La Rochelle : une campagne céréalière de bon niveau
La campagne céréalière 2021/2022 s’est achevée avec un trafic de 4 Mt pour le GPM de La Rochelle. Des volumes en progression de 50% par rapport à la précédente campagne.
Avec près de 4 Mt traitées sur les terminaux de Port Atlantique La Rochelle, soit une progression de 50 % par rapport à la précédente campagne, « le bilan estimatif de la campagne céréalière 2021-2022 redonne du baume au cœur à la profession », soulignent les responsables du GPM de La Rochelle.
Des volumes en hausse malgré une récolte retardée
La campagne qui s’achève gomme quelque peu les mauvais résultats de la précédente, « qui était l’une des plus faibles en volume depuis près de 20 ans », souligne Vincent Poudevigne, directeur général du groupe Sica Atlantique. Et pourtant, continue le directeur général du manutentionnaire rochelais, « la moisson 2021 a été retardée et s’est étalée jusqu’à fin août en raison des pluies. Des conditions climatiques qui ont réduit les volumes espérés et ont compliqué la logistique de pré-acheminement ».
Sica Atlantique : 2,3 Mt attendues
L’activité export du silo Sica Atlantique a repris des couleurs, après une campagne 2020-2021 morose, avec un bilan provisoire à début juin qui dépasse les 2,1 Mt toutes céréales confondues et un atterrissage de fin de campagne céréalière qui devrait avoisiner 2,3 Mt (pour tous les ports confondus du groupe, La Pallice et Tonnay-Charente). Sur le site de La Pallice (GPM La Rochelle), nous prévoyons un volume proche de 2,2 MT à fin juin 2022.
Le retour du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest
La qualité des blés d’origine Pallice était au rendez-vous. Au cours de cette campagne, de nouvelles destinations sont apparues, comme le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest (+43 % d’export de blé en comparaison avec la campagne 20-21). Cette campagne a aussi été marquée par le conflit entre l’Ukraine et la Russie. « Il a grandement bouleversé les flux et les marchés », continue Vincent Poudevigne.
Les bouleversements liés au conflit ukrainien
Un conflit qui a bouleversé les destinations des céréales. D’une manière générale, le continent africain représente 50 % de ces volumes. Le blé tendre d’origine Égypte arrive en tête avec 17%. L’Italie suit avec une très forte proportion de blé dur. Le maïs qui représentait moins de 5 % des volumes de la Sica Atlantique a bondi à plus de 12 % du fait de l’absence de l’origine Ukraine. « Les pays européens se sont tournés vers la Nouvelle-Aquitaine pour s’approvisionner », explique le directeur général de la Sica Atlantique.
Baisse des orges de brasserie
Les chiffres masquent globalement une disparité entre les différents produits exportés. En effet, les sorties d’orges, focalisées sur la Chine, sont au rendez-vous mais avec une baisse significative sur les orges de brasserie. Les expéditions de blé dur sont en hausse sensible (+40 %) malgré une qualité hétérogène. On note également une hausse des transports de maïs en intra-communautaire (190 000 tonnes) ainsi que des graines de tournesol.
Socomac : 1,7 Mt attendues
La Socomac, manutentionnaire du Soufflet Négoce au GPM de La Rochelle, estime que la campagne devrait s’achever sur un trafic de 1,7 Mt. Une performance pour la Socomac qui affiche une progression de 25% par rapport à la précédente campagne. Une hausse de trafic qui ne rattrape pas les performances réalisées lors de la campagne 2019/2020 qui s’atait achevée sur un volume de 1,9 Mt.
Bons scores de l’orge fourragère et du maïs
Au cours de la campagne 21/22, l’orge fourragère et le maïs ont réalisé de bons scores. « Nous espérions mieux sur le blé en raison d’un manque de compétitivité de la place rochelaise, et plus globalement française de novembre à mars », indique Jean-François Lépy, directeur général de la Socomac.
Victime de la concurrence de l’Amérique du Sud
Contrairement à Sica Atlantique, la concurrence n’a pas été en la faveur de la Socomac pour les produits destinés à l’Afrique de l’Ouest. Les céréales en provenance d’Amérique du Sud ont pris des parts de marché sur les blés français. « Les phénomènes haussiers du marché ont été favorables à l’Argentine au détriment de notre place. La deuxième partie de campagne jusqu’au mois de juin a été marquée par une demande réduite de la part des acheteurs, une recherche de sources d’approvisionnement les moins chères et des achats au compte-goutte », continue Jean-François Lépy.
Pas de suppléance à l’Ukraine
De plus, le conflit entre l’Ukraine et la Russie n’a pas plaidé en faveur de la position de la société de manutention rochelaise. « Le disponible en Roumanie et Bulgarie a suppléé les grains ukrainiens et russes. Ces flux de la mer Noire que pour notre part nous n’avons pas récupérés », explique le directeur général.
