Corridors et logistique

Sénalia affiche une croissance sur la dernière campagne

Sénalia affiche une croissance de ses trafics de 22% à 5,9 Mt. Une performance tirée par les exportations de céréales sur l’Algérie mais aussi par les activités agro-industrielles du groupe.

La campagne 2016/2017 est rangée dans les archives. Le mauvais score réalisé au cours de cet exercice (4,8 Mt) est oublié et le manutentionnaire rouennais revient sur une tendance plus encourageante. La campagne céréalière 2017/2018 s’est montrée sous de meilleurs auspices avec un retour de la progression. Sur l’ensemble de la campagne, soit du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018, Sénalia a traité 5,9 Mt, soit une hausse de 22%.

L’activité d’exportation de céréales a augmenté ses volumes de 48,6% à 2,7 Mt. Une activité qui pèse 47% dans le trafic global du groupe. Pour leur part, les activités agro-industrielles ont progressé de 5% à 3,2 Mt. Pour la seconde année consécutive, ces activités agro-industrielles surpassent les exportations de céréales. Elles se composent de la trituration, du sucre, du bio-éthanol, du cacao, des engrais et du transit portuaire.

Les exportations de céréales ont été tirées par les trafics de blé meunier. Ils ont presque triplé d’une campagne à l’autre passant de 541 000 t à 1,6 Mt. Les orges de brasserie s’inscrivent dans la même tendance avec une hausse de 72% à 195 000 t. Le blé dur et les orges fourragères se stabilisent avec, respectivement, 85 000 t et 782 000 t. Le blé fourrager a perdu de ses volumes accusant une baisse de 86% à 32 000 t. Les oléagineux et protéagineux se stabilisent.

L’Algérie pèse 44,5% des exportations de céréales

Au cours de la campagne passée, l’Algérie a joué un rôle important en pesant 44,5% des exportations de céréales. Le Maroc et la Tunisie sont venus compléter ces flux en représentant 13,9% et 7,6%. Au total, les trois pays du Maghreb pèsent 66%, soit les deux tiers des exportations de céréales de Sénalia. L’Arabie Saoudite est entrée pour sa part à hauteur de 7,7% de ces trafics. L’Union européenne intervient pour 14,9% des exportations de céréales.

De son côté, l’activité agro-industrielle a consolidé ses différentes activités. La logistique de trituration qui comprend l’entrée dans l’usine de Saipol de colza et la sortie d’huiles, d’ester et de tourteaux, , a accusé un repli de 2,9% à 2,1 Mt. Une baisse liée à la fermeture pendant trois semaines du site pour de la maintenance. De ce fait, les principaux flux, à savoir les entrées de colza, les sorties d’ester et sorties de tourteaux se replient. Seules les sorties d’huile enregistrent une progression. L’activité du site de Lillebonne, en partenariat avec Tereos, voit ses volumes augmenter de 8% à 708 000 t. Constitué d’entrées de blé et de sorties de gluten et de drêche, le site a vu tous ces flux s’inscrire en augmentation. Le site de Robust, sur la presqu’ile Elie, a constaté les bienfaits de la suppression des quotas d’exportation et d’une récolte abondante. Avec 177 000 t traitées, le terminal sucrier a triplé ses volumes. Le cacao reste dans la même tendance que le sucre avec une progression de 20% à 142 000 t. Les arrivées de fève de cacao sont destinées aux usines de Barry Callebaut et de Cargill. Enfin, dans ces différentes activités agro-industrielles s’inscrit aussi les trafics réalisés pour le compte de l’usine de Panzani de Gennevilliers. Pour la seconde année consécutive, Sénalia reçoit par voie ferroviaire du blé dur destiné à l’usine de Panzani en région parisienne. Les céréales sont stockées dans les silos de Sénalia pour ensuite repartir par voie fluviale vers l’usine alte séquanienne. « Cette collaboration entre Panzani et notre société devrait connaître une croissance dans les mois à venir », assure Gilles Kindelberger, directeur général de Sénalia.

