Corridors et logistique

Céréales : les échanges mondiaux sont revus à la baisse

 

Dans son rapport mensuel, présenté le 12 octobre, FranceAgriMer fait état d’une baisse des échanges mondiaux de céréales. La situation en Ukraine, notamment la pérennité des corridors logistiques maritimes, pèse sur les mois de la campagne à venir.

Les trois premiers mois de la campagne céréalière, de juillet à septembre, se terminent avec des incertitudes croissantes pour le monde céréalier, ont expliqué les responsables de FranceAgriMer lors de la présentation de leur rapport mensuel le 12 octobre.

Des exportations estimées à 184 Mt

L’organisme français prévoit un volume d’exportation de 184 Mt de blé tendre pour la campagne actuelle. Un trafic en recul de 3,5% par rapport à la précédente campagne céréalière. L’Union européenne devrait demeurer dans le haut du tableau avec 33,5 Mt, soit 14,4% de plus que l’an passé. La Russie devrait conserver sa première place avec un volume d’exportation de 36,3 Mt.

Une baisse des approvisionnements chinois

Du côté des acheteurs, si l’Égypte conserve sa place de principal acheteur avec un volume estimé à 11,9 Mt, la Chine devrait, pour sa part, réduire ses approvisionnements extérieurs. Les chiffres publiés par FranceAgriMer prévoient un volume de 8,2 Mt pour le marché de l’Empire du milieu, en baisse de 15,4%. Quant à l’Ukraine, le conflit la handicape toujours pour revenir à des niveaux équivalents à ceux d’avant le conflit malgré la mise en place des corridors logistiques. Les dernières estimations tablent sur un volume d’exportation de 13 Mt, soit 31,2% de moins que la campagne précédente.

La France, premier pays des achats algériens

En France, les exportations vers les pays tiers devraient s’établir à 10,1 Mt. Celles destinées à l’Union européenne sont estimées à 7,07 Mt. Les volumes expédiés vers les pays tiers depuis la France devraient partir en majorité pour l’Algérie. La France a représenté, sur les trois premiers mois de la campagne, 20% des échanges de blé avec l’Algérie devant l’Allemagne, l’Argentine et la Bulgarie.

Baisse des volumes des orges et du maïs

La situation pour les orges est plus préoccupante. Le potentiel exportable français est estimé à 5,4 Mt dont 2,5 Mt vers les pays tiers et 2,9 Mt vers l’UE. Au global le marché français voit ses expéditions d’orge se réduire de 12% d’une campagne à l’autre. Enfin, le maïs s’inscrit dans un contexte encore plus difficile. Les mauvaises récoltes en cours placent le potentiel exportable à 3,4 Mt, soit 38% de moins d’une campagne à l’autre.

Ukraine : le maintien des corridors logistiques en question

Après un premier quart de campagne, les professionnels s’interrogent pour les prochains mois. Depuis le 24 février, les yeux se tournent vers l’Ukraine. La mise en place des corridors logistiques a créé une détente sur les prix des principales céréales. Or, ce dispositif connaît ses premiers revers avec notamment un engorgement dans les inspections des navires. De plus, la Russie menace de mettre un terme à ces corridors après des attaques dans les provinces ukrainiennes annexées. « Des opérateurs s’inquiètent de la situation et notamment sur la pérennité du dispositif », ont indiqué les responsables de FranceAgriMer.

Des négociations entre l’ONU et la Russie

Des inquiétudes que l’ONU tente de calmer en négociant avec la Russie. Elle étudie avec Moscou les conditions du maintien de ces corridors en échange de la possibilité pour la Russie d’exporter des engrais et une partie de sa production céréalière record. Il est certain que Moscow ne veut pas apparaître comme l’affameur de la planète en rompant cet accord tout en en profitant aussi. Le maintien de ces corridors logistiques et la possibilité pour la Russie de peser sur le marché pourrait réduire le prix du blé sur les marchés mondiaux et donc, détendre une situation compliquée.

La Chine continuera d’importer

Outre la situation ukrainienne, le marché céréalier constate les volumes importants des stocks chinois qui s’élèvent actuellement à 4,2 Mt. Pour Marc Zribi, directeur de l’unité grandes céréales et sucre de FranceAgriMer, le volume actuel des stocks de céréales en Chine s’explique par la nécessité pour le pays de reconstituer des réserves après les années Covid. « Les importations chinoises devraient s’atténuer cette année mais, le pays restera présent sur les marchés internationaux en important des blés, du maïs et de l’orge », a précisé Marc Zribi.

Pénurie de carburant et fret ferroviaire

La pénurie de carburants en France a des effets importants pour l’agriculture. D’une part, les machines agricoles se retrouvent parfois arrêtées pour manque de carburants. D’autre part, toute la chaîne logistique est impactée, notamment sur les acheminements vers les ports. Interrogé sur le report d’une partie de ces volumes vers le ferroviaire, le président du conseil spécialisé Grandes cultures, Benoît Piètrement s’est montré « agacé ». En premier lieu, il a indiqué que le report sur d’autres modes n’est pas significatif en raison de cette crise encore récente. Quant au ferroviaire, il a souligné que SNCF Réseau ne joue pas le jeu. « Nous avons récemment renouvelé un contrat pour une coopérative dans la Marne pour le maintien d’une ligne du réseau capillaire. Nous y réalisons chaque année environ 170 trains, soit presqu’un train par jour. Chaque année, nous devons nous battre face à SNCF Réseau pour que cette ligne demeure active. Sans elle, nous enverrons 8 000 à 10 000 camions par an sur le réseau routier. En France nous avons des lignes ferroviaires de différentes tailles et des canaux. Il faut les entretenir plutôt que de les fermer », s’est agacé le président.