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Bolloré Ports : la labellisation Green Terminal avance à grands pas

La labellisation Green Terminal est engagée dans les terminaux opérés par Bolloré Ports. Aujourd’hui, huit d’entre eux sont déjà labellisés. Le succès de cette initiative interne pourrait aller au-delà des concessions de l’entreprise. Dans sa démarche, Bolloré Ports est accompagné par Bureau Veritas, tiers indépendant et spécialiste des métiers des analyses en laboratoires, en inspection et en certification.

En juin 2021, Bolloré Ports a officiellement lancé le processus de labellisation environnementale de ses terminaux : Green Terminal. À l’origine de la mise en place de ce processus, la volonté de l’entreprise d’aller au-delà des exigences légales et règlementaires afin de réduire son impact sur les gaz à effet de serre.  » Trois ans plus tôt, nous avions lancé le projet MAPS qui consistait à identifier les postes émetteurs de gaz à effet de serre de chaque terminal au moyen d’une cartographie collectant les données relatives aux consommations d’énergie ; l’objectif étant d’étudier les opportunités, de dégager des pistes d’amélioration de la performance énergétique et de proposer des solutions afin de réduire l’intensité carbone de nos terminaux à conteneurs« , indique Olivier De Noray, directeur général des Ports et Terminaux de Bolloré Ports. Ce diagnostic a été établi avec le concours de la société EcoAct, partenaire expérimenté de l’ICROA (International Carbon Reduction and Offset Alliance).

Le concept de Green Terminal repose sur huit piliers :

  • La mise en œuvre d’un pilotage optimisé du système de gestion environnemental.
  • Un engagement sociétal avec les parties prenantes locales.
  • La construction d’infrastructures conformes aux normes internationales et standards de construction.
  • L’investissement dans des équipements respectueux de l’environnement.
  • Le développement de la transformation digitale dans les terminaux.
  • Une stratégie en faveur de l’économie circulaire pour la collecte et le traitement des déchets.
  • Le contrôle de l’eau et de l’air en préservant la biodiversité.
  • La formation des collaborateurs aux bonnes pratiques

Un label audité par Bureau Veritas

Au terme d’un appel d’offres auprès de cabinets de contrôle, Bureau Veritas a été retenu pour mettre en perspective la trajectoire bas carbone des terminaux portuaires. « En tant que tierce partie indépendante, Bureau Veritas est chargé de réaliser des audits à partir du standard défini par le label Green Terminal afin d’évaluer la performance des terminaux portuaires opérés par Bolloré Ports. Nous saluons cette démarche pertinente et ambitieuse qui démontre la volonté de l’entreprise de s’engager pour l’environnement et qui s’inscrit parfaitement dans l’ADN de Bureau Veritas en matière de progrès responsable», souligne Marc Roussel, senior vice-président Afrique de Bureau Veritas.

La digitalisation : un pilier essentiel de la labellisation

La digitalisation est un point essentiel du label. Elle permet d’éviter la congestion du terminal et les délais d’attente des navires. Cette congestion augmente de façon importante la facture de CO2. Avec la digitalisation des opérations du terminal, la fluidification des opérations s’accélère. « Dès lors que nous avons des process digitalisés, nous pouvons réduire les temps d’attente. En vingt ans, les terminaux ont fait beaucoup de progrès », constate Olivier de Noray.

Quantifier, mesurer et contrôler l’empreinte carbone

« Green Terminal doit permettre de quantifier, mesurer et contrôler l’empreinte carbone de chaque terminal », Olivier de Noray, directeur général Ports et Terminaux de Bolloré Ports

L’intervention de Bureau Veritas permet d’apporter au processus le savoir-faire sur les procédures de labellisation environnementale. « Notre objectif a été de nouer un partenariat avec une société qui sache véritablement contrôler et vérifier nos activités. Green Terminal doit permettre de quantifier, mesurer et contrôler l’empreinte carbone de chaque terminal. La procédure mise en place par l’opérateur portuaire et la société de contrôle obéit à un processus. Cela prend du temps de labelliser un terminal », confie Olivier de Noray.

