Corridors et logistique

Céréales : la campagne s’annonce sous de bons auspices

Le conseil spécialisé Céréales de FranceAgriMer, qui s’est réuni le 9 octobre, a estimé que la campagne céréalière de cette année s’annonce sous les meilleurs auspices. La récolte française a été bonne et les principaux concurrents réduisent leur potentiel exportable.

Il y a du pain sur la planche pour les opérateurs céréaliers français cette année. La campagne 2019/2020 pourrait devenir le mètre étalon si les conditions actuelles telles que définies par FranceAgriMer se confirment. Tant sur le blé tendre que le blé dur, les premières estimations sont bonnes. La récolte 2019 établie la production de blé tendre en France à 39,7Mt, en hausse de 16,7%. Un second record pour cette céréale, note la direction de FranceAgriMer. La part des exportations devrait croître proportionnellement de 16,7% et atteindre 20,1Mt, selon les prévisions au 30 septembre. Les grains destinés aux pays tiers pourraient bénéficier le plus de cette progression. Ils sont attendus à 11,7 Mt au 30 septembre, « soit 700 000 t de plus que ce que nous avions envisagé au 31 août », indique le conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer. Un volume qui représenterait une hausse de 21%. Les exportations vers les pays de l’Union européenne devraient pour leur part augmenter de 13,5% à 8,3 Mt. De quoi donner le sourire aux opérateurs. Or, la tendance reste encore à l’attentisme. « Nous avons une bonne production mais aussi des blés de qualité, a souligné le président du conseil spécialisé. Benoît Piètrement. Nous devons saisir toutes les opportunités pour s’imposer sur le marché ». Du côté des agriculteurs, l’analyse de la situation est différente. S’ils ne veulent pas commettre la même erreur que l’an passé lorsqu’ils ont attendu le mois de janvier en espérant une hausse des prix qui n’est pas venue, ils veulent malgré tout voir le Fob Rouen à un prix couvrant leurs coûts de production. Néanmoins, malgré ce prix bas, la tendance à la rétention des blés dans les greniers reste moins prégnante que l’an passé.

La position de la Russie et de l’Ukraine

D’autant plus que traditionnellement l’Ukraine et la Russie inondent le marché de leur blé dès le début de la campagne. Cette année, les deux pays se font attendre. D’une part, la Russie a un volume exportable en baisse sur la récolte 2019 à environ 32,5 Mt. Quant à l’Ukraine, les exportations sont regardées régulièrement par les autorités pour disposer en domestique de ses propres besoins. Des changements qu’il ne faut pas prendre comme des modifications structurelles de long terme mais qui offrent à la production française des opportunités à saisir. Déjà, sur les trois premiers mois de la campagne la France a réussi à imposer l’équivalent de trois navires sur l’Égypte. L’Algérie, premier client pays tiers de la France devrait consommer quelques 5Mt de blé tendre français.
Du côté du blé dur, les années précédentes ont été difficiles en France et la surface cultivable s’est réduite. Une tendance qui s’est déclinée sur l’ensemble du territoire européen qui a vu ses surfaces de blé dur perdre 25%. Or, cette année, le Durum Canadien a subi des aléas climatiques de grande envergure avec de fortes pluies. Les experts s’interrogent sur la production canadienne tant en quantité qu’en qualité. En Europe, la sécheresse de l’été et des fortes pluies dans certaines régions laissent des doutes sur la qualité pastifiable des blés tendres. La situation française apparaît comme moins catastrophique. Avec une production de 1,6 Mt, le blé dur français accuse un repli de 12,8%. Néanmoins, cette céréale est convoité par les pays voisins. La mauvaise production italienne et espagnole conjuguée avec la baisse de production canadienne amène les deux pays méditerranéens à se tourner vers la France pour leur approvisionnement.

Orges: quelle position la Chine adoptera

Enfin, les orges ont connu sur la campagne 2018/2019 une production en baisse de 7,5% en France à 11,1 Mt. La campagne actuelle se situe à un meilleur niveau. Les prévisions tablent sur une production de 13,6 Mt, en hausse de 22% par rapport à la campagne précédente. Sur les premiers mois de la campagne actuelle, l’Arabie Saoudite a déjà acheté 1,8 Mt. À la même époque de la campagne précédente, les achats saoudiens s’élevaient à 4,7 Mt. Une situation qui pourrait changer en fonction de la météo en Arabie Saoudite. Un temps sec réduit la production locale et oblige les consommateurs locaux à importer une plus grande quantité d’orge. À l’international, l’orge dépend aussi en partie de la position de la Chine. La peste porcine a largement affecté le bétail chinois, impliquant uen baisse des importations pour les fabricants d’aliments de bétail. Pour FranceAgriMer, l’orge sera utilisé en grande partie par le marché domestique des fabricants d’aliments de bétail. Les exportations pourraient aussi progresser de 15,3% à 7,1 Mt.