Sète : En 2018, le port affiche un nouveau record
En passant la barre des 4 Mt en 2018, le port de Sète affiche un nouveau record depuis la reprise par la région Occitanie en 2007. Un trafic en hausse qui présage de nouveaux développements pour les mois à venir.
La région Occitanie doit être fière de son choix. Quand elle a repris la concession du port de Sète en 2007, elle s’est aussitôt mise au travail pour développer l’activité des activités du site. Du commerce à la plaisance en passant par la pêche, les fruits des efforts consentis ont porté leurs fruits. En 2018 en franchissant le cap des 4 Mt, le port de Sète franchi un nouveau record et confirme sa position sur le versant méditerranéen de la France. « En dix ans, nous avons gagné 1 Mt de trafic », nous confie Olivier Carmes, directeur général de l’Établissement public régional Port de Sète Sud de France. Sur les dix dernières années, le trafic a gagné 24%. Une hausse qui s’accompagne d’une croissance du chiffre d’affaires puisqu’il a augmenté de 40% sur cinq années.
En 2018, plusieurs trafics s’inscrivent en progression. L’année a été exceptionnelle pour le trafic de véhicules neufs. Les importations ont atteint 120 000 unités, soit une progression de 31%. Un trafic qui provient principalement de Méditerranée (Maroc, Roumanie et Turquie) et d’Asie (Corée et Inde). Le terminal est dimensionné pour un trafic de 100 000 unités. En réalisant un trafic de 120 000 voitures, l’opérateur et la direction du port ont su démontrer de l’utilisation optimale de l’espace portuaire. La mise en service de la zone de Zifmar dans le courant du second semestre 2019 devrait permettre d’accroître encore ce trafic. Du côté des progressions, la ligne assurée par Ekol en provenance de la Turquie s’est développée en 2018. L’ajout d’une nouvelle escale avec l’arrivée d’un second navire d’une plus grande capacité en fin d’année envoie des signes de progression. Le nouveau navire offre une capacité de 250 remorques contre 150 pour l’autre unité. « L’entrée en ligne de ce nouveau navire devrait porter ses fruits en 2019 », assure Olivier Carmes.
Quant à la filière des animaux vivants, elle reste dans une tendance positive et ce malgré un arrêt pendant plus de 4 mois et demi. En 2018, ce sont 73 000 têtes qui ont quitté le port occitan. L’arrêt en 2018 a été lié à la mise en service d’un nouveau parc à bétail. L’ancien parc situé à proximité de la ville et du terminal ferry devait déménager. « Dans un souci de bonnes relations entre la ville et le port et pour éviter les désagréments olfactifs, nous avons construit un nouveau parc à bétail au bassin Colbert que nous avons aussi agrandi. Il propose désormais une superficie de 4 400 m2 », continue le directeur général du port de Sète. Outre son déplacement, le nouveau bâtiment offre un meilleur accueil pour les animaux. Il est mieux ventilé et permet aux bêtes de se reposer avant d’entreprendre leur voyage. « C’est un investissement pour le port puisqu’il nous a coûté 2,5 M€. Nous avons confiance dans la Sepab (Société d’exploitation du parc à bestiaux). Nous avons voulu réaliser un outil logistique qui respecte la vie animale. Nous misons sur la qualité pour être reconnu internationalement. » Subissant une concurrence, que le port de Sète juge déloyale, avec les ports espagnols, le port occitan espère tirer son épingle du jeu en misant sur la qualité.
Quant aux trafics pétroliers, qui pèsent encore 25% du global, ils se sont consolidés en 2018. L’opérateur du dépôt pétrolier, le groupe BP, a été revu ses installations. Aujourd’hui les navires sont déchargés au large et le pétrole entre dans les dépôts par un sea-line. Or, cet outil est arrivé en fin de vie. L’opérateur portuaire avait alors trois solutions : refaire le sea-line, cesser le trafic ou tout refaire. C’est la troisième solution qu’il a choisi. BP a décidé de se doter d’un appontement pétrolier à l’intérieur du port. Un investissement estimé à 100 M€. Les travaux devraient comprendre aussi le dragage du port pour permettre d’accueillir des navires de 15 m de tirant d’eau.
Du côté obscur de 2018 se retrouvent les vracs solides et les diverses liées à l’éolien. Les trafics de vracs solides ont baissé en raison des suites de la décision de la Commission européenne sur la levée des taxes anti-dumping contre le biodiesel argentin. Ainsi, le trafic destiné à l’usine de Saipol sur le port de Sète a perdu environ 20%, explique la direction du port. En levant les taxes anti-dumping sur les importations de biodiesel, l’ester méthylique de soja argentin a pu gagner des parts de marché en Europe. D’autant plus qu’au même moment, les États-Unis ont augmenté les taxes sur les origines argentines. Automatiquement, de l’ester méthylique issue de soja argentin est arrivée en force en France. Les différents sites de Saipol ont été mis en cessation partielle d’activité par le groupe Avril, propriétaire de Saipol. C’est par un mobilisation de la Région, des professionnels et du groupe Avril, que le port de Sète a pu éviter de subir de plein fouet les mesures du groupe Avril mais n’a pu que contenir la baisse de ces produits. Quant aux trafics de diverses et notamment sur les pièces pour l’éolien, l’année a été moyenne, indique le directeur général du port. Avec 400 pièces traitées, 2018 n’est pas à inscrire dans les annales. Cependant, l’achat d’une seconde grue mobile Liebherr permet aux opérateurs de disposer d’une plus grande maniabilité pour les différentes opérations. Les deux grues mobiles ont été utilisées pour les opérations du terminal pétrolier de BP lors des importations des pipe-line.
