Corridors et logistique

Pétrole : le marché est attendu en croissance pour 2023

Dans son analyse de marché du mois de février, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) table sur une progression de la demande en pétrole pour 2023.

Le marché du pétrole s’ouvre, en 2023, sur des perspectives encourageantes, selon la dernière analyse publiée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) le 16 février. Après une baisse de la consommation au dernier trimestre 2022, l’AIE table sur une progression de la consommation de 2 Mbarils par jour (b/j) à 101,9 Mb/j. Et dans ses perspectives, elle prévoit que l’offre devrait rester supérieure à la demande au cours du premier semestre de cette année. Néanmoins, précise l’agence, la situation pourrait s’inverser si la reprise économique, notamment en Chine, se confirme.

Une hausse liée à la situation en Chine

Une augmentation qui tient, en premier lieu, à la fin des mesures sanitaires en Chine. Cette ouverture pourrait relancer le trafic aérien du pays et donc augmenter la demande en kérosène. Alors, l’AIE prévoit une hausse de la demande chinoise en pétrole de 900 000 b/j. Et plus précisément, s’agissant du kérosène, cette augmentation devrait s’établir à 1,1 Mb/j pour totaliser 7,2 Mb/j, soit 90% des niveaux de 2019.

Une offre à 100,8 Mb/j

Du côté de l’offre, elle s’est maintenue en janvier à 100,8 Mb/j. Une pause, note l’AIE après une diminution de 1,2 Mb/j en fin d’année 2022 en raison de la baisse de production aux États-Unis et en Arabie Saoudite. L’agence internationale de l’énergie table sur une progression de 1,2 Mb/j en 2023 surtout par les pays non-Opec. La production des pays de l’Opec devrait se réduire en raison des sanctions prononcées contre la Russie.

Raffineries aux États-Unis: en maintenance depuis le phénomène de froid polaire

Quant aux raffineries, elles ont vu leur activité se réduire en janvier de 730 000 b/j. Après les pannes enregistrées pendant le phénomène polaire survenu outre-Atlantique en janvier dans les raffineries, les travaux de remise en état se poursuivent. Pour l’AIE, le déclin du raffinage devrait se confirmer en février avec ces travaux de maintenance. En Europe, la baisse de la demande par le transport routier et un temps doux ne devrait pas altérer la demande, notamment en raison des sanctions contre la Russie.

Sanctions contre la Russie: des effets sur le marché

Outre ces éléments, les sanctions contre la Russie pèsent sur ce marché. L’interdiction d’importer du pétrole russe, en vigueur depuis le 5 décembre, n’a pas joué son rôle. Selon l’analyse de l’AIE, la Russie a exporté 8,2 Mb/j en janvier. Des exportations de pétrole brut en hausse de 300 000 b/j entre décembre et janvier mais en retrait de 450 000 b/j vers l’UE. Cette situation s’explique aussi par la baisse de la production en janvier. En effet, la production russe de brut a perdu 160 000 barils/jour par rapport au niveau d’avant l’invasion. Bien plus, selon le vice Premier ministre russe, la Russie pourrait réduire sa production pétrolière de 500 000 b/j en mars plutôt que de le vendre à des pays alignés sur les décisions du G7.

Les sanctions entrée en vigueur depuis le 5 février

Enfin, du côté des produits pétroliers, l’entrée en vigueur le 5 février des sanctions contre les produits pétroliers russes pourrait redistribuer les cartes. Alors, la Chine va développer sa propre production de produits pétroliers et développer ses exportations. De plus, de nouvelles raffineries en Afrique et dans le Moyen-Orient doivent entrer en activité et donc entraîner une hausse des potentiels d’exportation.

Les non membres de l’Opec + orienteront le marché

Au final, avec la baisse de production en Russie et les hausses limitées par les pays producteurs de l’Opec+, les analystes se tournent vers les pays non-membres de l’Opec. La hausse de la production est attendue, en 2023, à 8,2 Mb/j grâce aux puits des États-Unis, du Brésil, de la Norvège, du Canada et du Guyana. Du côté des producteurs membres de l’Opec, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis annoncent une hausse de leur production. Les autres pays de cette organisation restent peu diserts sur leur prévision de production.

Stocks mondiaux: un niveau en baisse

Enfin, les stocks de pétrole mondiaux ont subi une chute sévère en perdant 69,8 M barils en décembre tout en restant supérieurs de 40,5 M barils par rapport au même mois de 2021. Dans les pays de l’OCDE, les stocks ont perdu 18,1 M barils en décembre à 2 767 M barils. Un niveau inférieur de 95,7 M de barils par rapport aux stocks moyens de ces cinq dernières années. Le Japon, l’Europe et les États-Unis disposent de 28 M barils en stock en janvier, dont une grande partie, note l’AIE, se situent outre-Atlantique.

Progression des flux de brut entre les États-Unis et l’Europe

Fort de ce contexte, le marché des armateurs pétroliers connaît un regain d’activité sur les premières semaines de 2023. Les rapports des courtiers de fret soulignent l’abondance de pétrole brut entre le golfe du Mexique et l’Europe. Dans son rapport hebdomadaire, le courtier Xclusiv note que le volume moyen actuel se situe aux environs d’un million de barils par jour. Et pour le mois de mars, ce niveau pourrait atteindre 1,5 Mb/j. Deux éléments expliquent l’abondance de ce flux. En premier lieu, les opérations de maintenance et de réparation des raffineries aux États-Unis et la récession économique ont entraîné une moindre demande en brut.

Le brut indien importé vient à 30% de Russie

Quant aux exportations russes, elles se dirigent majoritairement vers l’Asie. L’Inde a importé 1,4 Mb/j en janvier, soit 9,2% de plus qu’en décembre. Selon Xclusiv, la Russie représente 30% des importations du pétrole brut indien. De plus, le gouvernement de New Dehli a obligé les raffineries des sociétés étatiques à annuler les opérations de maintenance pour produire des produits pétroliers. Une décision qui signifie une hausse des approvisionnements en pétrole brut vers l’Inde. Alors, même si les coûts logistiques du brut de Russie vers l’Inde sont élevés, la baisse du brut russe permet à l’Inde de s’approvisionner à bon marché.

Chine: des économies pour les raffineurs

Du côté de la Chine, les importations de pétrole brut russe ont permis aux raffineurs d’économiser plusieurs millions de Dollars. En février, les importations de brut russe en Chine ont atteint 3,89 M b/j en décembre. Et, continue le courtier de fret, le mois de février devrait atteindre un nouveau pic avec 5,62 M b/j. Des flux qui sont, pour les opérateurs de pétrolier, une aubaine pour voir leurs revenus augmenter.