Juridique et social

Convention de Hong-Kong: la déception de ShipBreaking Platform

Après l’annonce de la prochaine entrée en vigueur de la convention de Hong Kong sur le recyclage des navires, Shipbreaking Platform regrette que ce texte n’ait pas l’impact souhaité. Elle en appelle au recours à la convention de Bâle.

L’annonce de l’entrée en vigueur de la convention de Hong Kong le 25 juin 2025 ne réjouit pas toutes les parties. Dans un communiqué du 3 juillet, Shipbreaking Platform s’inquiète que ce texte « ne permette pas le recyclage durable des navires ». Bien plus, continue l’organisation, ce texte « risque de compromettre les lois existantes et les efforts de réforme visant à remédier aux pratiques dangereuses et polluantes de ce secteur ».

Négligence les règles de gestion des déchets toxiques

En effet, selon l’analyse de l’organisation, la convention va dans le sens opposé recherché. Il légitime le démantèlement des navires sur les plages (beaching) et « néglige les droits des travailleurs ainsi que les règles internationales en matière de gestion des déchets dangereux », indique Ingvild Jenssen, directrice de Shipbreaking Platform.

Moins de contrôle que la convention de Bâle

Une position qui est soutenue par des institutions internationales. Ainsi, selon l’ONG, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les déchets toxiques et les droits humains, le Parlement européen et le Centre pour le droit international dénoncent les lacunes de cette convention. De plus, les pays membres de la convention de Bâle sur le commerce mondial des déchets reconnaissent que la convention de Hong-Kong ne fournit pas un niveau équivalent de contrôle à celui de la Convention de Bâle, car elle n’empêche pas le dépôt de navires toxiques dans les pays en développement.

Une convention pour soutenir le démantèlement sur les plages

Pour Shipbreaking Platform, la nouvelle convention pose des normes en deçà de celles déjà édictées par le règlement européen. En effet, elle ne fixe aucune exigence. Elle se contente de demander le respect des règles nationales sur la gestion des déchets dangereux. Encore, elle soutient la pratique du démantèlement des navires sur les plages, une pratique depuis longtemps associée à la pollution et aux risques sanitaires tant pour les travailleurs que pour les communautés locales. Enfin, elle ne prévoit pas de mesures de protection pour les travailleurs qui participent aux opérations de démantèlement des navires.

Des chantiers asiatiques conformes

Ainsi, des chantiers de démantèlement des navires dans le sud-est asiatique prétendent déjà se conformer aux normes de cette convention. Cependant, « des audits indépendants de ces installations effectués par la Commission européenne ont révélé plusieurs problèmes graves », continue Shipbreaking Platform. Pour l’ONG, cette convention vise à protéger les intérêts des compagnies maritimes. Ces dernières, accuse l’ONG, cherchent à éviter de payer « le véritable coût d’un recyclage durable et éthique des navires ».

Une convention qui ne résout pas les problèmes

La déception de Shipbreaking Platform est partagée par d’autres organisations. « C’est un moment peu glorieux pour l’OMI« , déclare Sigurd Enge, conseiller principal à la Fondation Bellona. Nous avons attendu pendant quatorze ans une convention qui ne résout pas les problèmes qu’elle était censée traiter. La Convention de Hong Kong est déjà adoptée par les chantiers de qualité inférieure sur les plages en Inde et au Bangladesh, donc en pratique, il n’y aura aucun changement ». Les choses ne changeront pas, « bad business as usual », continue Sigurd Enge.

Appliquer la convention de Bâle

La seule porte de sortie se retrouve dans la convention de Bâle et le règlement européen. Et Jim Puckett, directeur du Basel Action Network (BAN), appelle à revenir à l’esprit de cette convention. Son objectif, rappelle le directeur du BAN, vise à « empêcher que le Sud ne devienne la décharge des industries et des nations riches. L’industrie maritime doit intégrer les coûts de recyclage durable des navires. » Il demande un soutien pour renforcer les capacités de chantiers qui répondent aux meilleures pratiques de l’industrie.