Le trafic conteneurs a été revu. Après avoir signé avec P&O Ports un accord pour la gestion du terminal, le port de Sète a décidé de mettre un terme au bout d’un an au contrat. « Nous attendions, dans le cadre du contrat avec P&O Ports d’avoir un armement qui touche notre port régulièrement, explique Olivier Carmes. Nous n’avons pas eu d’armements et nous avons fait jouer la clause du contrat qui prévoyait qu’en l’absence de l’arrivée d’un armateurs nous reprendrions la gestion du terminal. Il est certain que la place de port secondaire est difficile aujourd’hui en France ». Le port souhaite alors vouloir tirer profit de son entrepôt frigorifique. La gestion de cet outil a été confiée à la société Conhexa. Déjà des premiers navires ont réalisé des escales à Sète comme cela fut le cas pour les litchis en provenance de Madagascar. De plus, avec l’escale tous les 20 jours de Grimaldi en provenance de l’Afrique de l’ouest, un fond de cale existe. Le port est en contact avec des armateurs qui pourraient compléter ce fond de cale avec des fruits pour l’entrepôt frigorifique. « Nous avons trouvé des chargeurs. Un armateur nous a approché et nous devrions pouvoir disposer d’une nouvelle ligne qui travaillerait sur du reefer et du sec ». Quant à la concession du terminal, la direction du port est revenu vers les opérateurs locaux. « Nous avons un linéaire de quai et un portique. Les opérateurs locaux Bolloré, la Sogena et SGS savent faire. » Le terre-plein de 1,7 hectares permet d’assurer une aire de stockage.
Pour l’avenir, le port de Sète investi dans de nouvelles zones. La Zifmar, zone comprise entre le port et la zone halieutique, elle offre une capacité supplémentaire de 60 hectares. Le port commence par remblayer 18 hectares. Le dragage est prévu d’être fini fin juin pour une livraison en fin d’année 2019. La concession de ce futur terminal a été remporté par la CAT, opérateur logistique automobile. Elle permettra d’étendre la zone dédiée aux véhicules neufs. La CAT a consacré une enveloppe de 11 M€ pour les travaux de cette zone. Le terminal pourra traiter jusqu’à 124 000 véhicules.
Améliorer la capacité du canal de Rhône à Sète
Le port se projette aussi sur l’intermodal. Le port a augmenté ses liaisons ferroviaires du port vers Noisy le Sec, en région parisienne, et maintenant Zeebrugge en Belgique. Les trains sont utilisés par les remorques chargées sur les navires d’Ekol qui partent ensuite vers le nord. Chargés à 100%, ces lignes devraient pouvoir s’améliorer en compétitivité. Olivier Carmes explique que les opérations ferroviaires, assurées par VIIA, n’utilisent pas 100% de wagons de type Modalhor. Une partie des remorques sont manutentionnées par des portiques. Pour améliorer la compétitivité des opérations intermodales du port, le port va créer une zone intermodale sur le port. L’utilisation de ces wagons spécifiques permettra d’augmenter le nombre de remorques et d’améliorer la productivité des opérations. « Nous sommes à 25% des remorques de Ekol qui utilisent les connexions ferroviaires. Nous visons l’objectif de 50% de ces remorques. » En 2018, le port de Sète a traité 22 000 remorques. L’objectif à terme est de réaliser un trafic de 30 000 remorques. Avec une liaison fluviale vers le Rhône, l’EPR Port du sud de France Sète dispose d’un potentiel de trafic fluvial. En 2018, l eport a réalisé 250 escales fluviales. « Un chiffre qui pourrait s’améliorer », note Olivier Carmes. Avec une limitation de gabarit à 1 500 t, le canal du Rhône à Sète pourrait être mieux utilisé. « Nous espérons que les travaux sur ce canal se terminent dans les prochains mois. Nous avons du trafic fluvial de vracs comme les céréales ou encore le charbon ».
Parce qu’à Sète « demain nous appartient », le port table pour 2019 sur un trafic en croissance. Le directeur général du port table sur un trafic de 4,3 Mt. L’arrivée de la seconde escale du navire d’Ekol devrait porter pleinement ses fruits au cours de l’année. Quant aux vracs solides, un nouveau trafic devrait faire son entrée sur le port au mois de juin. La direction du port ne préfère pas en dire plus aujourd’hui si ce n’est que ce trafic devrait peser 300 000 t/an. En commençant en juin, ce sont 150 000 t qui devrait arriver en plus cette année. Quant aux autres trafics, ils devraient se maintenir voire, pour certains continuer leur croissance.