Corridors et logistique

Banane : le coût de la logistique flambe

Les producteurs d’Amérique du Sud et du centre ont vu leurs coûts logistiques augmenter ces derniers mois avec l’augmentation de la surcharge BAF, du prix des cartons pour le transport. Une situation qui ne devrait pas s’améliorer avant la fin de 2024.

Depuis le passage à l’€uro, le prix du kilo de banane n’a pas augmenté. Il se négocie aux environs de 1,50€ sur les étals des supermarchés. « La banane est le seul fruit qui n’a pas augmenté depuis 2001 », assure Éric Hellot, président de Del Monte France. Le fruit oblong en provenance d’Amérique du Sud et du centre est moins cher qu’une pomme qui vient du Val de Loire.

Hausse des taux de fret

Dans le même temps, les coûts logistiques du fruit n’ont eu de cesse de grimper. L’envolée de ces coûts tient à plusieurs facteurs. D’abord, ce sont les taux de fret entre l’Amérique du Sud et du centre qui ont enregistré des hausses importantes en 2021 et 2022. À cela est venu s’ajouter l’augmentation généralisée de la surcharge BAF (Bunker Adjustment Factor, surcharge liée au prix des soutes). « En juin, nous avons subi une hausse considérable de cette surcharge de la part de tous les armateurs », rappelle le dirigeant de Del Monte France. Cette hausse s’estime aux environs de 90 centimes d’€ par carton.

Pas toujours de répercussions de cette hausse

Difficile de maintenir un prix quand le paramètre logistique vient grever les coûts de revient. Pour les producteurs le choix de répercuter cette hausse sur le prix de vente a été parfois encaissé en interne. Une augmentation qui intervient alors que les négociations annuelles avec les armateurs s’ouvrent. « Il va falloir trouver de nouveaux schémas contractuels avec les armateurs », indique Éric Hellot qui prévoit d’insérer dans les contrats avec les armateurs des pares-feux pour l’année prochaine.

Hausse des coûts de production

Parce que cette augmentation des coûts logistiques n’est pas isolée. La production connaît aussi des augmentations avec la hausse du prix des engrais, des fertilisants, le prix du carton pour le transport de la banane. Ajouté à ces différents éléments, le dérèglement climatique avec les inondations, les coups de vent et autres perturbations ont réduit la production. De plus, les producteurs se sont engagés dans une mutation en investissant dans des changements agronomiques de leur production visant, notamment, à une utilisation plus raisonnée des pesticides.

Une amélioration fin 2024

« Ces changements dans notre production coûtent cher. Nous voyons une baisse de nos rendements et de nos marges qui entraînent la disparition de certains producteurs », continue le dirigeant de Del Monte France. Des conditions économiques qui ne devraient pas se résorber au cours de l’année prochaine. « Le bout du tunnel n’est pas pour 2023. Nous devrons attendre la fin de 2024 pour voir les choses s’inverser sur les coûts logistiques. » Un rééquilibrage du rapport entre producteurs bananiers et armateurs qui pourrait intervenir avec l’arrivée de nouveaux navires, de nouveaux conteneurs et une demande qui tend à baisser.

Répercuter les coûts

Il reste que les variations du prix du baril inquiètent à court terme. De nouvelles augmentations des surcharges liées aux soutes des navires n’est pas à exclure. En affichant des résultats financiers en forte progression, les armateurs sont retournés vers les chantiers pour construire de nouveaux navires plus respectueux de l’environnement. « Même si ces navires vont consommer d’autres énergies que du fioul, leur coût élevé et l’utilisation de nouvelles énergies se répercuteront sur les taux de fret », souligne Éric Hellot. Des effets qui vont se répercuter sur le prix de la banane sur les étals. « Nous devrons appliquer les prix qui reflètent nos coûts tant du côté de la production mais aussi de la logistique. » Le prix de la banane risque de flamber dans les prochains mois.