que le projet stratégique du GPM La Rochelle ne cache pas ses ambitions dans cette filière. Et la présidente du directoire du port charentais rappelle, dans l’édition de juillet de la newsletter du port, avoir engagé des actions de ce projet. Parmi les actions programmées déjà engagée se retrouve « la mise en œuvre du programme d’aménagement pour l’éolien en mer ». La direction du GPM de La Rochelle confirme son ambition sur cette filière. En premier lieu, souligne Sandrine Gourlet, « aucune décision sur ces suites ne peut être prise en affaires courantes, tant qu’un nouveau Gouvernement n’est pas constitué. Donc nous poursuivons notre projet de développement, conformément à notre projet stratégique 2025-2029 récemment adopté. »

L’État doit donner de la visibilité à la filière

Ce projet au large de l’île d’Oléron peut renaître de ses cendres. Le gouvernement doit revoir sa copie et proposer de nouvelles alternatives pour attirer de nouveaux investisseurs. Pour les ports atlantiques concernés, il peut s’agir d’un simple décalage dans le temps. Lors des Assises du Port du futur, au Havre, Sandrine Gourlet, présidente du directoire du GPM de La Rochelle a rassuré. Elle souligne que l’infructuosité de ce parc « ne remet pas en cause le développement de l’éolien en mer. » Par ailleurs, avec la coopération portuaire de l’Atlantique, la filière portuaire et logistique se structure. « Aujourd’hui, nous avons besoin que l’État donne de la continuité et de la visibilité à cette filière. Bien plus, l’État reste mobilisé pour le développement de ce projet en Sud-Atlantique », nous confie la présidente du directoire.

Les retombées économiques du projet

Et pour une analyse plus détaillée, la direction du GPM de La Rochelle rappelle que ce projet présente des atouts sociaux et économiques importants pour la région. D’un point de vue économique, la filière régionale de l’éolien offshore se compose déjà de 165 entreprises. La construction de ce parc table sur 1700 Équivalents temps plein (ETP) par an, « avec des pics à 4000 ETP », souligne Sandrine Gourlet. De plus, ce projet permet de structurer la formation de ce secteur au travers du projet CAPéMARE. Il vise à répondre aux besoins des entreprises et des institutions publiques en matière de formation de façon à permettre l’acquisition des compétences nécessaires aux métiers d’avenir de France 2030.