P&O Ferries suspend ses services pendant le week end de Pâques
Après le licenciement jugé brutal par les syndicats, l’armateur britannique a annoncé maintenir la suspension de ses services entre la France et la Grande-Bretagne pendant le week-end de Pâques. Pour les syndicats, l’heure est à la mobilisation.
Le 21 avril, le syndicat Nautilus International appelle à une manifestation devant les locaux de DP World à Londres. Pour le syndicat de marins, il s’agit de refuser les licenciements des marins de P&O Ferries et surtout la politique sociale mise en place par la direction générale.
Pas de liaisons pendant le week-end Pascal
L’annonce des 800 licenciements de P&O Ferries par une visio-conférence a eu des répercussions importantes sur le marché du Transmanche. Depuis cette annonce le 17 mars, les navires du groupe britannique restent à quai. Les liaisons entre la France et la Grande-Bretagne ne reprendront pas pour le week-end de Pâques, premier long week-end de la saison estivale. Selon les derniers tweets postés par P&O Ferries, les navires sont bloqués à quai jusqu’au 20 avril. Seules les liaisons entre Hull et Rotterdam ainsi que celles entre Liverpool et Dublin ont repris.
Transférer les navires sous pavillon chypriote
P&O Ferries a annoncé en mars le licenciement de 800 personnes. L’armement souhaite transférer ses navires sous pavillon chypriote pour réduire les coûts salariaux. Dans un courrier envoyé au gouvernement britannique, le président de P&O Ferries, Peter Hebblewaite, a indiqué « avoir cherché toutes les alternatives pour sauver la compagnie maritime. Si nous ne l’avions pas fait, la société aurait pu sombrer et les 3000 salariés avec », écrit le président.
Prendre en compte la réalité économique de l’armement
Ce courrier est une réponse à une lettre adressée par le 10 Downing Street à l’armement lui demandant de réintégrer les 786 personnes concernées par ce plan de licenciement. Une demande que l’armement n’a pas pu honorer. « Cette demande ne tient pas compte de la réalité économique de l’entreprise », continue le président de P&O Ferries.
Des conditions acceptées par 500 navigants
De plus, précise le président de l’armement, sur les 786 personnels navigants restants, 765 ont accepté les termes des nouveaux contrats dont 500 ont signé, à la date du 29 mars, un contrat selon les nouvelles conditions. En effet, P&O Ferries a décidé de confier la gestion de son personnel à une société d’embauche des marins basée à Chypre.
Une pratique déjà adoptée dans le maritime
Et pour continuer dans la même veine, le président de l’armement assure que la pratique mise en place dans sa société est en vigueur dans 80% des compagnies maritimes dans le monde. « L’adoption d’un modèle de gestion des ressources flexible nous permettra de répondre à la demande de nos clients tout en restant compétitifs ».
Créer du dumping social
Un argumentaire que le syndicat européen ETF (European Transport Federation) dénonce. Il estime que le recours à des navigants dans des pays tiers de l’Union européenne va avoir pour effet de créer du dumping social. Et le syndicat de rappeler qu’un symposium tenu en février, sous la présidence française, a rappelé des possibilités pour autoriser ce type de pratiques. Les conclusions de ce colloque ont établi que « dès lors que tous les États non pas convenu d’un niveau social minimum pour les routes maritimes intracontinentales et des services réalisés dans les eaux européennes, les participants ont débattu de l’idée que les lois sociales applicables pour un service entre deux États membres devrait, par exemple, au même niveau que celui appliqué par l’un des deux États, même s’il ne navigue pas sous pavillon de cet État ».
Une absence de politique sociale européenne maritime
Pour finir, un armateur assurant des liaisons avec un État membre peut appliquer des règles d’un autre État membre même si les navires ne touchent pas ce pays. Dans ces conditions, la décision de P&O Ferries entre dans le cadre règlementaire européen. Pour le syndicat européen, derrière cette décision se dessine une absence flagrante d’une politique sociale durable en Europe. « La Commission européenne et les États membres doivent porter leur attention sur les évolutions de P&O Ferries pour protéger les emplois maritimes et le savoir-faire continental ».