Ports

Italie: le pass sanitaire pourrait déclencher une crise portuaire entre dockers et gouvernement

Le torchon brûle entre le gouvernement italien, les dockers et les transporteurs routiers. Depuis le 15 octobre, le pass sanitaire est devenu obligatoire en entreprise. Cette mesure concerne plus de 23 millions de travailleurs dont les portuaires et les professionnels du transport.

Ce 15 octobre au matin, des manifestations et des mouvements de grève ont été organisés dans tout le pays. Mais la protestation des dockers et d’une partie des routiers qui ont croisé les bras dans les ports de Trieste, Gênes et Ancône inquiète le gouvernement de Mario Draghi en raison des retombées économiques.

Blocage à Trieste

À Trieste par exemple, le 7ème port d’Europe en termes de volume de manutention de marchandises et le premier terminal pétrolier de la Méditerranée (plus de 62 Mt ont transité l’an dernier avant d’être acheminées vers les partenaires européens de l’Italie), 40% des dockers n’a pas de pass sanitaire. Et en ce matin du 15 octobre, quelques 7000 salariés dont des nombreux dockers ont bloqué l’accès au site.

Gênes: blocage de l’autoroute

A Gênes, les manifestants ont bloqué l’accès à l’autoroute à deux voies qui permet aux poids lourds venant notamment de France, d’entrer dans le port pour décharger et charger les conteneurs. Des routiers et des dockers en colère ont également occupé l’entrée du terminal maritime pour les ferries. Une longue file de poids lourds en provenance du nord de l’Italie, ont été bloqués avant de faire marche arrière pour repartir dans l’autre sens. « Nous devrons être très attentifs lundi et mardi prochain (Les 18 et 19 octobre, ndlr) car le mouvement de protestation pourrait s’amplifier, par ailleurs 10% des 5000 routiers qui transitent chaque jour dans le port de Gênes n’ont pas de passe sanitaire, cette situation risque d’impacter le trafic et de bloquer les opérations de chargement et déchargement », a averti Paolo Emilio SIgnorini président de l’autorité portuaire génoise.

Crise des carburants et étalages vides

Selon la fédération des routiers (FIAP),  la capacité de livraison des transporteurs pourrait diminuer de moitié dès le 15 octobre. Si les dockers en colère refusent de hisser le drapeau bien sûr.  À la veille de l’introduction du pass sanitaire obligatoire en entreprise, la fédération a d’ailleurs brossé un scénario carrément catastrophique  et évoquer une crise des carburants, des étalages vides dans les supermarchés et des industries bloquées à l’échelle nationale.  « L’heure est grave, de nombreux chauffeurs n’ont pas de pass sanitaire, certains parce qu’ils refusent de se faire vacciner, d’autres parce qu’ils ont été immunisés dans des pays qui n’ont pas introduit le certificat sanitaire ou que le vaccin qui leur a été inoculé, ne fait pas partie des quatre prophylaxies autorisées par l’union européenne (Pfizer, Moderna, Vaxzevria auparavant appelé Astrazeneca, Johnson) », a expliqué     Alessandro Peron, secrétaire général de FIAP.

Le gouvernement campe sur ses positions

Les manifestants demandent au gouvernement d’introduire la gratuité des tests rapides et moléculaires qui permettent d’obtenir un pass sanitaire valable pendant 48 heures. Ils demandent aussi au gouvernement de repousser l’entrée en vigueur du pass sanitaire obligatoire au 31 octobre prochain. Soit le temps de trouver un accord sur la gratuité des tests pour les salariés qui refusent la vaccination. Mais le gouvernement de Mario Draghi a déjà fait savoir qu’il ne changera pas sa feuille de route, son objectif étant de réussir à vacciner au moins 85% de la population avant l’arrivée de l’hiver. Or, selon les derniers chiffres, seulement 73.8% des Italiens ont déjà été immunisés à deux doses. Trop peu pour l’exécutif et le Conseil scientifique qui recommandent le pass sanitaire obligatoire pour convaincre les anti-vaccinations à changer leur fusil d’épaule.

Ariel F. Dumont à Rome