Vracs secs : un premier semestre inattendu
Le marché des vracs secs termine le semestre sur une note réservée. Les taux de fret atterrissent à l’image de l’économie mondiale. Les perturbations liées au conflit entre l’Ukraine et la Russie ont pesé. Les mois à venir ne laissent pas espérer une croissance.
La situation des Capesize dans le bassin Pacifique est demeurée plutôt faible. Un navire entre l’Australie et Qingdao se négocie à environ 19 800$/j. Un taux de fret en baisse de 19,8% en une semaine. L’activité dans le Pacifique s’est avérée faible alors que le bassin atlantique a manqué de cale, indique dans son rapport hebdomadaire le courtier grec Banchero Costa.
Pas de ballastage vers l’ouest
Et cette situation ne devrait pas évoluer. Pour le courtier, la situation devrait rester à un niveau faible dans les prochains jours, continue le courtier. Décider de ballaster ses navires vers l’ouest pour trouver de nouvelles cargaisons n’est pas chose facile. Le coût des soutes et la faible demande des miniers brésiliens n’aide pas à la décision.
Navires en attente en Atlantique
Et sur le bassin atlantique, le marché ne semble pas plus nerveux. Le nombre de navires en attente demeure supérieur aux demandes en sortie du Brésil. Ainsi, un navire en sortie de Tuburao (Brésil) à destination de Qingdao (Chine) s’est négocié, le 27 juin, à 29,25$/t. Un taux de fret en baisse de 0,25$/t par rapport à la semaine précédente.
Panamax: le conflit maintien les taux
Du côté des Panamax, les perturbations logistiques liées au conflit entre la Russie et l’Ukraine ont permis un maintien des taux de fret. Des flux entre l’Amérique du Nord et du Sud ont soutenu en partie ces taux. Ils gagnent 3 871 $/j. Sur le Pacifique, l’offre de charbon au départ d’Indonésie a permis de conserver des taux de fret à des niveaux élevés.
Le retour du charbon
Les mois à venir laissent planer de nombreuses incertitudes sur le marché des vracs secs. En effet, le charbon russe trouve toujours des clients en Chine, malgré les sanctions imposées à l’ouest. D’autre part, l’interdiction d’importer des énergies fossiles depuis la Russie en Europe incite les pays de l’ouest à devoir se tourner vers la production électrique au charbon. La transition énergétique entre dans sa phase préliminaire. L’arrêt des importations de gaz russe ne peut être compensé par la production d’électricité verte. Dans ce contexte, les autres pays producteurs de charbon comme l’Australie, l’Indonésie, l’Afrique du Sud et la Colombie vont disposer de nouveaux marchés.
Céréales: en attendant les récoltes
Du côté des céréales, les marchés attendent avec impatience la récolte 2022 pour voir le niveau de production des principaux pays exportateurs, à l’image de la France, des États-Unis, du Canada et de l’Australie. Lugano accueille, les 4 et 5 juillet une conférence pour décider de la reconstruction de l’Ukraine à la fin du conflit. Pour les opérateurs céréaliers européens, financer la reconstruction des ports céréaliers ukrainiens revient à « être cocu et payer l’hôtel ». En effet, les européens proposent de payer cette reconstruction pour que demain, l’Ukraine soit en mesure de prendre de nouvelles parts de marché sur les flux céréaliers.
Minerais, le rebond attendu depuis la Chine
Quant aux flux de minerais, leur situation ne semble guère plus réjouissante. La baisse de la production d’acier dans la plupart des pays affecte la demande en navires. Ainsi, la Chine a vu sa production se réduire de 3,5%, le Japon a baissé sa production d’acier de 4,2% et l’Inde a diminué sa production de 17,3%. Pour les analystes, la demande en minerais est engagée dans une spirale descendante qui ne semble pas se redresser dans les prochains mois. Tiré par la Chine, la demande en minerais pourrait se redresser si l’Empire du milieu décidait un plan d’investissement lourd sur les infrastructures. À ce jour il n’en est rien.