Un processus de labellisation rigoureux

Pour chaque labellisation, un questionnaire est adressé au terminal qui fait l’objet d’audit. Il est suivi par une pré-évaluation détaillant les 250 points de contrôle explique Christian Devaux, responsable de la Direction des Contrôles Qualité & Sécurité. Vient ensuite la phase de labellisation qui dure entre quatre et cinq mois. Au cours de cette période, la direction des ports au siège social et les responsables des terminaux sur place échangent sur les différents points évalués à partir des 8 piliers du label Green Terminal.

Engins de manutention et production électrique

Le processus concerne l’ensemble des opérations du terminal. Outre les engins de manutention comme les portiques de quais, les RTG et les reachstackers, la labellisation du terminal prend aussi en compte la production électrique. « Il ne suffit pas d’avoir des engins électriques, encore faut-il pouvoir disposer d’un réseau électrique fiable et de qualité évitant ainsi d’avoir recours à nos propres centrales de production, émettrices majeures de GES », continue Olivier de Noray.

Respecter les exigences de la certification Edge

Trois éléments jouent un rôle primordial dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre sur les terminaux. Il s’agit de la construction du terminal et de ses bâtiments, l’énergie et les engins de manutention. Pour toute construction nouvelle ou rénovation de bâtiment, Bolloré Ports s’est engagé à réaliser des travaux dans le respect des exigences de la certification Edge mise en place par la Banque mondiale ce qui a permis de réduire a minima de 40 % la consommation d’énergie. La construction du terminal de Dili au Timor-Leste, de MPS au Ghana et de Côte d’Ivoire Terminal, le deuxième terminal à conteneurs du port d’Abidjan s’est fait conformément à cette certification.

Un partenariat avec le constructeur Gaussin

De plus, Bolloré Ports a mis en œuvre une stratégie d’acquisition d’engins de manutention électriques. En 2018, il a signé avec le constructeur Gaussin, un partenariat stratégique pour la fourniture d’engins de manutention électriques équipés de batteries Lithium Metal Polymère (LMP). Ainsi, en Côte d’Ivoire, l’entreprise a acquis une trentaine de tracteurs électriques pour équiper ses deux terminaux portuaires. Pour renforcer cette démarche, la société a également investi dans des RTG électriques (e RTG) à hauteur de 56 engins sur les 174 qu’elle déploie dans l’ensemble de ses terminaux. Quant aux reachstackers, sans réelle solution technique disponible sur le marché, elle les remplace par des équipements identiques mais moins polluants ou bien les remplace par des e RTG dans la mesure du possible. « Nous devons adapter nos critères en fonction des avancées technologiques des constructeurs, ajoute Olivier de Noray. Les progrès que feront ces constructeurs nous obligeront peut-être à revoir nos critères dans les prochaines années ».

Une labellisation selon le profil du terminal

Quant au processus de labellisation, il diffère selon le profil du terminal portuaire, qu’il s’agisse d’un terminal en construction ou d’un terminal en activité. Dans le premier cas, dès l’origine du projet, les différents critères du processus Green Terminal sont pris en compte. « Nous regardons l’ensemble des éléments du terminal depuis la construction des bâtiments, de la récupération des eaux pluviales, leur traitement, les engins de manutention et leur exploitation… », continue Olivier de Noray.

Évaluer l’empreinte carbone selon le réseau électrique

S’agissant des terminaux en activité, la labellisation examine les opérations et les installations existantes. « Nous prenons en compte tous les éléments. Pour les terminaux en activité, il ne suffit pas de disposer d’engins électriques mais aussi d’évaluer leur empreinte carbone en fonction du réseau électrique disponible. Dès lors que nous devons utiliser un groupe électrogène pour produire de l’énergie, la note obtenue lors de la labellisation sera fortement impactée que dans le cas où il existe un réseau électrique fiable avec un facteur énergétique faible dans le pays. », explique le directeur Ports et Terminaux de Bolloré Ports.

