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Ghana : une année 2018 sous le signe de la croissance

Le Ghana Shipper’s Council, conseil des chargeurs ghanéens, a publié les résultats du commerce international du pays. La quasi totalité des trafics se réalisent par les ports de Téma et Takoradi qui montrent une croissance au cours de l’année passée.

L’Organisation mondiale du commerce a estimé la croissance des échanges mondiaux à 3,9% pour 2018 contre 4,7% en 2017. Le tassement de cette croissance mondiale est liée aux différentes tensions dans le monde, explique le conseil des chargeurs du Ghana (CCG). Au niveau national, le Ghana semble avoir tiré son épingle du jeu. La mesure du commerce extérieur du Ghana prend toute sa dimension avec les trafics portuaires qui englobent la quasi majorité des trafics. Alors, avec un taux de croissance de 8,3% à 22 Mt, le trafic portuaire ghanéen se porte bien. Une progression des trafics portuaires qui est liée à la bonne tenue des courants de vracs secs et des lignes régulières conteneurisées. Les vracs secs ont augmenté de 23% à 9 Mt quand les trafics conteneurisés ont vu leurs volumes croître de 9% à 7,8 Mt. Du côté des diminutions, les vracs liquides s’érodent en perdant 16,2% à 2,8 Mt et les trafics de marchandises diverses perdent 3,8% à 2,2 Mt.

Source: Ports et Corridors

L’analyse par port reflète la bonne santé économique du pays. Qu’il s’agisse de Takoradi ou de Téma, les deux ports sont en hausse en 2018. Avec 14,4 Mt réalisées en 2018, le port de Téma reste le principal établissement du pays. Il a enregistré une croissance de 7,3% en 2018. Quant à Takoradi, sa progression de 10,3% à 7,5 Mt se fait sur des courants sur lesquels le port de Téma régresse. Un constat qui montre la complémentarité entre les deux ports.

Le port de Takoradi est avant tout dédié aux vracs secs. Il exporte 3,8 Mt de manganèse et 1 Mt de bauxite pour 684 458 t de clinker. Le port de Téma est, pour sa part, dédié aux trafics d’importation de céréales. Globalement, le trafic à l’export se fait principalement à destination de l’Extrême-Orient. À l’import, les trafics de vracs secs sont avant tout en provenance de la l’Europe méditerranéenne.

Téma spécialisé sur les vracs liquides

Les trafics de vracs liquides se fait surtout à l’import sur le port de Téma. Avec un trafic de 2,7 Mt, Téma enregistre malgré tout une perte de 18% de ce courant. Takoradi a vu ses volumes progresser de plus du double à 126 423 t. Les importations de vracs liquides se font surtout depuis l’Afrique et le nord de l’Europe. Le trafic de produits liquides vers le Ghana depuis l’Afrique tient à l’industrie locale. Avec un peu plus de 1 Mt, l’Europe du nord alimente aussi le marché ghanéen.

Les marchandises diverses ont connu des sorts différents. Les conventionnelles ont perdu de leur volume sur les deux ports ghanéens quand les trafics conteneurisés gagnent en tonnage à Téma et perdent de leur teneur sur Takoradi. Les marchandises conventionnelles proviennent à hauteur de 68% de l’Extrême-Orient. Elles se composent de riz en sac, de produits métallurgiques et de sucre en sac.

Parmi les principaux opérateurs conteneurisés figurent Mærsk, MSC, Hapag Lloyd, CMA CGM, Cosco et Grimaldi. ©DR.