Panzani : l’expérience du hub

L’ensemble des activités du groupe Sénalia s’oriente vers une logistique massifiée. Le ferroviaire et le fluvial prennent une place prédominante. Sur les exportations de céréales, la route demeure majoritaire avec 59% mais le fluvial garde 25% de parts de marché et le ferroviaire 16%. une année un peu atypique puisque pendant la campagne, le groupe a subi les crues sur la Seine mais aussi les mouvements sociaux de la SNCF. « En 2018, les différentes navettes fluviales sur la Seine, l’Oise et l’Aisne ont totalisé 220 000 t. Nous pensons que nous réaliserons quelques 400 000 t en 2019 », affirme le directeur général. Face aux mouvements sociaux de la SNCF, une partie de l’activité s’est reportée sur le fluvial. La contractualisation avec les mariniers ont permis de limiter la hausse des taux de fret. Sur un voyage qui coûte 6,5€ par tonne, la hausse sans la contractualisation peut atteindre 2,5 fois du prix, soit 17€. En contractualisant, cette hausse n’a pas ét supérieur à 1€ sur le même parcours. Quant au ferroviaire, le phénomène des grèves n’a en rien entaché la mobilisation de Sénalia pour ce mode. Guillaume Pépy, président du directoire de la SNCF l’a rappelé lors de l’assemblée générale du groupe. « Je suis impressionné de l’engagement de Sénalia sur le report modal ».

Gilles Kindelberger, directeur général de Sénalia, table sur un trafic de 4 Mt pour la campagne 2018/2019. Photo ©H.D.

Sénalia a renforcé sa position dans la commission de transport en reprenant la moitié des parts de Magestiv. Ce commissionnaire était détenu par les groupes Invivo et Lecureur. Le premier souhaitant se défaire de ses parts, Sénalia s’en est porté acquéreur. Pour le groupe cela représente un volume d’affaires de 2,2 M€ et un trafic de 1Mt transportées par an. « Nous voulons développer les activités de Magestiv », affirme Gilles Kindelberger. En reprenant les parts de Invivo, Sénalia se retrouve en partenariat avec la société Lecureur sur le port de Rouen. Ainsi, l’activité trading de Lecureur reste entre les mains du groupe. Les activités de silos et de transport sont transférées et gérées par Sénalia. Pour le président de Sénalia, Thierry Dupont, les choses avancent naturellement. « J’ai toujours milité pour un rapprochement des outils coopératifs du port de Rouen. En 2018, 50% du chemin a été effectué et je ne doute pas que nous arriverons à franchir les 50% restants, avec de la persévérance, du pragmatisme et de l’intelligence collective. »

Le groupe dispose sur le site de Rouen de 367 cellules de 130 t à 70t et de quatre postes à quai avec une capacité de chargement de 1000t/h à 3000t/h. Gilles Kindelberger a rappelé que le 17 décembre le groupe a réceptionné trois nouveaux portiques offrant une capacité de chargemetn de céréales de 3000 t/h. « Un investissement de 11,5 M€ pour notre groupe », a rappelé le directeur général. Avec ces portiques l’approfondissement de la souille à 12 m, soit un mètre de plus, et du chenal d’accès permet de charger plus rapidement des navires de type Panamax.

Un investissement de 11,5 M€

Quant à la campagne démarrée au 1er juillet, les premiers mois ont été marqués par la fermeture du site de Grand Couronne pour la réception des nouveaux portiques et des travaux sur le terminal. Malgré cette fermeture anticipée en organisant malgré tout les exportations, le groupe a déjà expédié 900 000 t de céréales. Sur l’ensemble de la campagne, la direction du groupe table sur une campagne à peu près identique à celle réalisée en 2017/2018 aux envrions de 4 Mt. « Nous voulons reconquérir des marchés que nous avons perdu. Nous ne pouvons que constater que la population mondiale ne cesse de croître et nous devons la nourrir », a souligné Gilles Kindelberger. Et pour les mois à venir, le président et le directeur général ont soutenu la politique internationale du groupe. Déjà les accords avec les opérateurs au Maroc et en Algérie se déploient à leur rythme. Le groupe a aussi des visées sur l’Ukraine et le Moyen-Orient. Sénalia a participé à une mission au Qatar avec le Medef international. « Il existe un grand potentiel dans ces pays », assure Gilles Kindelberger.