Corridors et logistique

Total : Le projet de LNG au Mozambique déclaré en force majeure

Total a déclaré son projet gazier au Mozambique en force majeure. Pour l’African Energy Chamber, cette situation aurait pu être évitée. Des effets attendus pour les ports.

Dans un communiqué du 26 avril, Total a déclaré le projet gazier du Mozambique en force majeure. « Compte tenu de l’évolution de la situation sécuritaire dans le nord de la province du Cabo Delgado au Mozambique, Total confirme le retrait de l’ensemble du personnel du projet Mozambique LNG du site d’Afungi. Cette situation conduit Total, en tant qu’opérateur du projet Mozambique LNG, à déclarer la force majeure », indique le texte du groupe gazier français.

Une déclaration prématurée

En réponse à cette déclaration, l’African Energy Chamber (AEC) a déclaré que la mise en place de la force majeure était prématurée. « Nous sommes déçus de la décision récente de Total au Mozambique. L’African Energy Chamber reste solidaire avec le Mozambique, Total et tous les investisseurs dans l’énergie, nous pensons que cette déclaration aurait pu être évitée. Elle intervient prématurément », indique une déclaration de l’AEC.

Des effets pour les mozambicains

Pour l’organisation non gouvernementale, cette décision a des effets tant pour Total que pour la population du Mozambique. « Nous engageons toutes les parties à un dialogue avant d’arriver à la force majeure. Il faut trouver des solutions pragmatiques avant de suspendre l’activité. »

Total, une société africaine

« L’intervention de Total s’inscrit dans le droit mozambicain. Total n’est pas seulement une société internationale mais surtout une société africaine », rappelle l’AEC. Et le président de l’AEC, NJ Ayuk, souligne la place du Mozambique dans la production gazière mondiale. « Le Mozambique reste une des places les plus attractives pour produire du gaz dans le monde. Cela reste une des rares opportunités dans le monde ».

Total et le Global Terrorism Index

Le Mozambique n’est pas inscrit parmi les pays les plus touchés par le risque terroriste, selon le 2020 Global Terrorism Index. D’autres pays comme le Nigéria, le Pakistan, l’Inde, l’Irak et la Libye apparaissent dans le haut de la liste dans lesquels Total intervient. « Nous attendons de Total qu’il agisse au Mozambique comme dans ces pays », appelle l’African Energy Chamber. De plus, alors que la force majeure a été déclarée en Birmanie, Total a continué ses activités.

Ne pas donner de crédit à ces propos haineux

« Lorsque nous arrêtons des travaux, nous entretenons le discours de haine contre les projets énergétiques en Afrique. Nous donnons à ces propos « haineux » des instruments pour critiquer les efforts de bonne foi pour rendre l’Afrique meilleure pour les Africains. Ce n’est pas le moment de permettre cela. C’est le moment de prendre position, de trouver des solutions et de continuer à exploiter nos ressources », a conclu NJ Ayuk.

Des effets sur les ports de La Réunion ou Mayotte

Cette décision pourrait avoir des effets sur le monde portuaire. En premier lieu, le projet de Total représente des volumes d’exportation importants pour les installations portuaires mozambicaines. L’effet pourrait aller plus loin. La Réunion et Mayotte tentent de se placer pour devenir la base de vie logistique du site de production. Le retard du projet se répercutera sur le port choisi par le groupe Total. Enfin, il n’est pas exclus que Total décide de mettre un terme à ses productions dans les pays inscrits en haut de la liste des pays les plus touchés par le terrorisme, dans le prolongement de ce qu’avance l’AEC.