Quant aux trafics conteneurisés, le trafic global des ports ghanéens est en hausse de 9% à 7,8 Mt. Dans le port de Téma, le tonnage progresse de 14,5% à 6,8 Mt. Takoradi a enregistré une baisse de son volume conteneurisé en tonne avec 18,5% à 977 676 t. En EVP, la situation est meilleure avec une progression dans les deux ports. Au global, le trafic conteneurisé des deux ports a afficher une croissance de 1,2% à 653 450 EVP. C’est sur les quais de Téma que la majorité des trafics conteneurisés se réalisent. Le port de l’est du pays, Téma, a réalisé 612 389 EVP, soit une progression de 8%. À Takoradi, le trafic conteneurisé a totalisé 41 161 EVP, en hausse de 24%. À l’import, les trafics conteneurisés sont avant tout des produits alimentaires, des produits chimiques et de la viande congelée. Des trafics qui proviennent en premier lieu d’Extrême-Orient et d’Afrique. À l’export, le Ghana exporte principalement des fèves de cacao, des produits cacaoyiers et des noix de cajou. À l’export, les conteneurs partent vers l’Asie et le nord du continent européen. Des trafics qui sont réalisés à plus de 50% par les deux premiers opérateurs mondiaux conteneurisés. Mærsk pèse 32,3% du trafic sur les deux ports avec 211 074 EVP. MSC représente 21% avec 137 490 EVP.

CMA CGM en quatrième position derrière Mærsk, MSC et Hapag Lloyd

Le classement des opérateurs mondiaux n’est pas représenté puisque le troisième armateur conteneurisé présent dans les ports ghanéens revient à Hapag Lloyd. Avec 49 592 EVP, l’armement allemand entre avec 7,6%. China Ocean Shipping entre à la troisième place du classement avec un trafic de 644 000 t. En conteneurs, l’armement chinois 63 334 EVP, dont 54 528 EVP à l’import et 8 806 EVP à l’export. Le quarté de tête se ferme avec le groupe français CMA CGM. Il vient en quatrième place avec 7,2% à 47 056 EVP. Néanmoins, le groupe français a réussi à équilibrer ses trafics entre l’import et l’export avec un léger déséquilibre en faveur des importations. En effet, CMA CGM réalise 29 643 EVP à l’import du Ghana pour un trafic de 17 413 EVP à l’export. Enfin, le quinté de tête des opérateurs conteneurisés se termine avec Pacific International Line qui a réalisé en 2018 30 475 EVP, soit 4,6% du trafic conteneur ghanéen.

Les ports ghanéens de Takoradi et de Téma jouent un rôle important pour les pays sans littoral de la région mais aussi pour du transit vers les autres pays de la côte ouest africaine. Ainsi, une partie des trafics de cacao de Côte d’Ivoire utilise les ports de Téma ou de Takoradi. Au total, le trafic de transit et de transbordement dans les deux ports du Ghana ont gagné 0,2% en 2018 à 1,1 Mt. Ces trafics ont vu leur volume perdre 3% à l’import quand ils ont gagné 62% à l’export à 89 629 t. Les volumes pour les trois pays sans littoral de la région, le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont totalisé 996 969 t en 2018, une diminution de 3,2%. Les quais ghanéens accueillent du minerai de fer, des produits métallurgiques semis finis, des boissons, du manganèse et des noix de cajou qui sont destinés ou en provenance de ces pays.

Des surestaries en baisse

Le 20 février, la présidente du Ghana Shipper’s Authority (GSA), Benonita Bismark, a annoncé dans une conférence de presse que les surestaries sont en baisse dans les ports ghanéens. Elles sont passées de 76 M$ en 2017 à 59 M$ en 2018, soit une baisse de 22%. Pour leur part, les frais de stationnement dans les deux ports de Téma et Takoradi ont progressé de 3,2% à 49,9 MGHS (soit 7,9 M€). Benonita Bismark indique que cette hausse tient à la progression du trafic. « Les surestaries des conteneurs et les frais de stationnement sont payables aux ports, a déclaré la présidente du GSA. Dès lors que les chargeurs peuvent procéder aux procédures douanières dans un délai de sept ans, ils ne payent pas ces frais. Ce sont des coûts qui peuvent facilement être évités avec un peu plus de diligence de la part de tous les intervenants ».