Juridique et social

Brexit : Les douaniers inquiets maintiennent la pression

Le Brexit arrive à grands pas. À 23 jours de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, les conditions de sortie ne sont toujours pas claires et définies. Dans ce contexte, différents syndicats d’agents des douanes ont lancé un mouvement social depuis le 3 mars au soir. Des rencontres sont prévues le 11 mars mais, dès aujourd’hui des files de camion s’allongent aux portes des ports de Calais et de Dunkerque.

Calais et Dunkerque ont répondu à l’appel de mouvement de la part de l’intersyndicale Unsa, CFDT et CGT qui a démarré le 3 mars au soir. Sitôt démarré ce mouvement a eu pour conséquence de créer une file d’attente longue de camions dans les deux ports du Détroit du Pas-de-Calais. Les douaniers sont entrés dans un mouvement de « grève du zèle » en procédant systématiquement au contrôle de tous les camions qui se présentent aux terminaux. Les organisations syndicales des douaniers veulent démontrer, à travers ce mouvement, les conditions de travail qu’ils subiront dès le 29 mars, date du Brexit. Au-delà de cette revendication, c’est tout un chapelet de revendications que les douaniers ont porté devant leur direction. Elles concernent des revalorisations salariales mais aussi l’amélioration des conditions de travail. Pour la CFDT Douanes, « le Brexit, dont les effets ont été sous-dimensionnés par notre administration et notre ministère, arrive à grands pas et va encore plus impacter les conditions de travail, l’exercice des missions douanières, l’accompagnement des petites et moyennes entreprises et compliquer la lutte contre les trafics divers ».

Le mouvement a vite fait tâche d’huile. Le 6 mars, les douaniers d’Ile de France sont entrés dans le mouvement. Celui-ci n’est plus donc propre à la région des Hauts de France. « Spontanément, les collègues de la Gare du Nord à Paris ont rejoint le mouvement. Avec un grand succès. De même, les collègues de Marignane ont décidé ce matin d’entrer dans l’action », indique un communiqué de la CGT Douanes. Du côté de la CFDT, le manque de moyens et de personnels ne permettra pas de faire face aux exigences qui devraient naître de l’entrée en vigueur du Brexit.

Dès le 5 mars, le directeur général des Douanes s’est rendu dans le nord de la France pour rencontrer les représentants syndicaux. La CGT s’inquiète du peu d’intérêt que le directeur apporte au mouvement en déclarant dans un communiqué qu’il venait « pour tenter d’éteindre l’incendie, pensant que ce mouvement était juste local… » Une position partagée par les deux autres syndicats de l’intersyndicale (Unsa et CFDT) qui accusent la direction générale de s’être rendu sur place pour « enrayer l’action revendicative ». Le directeur général se serait plaint de devoir négocier « avec un revolver sur la tempe », a indiqué l’Unsa dans un communiqué. « À force de ne pas écouter les revendications portées par les représentants des personnels, de ne pas entendre les propositions des syndicats depuis plusieurs mois, il se retrouve dos au mur », répond l’Unsa.

Dans ce contexte, l’intersyndicale demande à être reçue par le ministre pour désamorcer le mouvement. Les responsables syndicaux s’inquiètent de la réponse de la direction des Douanes de Dunkerque qui menace de sanctions disciplinaires les agents qui procèderont à des contrôles arguant que cela « constitue un trouble à l’ordre public ». Pour l’Unsa, « ce comportement n’aura pour effet que de radicaliser les mouvements de contestation et de creuser davantage le fossé entre la hiérarchie et les agents ».

Et, cerise sur le gâteau, les agents s’indignent des dernières déclarations du président de Getlink. Celui-ci aurait déclaré à propos du Brexit et des conditions de travail des douaniers, « Il y aura aussi un temps d’adaptation pour les douaniers qui seront à pied d’œuvre à Coquelles dès le 29 mars, le temps qu’ils sachent où se trouvent la prise ou la machine à café. » L’Unsa demande à la direction générale une réaction afin de dénoncer « l’atteinte au renom de l’administration ».

À ce jour, la direction générale des Douanes n’a publié aucun communiqué sur le sujet. Le dernier communiqué de la DG concerne la saisie de cigarettes de contrebande à Calais. Contacté, nous attendons une réponse de la DG.