Autismes et irresponsabilités
Les réseaux sociaux sont remplis de ces attaques contre le mouvement social dans les transports et dans les ports. Pour résumer les interventions de ces messages, c’est la faute des syndicats si l’économie française souffre. Une attitude un peu limitée quand on y regarde de plus près.
Il est certain qu’aujourd’hui bon nombre d’entreprises souffrent de ces mouvements sociaux. À trop rejeter la faute sur une seule partie, les commentateurs en oublient parfois l’essentiel. La réforme des retraites est devenue une nécessité dans le contexte social et financier français. Il reste que celle-ci a été bâtie sans aucune négociation. Tout au plus le gouvernement s’est contenté de réunions de concertation. Une différence notable entre les deux concepts.
Maintenant que nous atteignons le 42è jour de grève, le temps est venu de trouver une sortie rapide à ce conflit. Arrêtons de jeter de l’huile sur le feu. Face à des syndicats qualifiés d’irresponsable se dresse un gouvernement autiste. Depuis plus d’un mois Édouard Philippe rabâche à tout va que ce projet est équitable. C’est son avis et il le partage mais il semble qu’une majorité de français ne sont pas d’accord sur cette analyse.
Peu importe que nous soyons pour ou contre ce projet, nous sommes tous en faveur d’une croissance de notre économie avec un partage des gains. Avant d’inscrire ce projet de loi au Parlement pourquoi ne pas ouvrir un round de véritables négociations? Face à cette question bon nombre d’interlocuteurs estiment que l’attitude du gouvernement dans cette lutte sociale est désastreuse, qualifiant l’équipe d’Édouard Philippe d’autistes.
Les syndicats sont responsables du désordre économique mais le gouvernement et certaines organisations patronales ont aussi leur part de responsabilité dans le mal-être social général. Pas question d’attendre de trouver une issue où toutes les parties pourront sortir la tête haute. La lutte sociale a déjà fait le lit des extrémistes pour les prochaines élections. Il faut que ce dossier soit remis sur l’ouvrage sous peine d’avoir demain un pays qui entre dans une guerre civile non armée.
Si Anvers, Gênes, Barcelone où Bilbao se frottent les mains de ce conflit, cela ne date pas d’aujourd’hui. Depuis la réforme portuaire de 2008, les chargeurs éprouvent des réticences à revenir vers les ports français. Anvers s’affiche toujours comme le premier port pour les chargeurs. Barcelone étend son aura dans le sud ouest et Gênes ou Vado Ligure font de l’ombre depuis plus d’une décennie à Marseille. Ce mouvement est, pour les donneurs d’ordre, une façon de confirmer leurs options logistiques vers les ports des pays voisins. Est-ce que depuis la réforme de 2008, Haropa a réussi à refaire son retard? Tout au plus il a enregistré une croissance équivalente à ses concurrents.
L’autisme des uns et l’irresponsabilité des autres détruisent notre économie à petit feu et ce depuis bien avant le 5 décembre.