Afrique : la Chine réduit les tarifs douaniers sur des produits agricoles
Dans la lignée de la Convention Chine-Afrique de novembre 2021, le président de la République chinoise, Xi Jinping, a décidé de réduire les droits de douane sur des produits agricoles et des minerais en provenance de neuf pays africains.
La décision du gouvernement chinois a une dimension politique mais aussi économique. La mesure a été révélée par le site de DW. En décidant de réduire les droits de douane sur de nombreux produits agricoles et de minerais, le gouvernement chinois fait un geste fort vers neuf pays d’Afrique. Pékin mène une politique active en Afrique pour défaire la dépendance africaine aux économies européennes et nord-américaines.
Neuf pays d’Afrique de l’est et de l’ouest
La décision concerne les produits originaires de la République du Centrafrique, le Tchad, Djibouti, l’Érythrée, la Guinée, le Mozambique, le Rwanda, le Soudan et le Togo. La mesure a pris effet le 1er septembre. Lors de l’annonce de cette décision, le président de la République populaire de Chine a souligné son intention de donner une nouvelle dynamique aux échanges commerciaux avec ces pays. L’objectif est d’atteindre un volume de 302 Md€ d’ici à trois ans avec ces pays. En 2020, les échanges des produits alimentaires et agricoles entre la Chine et ces pays africains s’est élevé à 161 Md$, soit 2,6% des importations chinoises.
Un bénéfice surtout pour l’économie chinoise
Le besoin chinois en matières premières n’est plus à démontrer. « La Chine est devenue dépendante des productions des minerais africains comme le cobalt et le charbon, utilisés dans la production de produits technologique. Je pense que cette mesure aidera aussi la Chine à se pourvoir en matières premières et sera pour les exportateurs africains une façon d’entrer sur le marché chinois », indique Chenshen Yen, expert de l’Afrique à l’Université nationale Chengchi de Taïwan, dans un entretien avec le site DW.
La Chine dans la région de Cabo Delgado
Au Mozambique, la Chine porte un intérêt fort pour la production gazière. La Chine s’est associée à la Corée du sud pour démarrer en 2024 la production de gaz dans la région de Cabo Delgado dans le bassin de Rovuma. La défaillance de TotalEnergies après les attaques sur le site n’est certainement pas étrangère à cette politique chinoise. Pour Joao Mosca, économiste à l’Observatoire rural et environnemental du Mozambique, « cet accord n’aura aucun effet sur l’économie du Mozambique. Les échanges entre la Chine et le Mozambique se réalisent à sens unique en faveur de la Chine. La baisse des droits douaniers n’améliorera pas le déficit du Mozambique. »
L’impact limité pour l’Afrique
Pour Harry Verhoeven, chercheur au Center on Global Energy Policy, de l’Université de Columbia, la réduction des droits de douane n’aura qu’un impact limité sur les trafics en sortie d’Afrique vers l’Asie. Rapportant les propos du chercheur, DW souligne que « dans la plupart des cas, cette mesure permettra aux entreprises chinoises d’importer des matières premières à des prix réduits. » Le bénéfice mutuel pourrait se faire sur la production agricole.
L’intérêt chinois pour le développement africain
En effet, la Chine demeure le premier importateur mondial de produits agroalimentaires et cette filière reste le premier employeur en Afrique. D’une part, une grande partie des terres arables non cultivées dans le monde se situent en Afrique. D’autre part, la Chine cherche à disposer de réserves foncières pour la production agroalimentaire. « Avec une population croissante à nourrir, une volonté politique de se développer sur l’industrie technologique et la recherche de nouveaux marchés, la Chine a un grand intérêt au développement économique de l’Afrique », souligne le site de DW.