Juridique et social

Tension sociale dans les ports canadiens

Après un week-end de grève dans les ports de l’ouest canadien du 30 juin au 2 juillet, les employeurs des ouvriers portuaires canadiens ont quitté, le 3 juillet, la table des négociations. La tension monte d’un cran sur les quais des ports canadiens.

L’accord entre les dockers canadiens et les manutentionnaires s’est achevé le 31 mars. Depuis lors, les partenaires sociaux négocient. D’un côté, les ouvriers dockers représentés au sein de l’ILWU. D’un autre côté, les employeurs réunis au sein de la BCMEA (British Columbia Maritime Employers Association).

11 shifts consécutifs de grève

Le 4 juillet dans un communiqué, l’association des manutentionnaires indique que le mouvement social continue dans les principaux ports canadiens, notamment Vancouver et Prince Rupert. « La grève a interrompu le travail dans la majorité des terminaux portuaires de Colombie britannique. Un mouvement qui s’étend sur 11 shifts continus. Un mouvement qui perturbe les chaînes logistiques et impacte directement les Canadiens et leurs affaires », souligne le texte de la BCMEA.

Une remise à zéro des négociations

Le syndicat de dockers a décidé de continuer l’action après le week-end pour maintenir la pression sur les négociations. Or, du côté patronal, les choses ne s’entendent pas de la même façon. En effet, lors de la reprise des discussions, la partie patronale a décidé, le 3 juillet de quitter la table des négociations. « La BCMEA souhaite que cette pause dans les négociations permette une remise à zéro. L’ILWU ne démords pas de ses positions », continue la BCMEA.

Les trois principales revendications syndicales

En effet, lors de l’annonce du mouvement social du 30 juin, l’ILWU a mis en avant trois revendications essentielles. La première vise à arrêter l’hémorragie des heures travaillées en ayant recours à une main d’œuvre extérieure. La deuxième s’oppose à l’automatisation des terminaux « pour protéger les générations futures de son impact ». Enfin, le troisième point est destiné à lutter contre l’inflation et la hausse importante des prix.

Le refus des travaux de maintenance

La situation reste bloquée. Du côté patronal, il est reproché au syndicat de vouloir étendre le champ d’application de l’accord aux travaux de maintenance. L’ILWU se défend de vouloir étendre le champ d’application de l’accord à ces travaux. Pour le syndicat, le point de désaccord sur les travaux de maintenance tient surtout au recours à des sociétés extérieures. Or, pour l’ILWU, « utiliser des ouvriers dockers pour ces travaux serait plus rentable et aboutirait à une meilleure qualité de travail, en raison de l’expérience et des compétences de ces ouvriers », souligne l’ILWU.

17% des tâches laissées insatisfaites

De son côté, la BCMEA soutien que les dockers n’ont pu assumer l’ensemble des tâches en raison d’un manque de personnel. Et pour apporter des éléments chiffrés, la BCMEA indique qu’en 2022, 17% des emplois des dockers n’ont pas été assurés en raison de ce manque de salariés. « Ces manques ont eu un impact direct sur la productivité des terminaux portuaires en raison du retard des travaux de maintenance. Nous avons un intérêt commun avec les dockers à résoudre ce manque de personnel. »

Le refus de former

Pour sa part, le syndicat nie cet état de fait. « Nous disposons de la main d’œuvre nécessaire. Il s’agit plutôt d’une décision des manutentionnaires de ne pas employer les ouvriers dockers. Le souci, continue ILWU, tient principalement au refus des membres de la BCMEA de les utiliser et de les former ». Un argument que la BCMEA refute. Elle soutient que ses members ont provisionné 42,5 M$ dans la formation pour 2023.

Négociations directes

Face à ce dialogue de sourd, la situation semble inextricable. Pour trouver une issue de sortie, l’ILWU a proposé de négocier directement avec quatre des principaux manutentionnaires des terminaux de Vancouver et Prince Ruppert. Des discussions qui porteront sur les questions de maintenance. Du côté patronal, l’attitude consiste à vouloir négocier plus largement. « Nous sommes décidés à trouver un accord qui satisfasse les deux parties », assure la BCMEA.