Ports

Haropa : chronique d’une débandade annoncée

Les chiffres provisoires du premier trimestre pour les trois ports constituant Haropa reflètent les conséquences des grèves du mois de janvier.

Après la publication des chiffres du port d’Anvers, ceux d’Haropa ne sont pas aussi bons. Des données provisoires qui ne prennent pas en compte les effets de la crise du Covid 19 puisqu’ils sont arrêtés à fin mars. Le confinement en France a démarré le 17 mars.
Globalement, les trois ports d’Haropa enregistrent une baisse de plus de 12% en tonnage. Anvers a terminé le premier trimestre avec une progression de 4% de son trafic global.

Conteneurs: une baisse de 23%

Une diminution de trafic qui se décline sur presque tous les secteurs économiques des ports. Les vracs liquides perdent plus de 15% sur cette période. Une diminution qui tient à une consommation moindre en carburant en raison des mouvements sociaux du début de l’année qui ont paralysé l’économie. Le roulier, les ferries et les marchandises conventionnelles dans leur ensemble chutent d’un tiers environ. Quant aux conteneurs, baromètre de la consommation, ils dégringolent de plus de 20% en unités et  en tonnage. L’analyse ne laisse aucun doute sur les raisons de cette dégringolade. Avec les mouvements sociaux du début de l’année, un nombre important de flux conteneurs se sont reportés à Anvers. Une façon pour les chargeurs français d’éviter les grèves et les journées « Ports Morts ». Anvers affiche sur les trois premiers mois de l’année une augmentation de 9,4% de son trafic conteneurisé en EVP et de 9,5% en tonnage. Pour un havrais cela doit sembler indécent. Cette diminution a surtout été marquée sur les terminaux havrais, ceux de Rouen ayant réussi à franchir le cap de ce premier trimestre avec une progression. Petite lumière dans ce tableau bien sombre, le trafic céréalier a progressé et permis au port de Rouen de conserver sa place de second port céréalier européen.

Et demain, quelle place pour Haropa?

Difficile d’attribuer ces chiffres à un effet coronavirus. D’autant plus qu’au premier trimestre, les économies européennes n’ont pas évolué de façon importante. Elles étaient toutes sur une tendance de croissance modérée. Le seul choc a été les mouvements sociaux, dont Anvers a su tirer profit. Alors qu’Anvers s’attend à un effet Covid 19 sur le second trimestre de l’année avec un tassement de sa progression, difficile de savoir le niveau plancher que Le Havre pourrait enregistrer sur cette première moitié d’année.

Port conteneurs, Le Havre s’est aussi fait une spécialité des trafics automobiles. Or, la saturation des terminaux rouliers n’est pas prête d’être résolue. L’industrie automobile ne produit plus et la consommation est à un niveau d’électrocardiogramme plat. Avant de retrouver des flux imports de voitures, il faudra pouvoir vider une partie des stocks actuellement au Havre. Une opération dont le port de Zeebrugge pourrait tirer son épingle du jeu. Depuis plus de deux ans, il est admis par toute la place portuaire havraise qu’il manque une trentaine d’hectares sur les terminaux rouliers. La saturation pourrait devenir chronique si elle n’est pas prise à bras le corps.
Quand chacun se tourne sur le déconfinement à venir en mai, il faudra trouver à Haropa sa place et s’attaquer à faire revenir sur ses quais les trafics nationaux. Selon les analystes, Anvers traiterait entre 500 000 EVP à 600 000 EVP en provenance de France. Une vision que le projet stratégique du nouvel établissement devra mettre en musique rapidement pour éviter de voir Haropa sortir du Top 100 des ports mondiaux conteneurisés.

 

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