Rodolphe Saadé : « Les bénéfices d’aujourd’hui sont les fruits de nos investissements d’hier »
Auditionné par la Commission des affaires économiques et la Commission de l’Aménagement du territoire et du développement durable du Sénat le 20 juillet, Rodolphe Saadé, président directeur général du groupe CMA CGM a donné une analyse de la situation du transport maritime et des ports. Il propose des pistes de réflexion.
Face à la hausse des taux de fret du transport maritime au cours des dernières années et des bénéfices engrangés par le groupe CMA CGM, les sénateurs de la Commission des affaires économiques et celle de l’Aménagement du territoire et du développement durable du Sénat ont trouvé un interlocuteur disposé à répondre franchement à leurs interrogations.
Le groupe a constamment investi
Après avoir rappelé l’histoire du groupe CMA CGM, Rodolphe Saadé a souligné l’importance pour le groupe de maintenir un taux d’investissement malgré les cycles économiques. Chaque année une partie des bénéfices sont investis. Alors, « les bénéfices d’aujourd’hui sont les fruits de nos investissements antérieurs et les fondements de nos profits de demain », a déclaré Rodolphe Saadé devant les membres des deux commissions sénatoriales.
Une crise qui a révélé des situations latentes
Revenant sur la hausse importante des taux de fret, Rodolphe Saadé a indiqué que « cette crise n’a pas fait naître de nouvelles situations mais a révélé des situations latentes ». Et face à cette situation, inédite depuis plusieurs années, le groupe CMA CGM « a toujours assumé ses responsabilités vis-à-vis de la France ».
Des mesures contre l’inflation
Face à la hausse des taux de fret, Rodolphe Saadé a rappelé s’être engagé dans la lutte contre l’inflation. Le groupe a pris plusieurs mesures comme le gel des taux de fret dès le mois de mai 2021, puis une réduction de 500€ pour tous les conteneurs en provenance d’Asie vers la Métropole et les DOM TOM. De plus, a continué le pdg de l’armement, le groupe a donné un accès réduit à des PME françaises pour disposer d’allocations sur des navires. « Nous avons pris notre part de responsabilité. J’ai fait des propositions au gouvernement. À lui de prendre ses responsabilités ».
« Où étiez-vous quand les taux de fret étaient à 350$ ? »
Pour certains sénateurs, cette progression importante des taux de fret a amené des bénéfices records. Les parlementaires ont demandé au pdg du groupe s’il pensait suffisamment payer d’impôts sur ces profits. Rodolphe Saadé a rappelé que le groupe paye une grande partie de ses impôts en France. Quant aux bénéfices réalisés en 2021, il a simplement demandé aux sénateurs « où étiez-vous quand nous avions des taux de fret à 350$ ? »Et profitant de disposer d’un temps de parole devant les sénateurs, il a renvoyé les parlementaires vers ses concurrents. « Arrêtez de vous focaliser sur le groupe CMA CGM et regardez aussi ce que réalisent nos concurrents qui desservent le marché français. »
Des commandes de navires de 10 000 EVP à 15 000 EVP
Les derniers navires sortis des chantiers affichent des tailles importantes avec plus de 24 000 EVP. Pour le pdg du groupe CMA CGM, techniquement il est possible d’aller au-delà, « mais nous sommes arrivés à la taille maximum pour le marché ». Et pour preuve, les derniers navires commandés par le groupe sont des unités entre 10 000 EVP et 15 000 EVP.
Ports : le système français fonctionne bien
Enfin, parmi les sujets abordés, le système portuaire français a fait l’objet de nombreuses questions. Face à la situation générale du monde maritime depuis plusieurs mois, Rodolphe Saadé a rappelé que la congestion portuaire en France est exceptionnelle. Globalement, il a reconnu que le système portuaire français fonctionne bien. « Il ne sert à rien de critiquer quand le fonctionnement est correct. Les ports français sont compétitifs face à leurs concurrents étrangers ».
Investir dans les zones logistiques
Une situation convenable qu’il faut maintenir. Pour cela il a expliqué avoir donné des pistes de réflexion au gouvernement. Il propose, notamment, d’investir dans les ports pour éviter l’attente de navires dès le manque de place sur les terre-pleins. Un agrandissement des ports qui doit se combiner avec le développement de la multimodalité, l’installation de zones logistiques et de zones de soutage au GNL. « Dans les ports que nous gérons, nous favorisons le développement de zones logistiques pour une plus grande attractivité », a complété Rodolphe Saadé.
Outre-mer : faire entrer le privé dans les GPM
Quant aux ports en outre-mer, il recommande d’augmenter le tirant d’eau des installations portuaires pour « rehausser le niveau de service des ports ». Ensuite, il plaide en faveur de l’entrée du privé dans les organes de décisions des Grands ports maritimes d’outre-mer.