« Nous accompagnons l’entreprise dans ses choix d’investissements pour réduire l’empreinte carbone qu’aura le futur engin ou bâtiment », Marc Roussel, senior vice-président afrique du Bureau Veritas

L’énergie : un poste qui entre à 69 % dans la labellisation

Le poste énergie est à lui seul le plus gros émetteur de gaz à effet de serre et CO2 représentant 69 % des scopes 1 et 2 (réf : Impact Carbone / EcoAct / 2009). Si aujourd’hui les terminaux sont tous reliés aux réseaux nationaux, ils sont tributaires de leur fiabilité évitant ainsi d’avoir recours à des centrales électriques propres. Ainsi, dans un pays, quand l’électricité provient de sources ayant un facteur dégradé (fioul par exemple), les notes obtenues pour la labellisation en seront diminuées. A contrario, dans un pays comme le Ghana, qui produit une grande partie de son électricité par des barrages hydrauliques, l’électricité achetée est verte et « plombera » moins la labellisation du terminal.

Un audit réalisé sur place par Bureau Veritas

Une fois la phase de pré-évaluation réalisée et communiquée, un auditeur spécialiste des questions environnementales du Bureau Veritas audite et analyse les processus au travers des justificatifs fournis et constations sur le terrain. Cette exigence de Bolloré Ports a guidé le choix du partenariat avec Bureau Veritas. « Nous ne voulions pas travailler sur du déclaratif mais sur un audit réel réalisé sur place par un tiers indépendant », précise Olivier de Noray. Un rôle bien défini. « Notre rôle est d’intervenir pour vérifier les points. Nous ne sommes pas des experts de la logistique mais nous accompagnons l’entreprise dans ses choix d’investissements pour réduire l’empreinte carbone qu’aura le futur engin ou bâtiment », précise Marc Roussel.

Atteindre au minimum 50%

En fonction de la note obtenue lors de l’audit par Bureau Veritas, le terminal reçoit une labellisation ou se la voit refuser. Le premier niveau de labellisation est attribué dès lors que le terminal obtient une note minimale de 50 %. Selon la note finale, le terminal est labellisé avec une (65 %), deux (80 %) ou trois étoiles (90 %).

17 % de réduction des émissions de Bolloré Ports depuis 2019

 Après une année de déploiement, le label Green Terminal a été décerné à huit terminaux du groupe Bolloré sur les 18 concernés par le processus de labellisation. Outre les huit labellisés, trois terminaux sont en construction. Les sept derniers terminaux sont en cours de labellisation. « Nous avons sélectionné uniquement les terminaux maritimes à conteneurs et rouliers de Bolloré Ports », précise Christian Devaux. La procédure a fait ses premières preuves. L’idée a été avant tout de mettre en place le label. Ensuite, Bolloré Ports et Bureau Veritas ont analysé le fonctionnement de cette labellisation.

Une baisse de 17% des GES

Grâce aux différentes initiatives mises en place, les émissions de gaz à effets de serre ont diminué de 17% entre 2020 et 2021. Durant cette période de référence, l’intensité carbone relevant des scopes 1 et 2 (Voir encadré sur les scopes) sur 13 terminaux portuaires a en effet diminué de 17 % par conteneur manutentionné tandis que les volumes ont augmenté de 22 %. Ces résultats sont liés à la mise en place du plan d’actions Green Terminal, notamment l’électrification de certains équipements type eRTG et tracteurs électriques, la construction des infrastructures au standard Edge, et bien d’autres initiatives telles que le traitement des huiles usagées générées par les opérations et équipements de maintenance, en diminution de 9 % par rapport à l’année précédente, et par une meilleure collecte ayant permis de recycler 83 % de la production.

Les deux scopes comptabilisés dans l’analyse

Seules les émissions de gaz à effet de serre relevant des scopes 1 et 2 ont été comptabilisées dans le cadre de cette analyse. Pour rappel, le « scope 1 » désigne l’ensemble des émissions directement produites par les installations fixes détenues ou contrôlées par l’entité (la combustion des sources fixes et mobiles d’un terminal, par exemple, la consommation de ses engins de manutention). Le « scope 2 » fait référence à l’ensemble des émissions générées par la production d’électricité, de vapeur et de chaleur, qu’un terminal consomme dans le cadre de ses opérations. Enfin le « scope 3 » regroupe les autres émissions indirectement produites par les activités de l’organisation, non comptabilisées au « scope 2 », mais qui sont liées à la chaîne de valeur complète.