Des baisses de récolte estimées entre 10% et 15%
Les perspectives sur l’origine France sont inconnues à ce jour par la récolte sur le blé, l’orge, les cultures de printemps. Le potentiel de récolte s’annonce néanmoins à la baisse de 10% à 15% en raison des conditions climatiques de ces derniers mois. Une situation qui pourrait peser encore plus sur les expéditions rochelaises puisque la Russie et l’Ukraine ont connu des conditions climatiques favorables. Le conflit devrait néanmoins affecter durement la production ukrainienne.
35 Mt de manque sur le marché mondial
Outre les conditions de récolte, la fermeture des ports pourrait limiter les expéditions ukrainiennes. « Ce sont 35 Mt à 40 Mt de grains qui ne vont pas toucher le marché, entraînant une tenue des cours extrêmement élevée pénalisant de fait nombre d’acheteurs, dont les pays d’Afrique subsaharienne habitués jusque-là à produire la farine nécessaire à partir d’un blé bon marché », continue Jean-François Lépy. Il reste que la Russie aurait exporté des céréales ukrainiennes en les expédiant vers la Turquie avant de rejoindre des destinations frontalières comme la Syrie.
Vracs agricoles : situation contrastée
Enfin, la situation des vracs agricoles a été contrastée au GPM de La Rochelle avec des flux pour l’alimentation animale faible en raison des taux de fret élevés. Avec la crise de la grippe aviaire, les fertilisants ont tiré leur épingle du jeu, grâce à des stocks élevés. En effet, selon Francis Grimaud, direceur de EVA, les flux des produits végétaux pour l’alimentation animale perdent 9%, d’une campagne à l’autre à 175 920 t. Des trafics qui se composent de coques de soja, de tourteaux de colza, de tourteaux de tournesol et de tourteaux de soja. Les flux de tourteaux de tournesol ont été arrêtés à l’été 2021 en raison de taux de fret en forte hausse et d’une offre régionale déjà importante par le biais de l’usine Saipol à Bordeaux.
Des arbitrages qui n’ont pas aidé La Rochelle
Et, sur le début d’année, l’importation de tourteaux souffre sur la façade atlantique. Les trafics sont en retrait à La Rochelle. Depuis le début d’année, le port charentais a accueilli uniquement des entrées de tourteaux de soja. Face à la hausse continue des prix des tourteaux de soja et du fret sur le deuxième semestre 2021, les fabricants d’aliments ont procédé à de nombreux arbitrages en formulation.
Crise des prix et crise aviaire
De plus, la crise ukrainienne a contribué à la poursuite de l’aggravation des prix. À cette crise des prix, s’est ajoutée une crise de la demande avec la grippe aviaire qui a provoqué l’abattage de 30 millions de volailles, réduisant de fait les besoins en alimentation animale. Les remises en place fin mai-début juin permettent une timide reprise de la consommation de matières premières protéinées.
Baisse de la récolte de colza
Le colza d’origine Union européenne a connu, pour sa part, une récolte atteignant péniblement les 17 Mt alors que la trituration européenne a besoin de 24 Mt. Le manque de graines, même partiellement comblé par la production australienne, a entrainé une importante revalorisation du colza. La demande élevée en compensation du soja non OGM, moins accessible, a renchéri encore les prix des tourteaux de colza. Autre facteur à prendre en considération, les taux de fret ont connu des hausses importantes. « Avec des taux entre l’Allemagne et la France qui passent de 20 € à 50 €, l’importation devient problématique », précise Francis Grimaud.
Tournesol : La Rochelle pénalisée par les taux de fret
Les récoltes de tournesol, de septembre-octobre, se sont quant à elles bien passées. La Russie et l’Ukraine ont produit respectivement 16 et 17 Mt. Des volumes qui s’affichent comme des records. Comme pour le soja, les taux de fret maritime ont pénalisé la place rochelaise.
Des flux qui se sont concentrés sur Montoir et Lorient
En effet, pour être compétitifs par rapport aux productions métropolitaines, il a fallu augmenter les chargements de navires à 25 000 t contre 12 000 t précédemment. « Une forte évolution pas nécessairement en phase avec le marché qui nous concerne à La Rochelle », indique Francis Grimaud. Alors, les flux se sont concentrés sur Montoir et Lorient.
La concurrence de Bordeaux
De plus, l’usine de Saipol à Bordeaux fonctionné à 99% en tournesol. Cette activité de trituration de tournesol a permis de sortir des tourteaux à grande échelle. Le GPM de Bordeaux est même allé jusqu’à concurrencer Montoir et Lorient. Dans ce contexte, le GPM de La Rochelle s’est trouvée enfermée entre Bordeaux et Montoir qui ont réceptionné de grands navires. Le début du conflit en Ukraine a tout arrêté.