Investir pour atteindre la labellisation

La direction du groupe Bolloré est consciente que tous les terminaux n’obtiendront pas la note minimale pour obtenir une labellisation. « Cela signifie que les terminaux qui ont peu de chance d’être labellisés aujourd’hui doivent réaliser des investissements en vue d’obtenir, à plus ou moins longue échéance, une labellisation», continue Christian Devaux. De plus, outre la labellisation, l’objectif final pour tous les terminaux est d’obtenir une labellisation deux étoiles, voire trois étoiles pour les terminaux en construction.

« Cela signifie que les terminaux qui ont peu de chance d’être labellisés aujourd’hui doivent réaliser des investissements en vue d’obtenir, à plus ou moins longue échéance, une labellisation», Christian Devaux, responsable de la Direction des Contrôles Qualité & Sécurité.

Green Terminal, vecteur d’éco-responsabilité dans le secteur logistique

Le constat de cette labellisation est satisfaisant pour le groupe Bolloré. « Elle  a fait ses preuves », soulignent, de concert, Olivier de Noray et Marc Roussel. Tant du côté de Bolloré Ports que de Bureau Veritas, ce concept peut s’élargir à d’autres structures externes du groupe. Cette extension est confirmée par Olivier de Noray. « Nous ne faisons pas un label uniquement pour nos terminaux. Nous avons créé cette labellisation pour que soit mesurée et contrôlée les efforts en faveur de la réduction des gaz à effet de serre. Nous sommes ouverts à cette extension ». Et pour Bureau Veritas, l’opération d’ouverture vers l’extérieure est lancée. « Chaque fois que nous rencontrons des autorités portuaires en Afrique ou dans d’autres continents, mais aussi d’autres opérateurs de terminaux, nous leur parlons de notre action conjointe avec Bolloré », confie Marc Roussel.

Se tourner vers les terminaux de plus petite taille

Au sein du réseau de Bolloré Ports, la phase de labellisation de tous ses terminaux est engagée. « Nous devons nous occuper des terminaux de plus petite taille », confie Olivier de Noray. Une démarche qui peut présenter des choix stratégiques à réaliser. Le fonctionnement du terminal de Moroni par exemple implique l’utilisation de remorqueurs qui fonctionnent au fioul. Ne disposant pas de solutions techniques, Bolloré Ports a entrepris une démarche de compensation par des actions environnementales, comme la plantation d’arbres. Le même processus a été engagé au Timor oriental avec 10 hectares de mangrove plantées et au Ghana avec 800 arbres plantés sur la route menant au terminal.

Travailler de façon plus organisée

La labellisation Green Terminal modifie l’approche des métiers et les habitudes de travail dans les terminaux. « En premier lieu, nous n’avons pas attendu l’application de Green Terminal pour introduire des améliorations dans nos opérations. Nous le faisions déjà mais le label nous a permis de travailler de façon plus organisée. », indique Olivier de Noray. Ainsi, lorsqu’un engin de manutention est en attente entre deux opérations, le fonctionnement de la climatisation n’est plus automatique. « Sans ce label, nous l’aurions fait mais de façon moins exhaustive et moins systématique. Le label nous apporte une méthode pour ces progrès ».

Une politique de compensation carbone

Bolloré Ports s’est aussi engagé dans une politique de compensation carbone pour permettre à ses différentes entités de contribuer aux objectifs de développement durable mais aussi d’accélérer la transition bas carbone à l’échelle mondiale. Depuis 2000, la société EcoAct (l’année de référence de l’étude d’impact carbone d’EcoAct est 2019), partenaire de l’ICROA (International Carbon Reduction and Offset Alliance), l’accompagne dans le processus de compensation et de développement de projets de réduction de carbone à chaque étape de son cheminement vers des opérations à faible émission de carbone.

La mobilisation de plusieurs équipes

Concernant sa mise en application, le process de labellisation va mobiliser plusieurs équipes au fur et à mesure de la progression du terminal. En effet, sur un terminal portuaire créé ex-nihilo, les premières concernées sont celles qui interviennent sur la construction : de la conception aux premiers coups de pioche. Ensuite, voire parallèlement, les équipes achat entrent en jeu lorsqu’elles commandent auprès des constructeurs les engins. Enfin, lors de l’entrée en opération du terminal, la direction générale reprend le dossier. « Il n’existe pas un responsable Green Terminal dans chaque terminal. La direction générale et les équipes RSE surveillent les évolutions localement », indique Olivier de Noray.